L'ignoble Nobel grenoblois
Publié par Place Grenet, le 2 avril 2014 2.7k
Pour découvrir l'information scientifique locale différemment, nous vous proposons l'extrait d'un article de Place Gre'net, le premier pure player d'info grenoblois.
C’est une première. Aucun Français n’avait décroché l’Ig Nobel en psychologie, avant Laurent Bègue, chercheur au laboratoire inter-universitaire de psychologie, cognition et changement social de l’Université Pierre-Mendès France de Grenoble. Ce prix, parodiant le Nobel, décerné pour des découvertes jugées bizarres, drôles ou absurdes, vient couronner ses travaux sur l’effet placebo de l’alcool sur la perception de soi. Sa conclusion : le simple fait de croire que l’on boit de l’alcool modifie le comportement social. Mieux encore, voir une bouteille alcoolisée durant une fraction de seconde augmenterait les comportements agressifs. Rencontre avec cet étonnant chercheur.
Avec d’autres chercheurs des universités de l’Ohio et de Paris-Descartes, vous avez démontré l’effet placebo de l’alcool sur le fait de se sentir plus séduisant. On est au-delà de l’effet déshinibiteur de la consommation d’alcool…
Cette étude, réalisée sur la campus il y a cinq ans, avait pour but d’étudier les effets de l’alcool sur les comportements sociaux, dont la perception de soi. L’idée était de comprendre dans quelle mesure la substance, l’éthanol, et la croyance associée à cette substance, allait avoir de l’effet sur le fonctionnement psychologique des participants. L’expérience a montré que non seulement les personnes qui avaient bu de l’alcool se trouvaient plus attirantes mais celles qui croyaient en avoir bu également.
Comment interpréter ces résultats ?
L’interprétation la plus crédible est en terme d’influence médiatique. Parfois à notre insu, nous sommes exposés à des centaines de modèles alcoolisés dans les médias. Quand un acteur au cinéma a un verre à la main, il est plus beau et plus riche. Si cet effet placebo se produit, c’est parce que les gens associent implicitement alcool et séduction.
Par ailleurs, d’autres recherches dans mon laboratoire nous ont conduits à montrer en quoi l’exposition répétée à des marques alcoolisées a un effet sur les consommations. L’idée était de donner des éléments scientifiques aux autorités sanitaires pour éventuellement réguler la publicité sur l’alcool qui est, en France, particulièrement libérale. Dans les abri-bus, vous avez d’immenses bouteilles de whisky qui attendent les adolescents et qui ont des effets sur les consommations futures !