L’expertise scientifique et son rôle dans le partage de connaissances
Publié par Gersande Lemarchand, le 15 novembre 2018 8.3k
Le Partage de connaissance scientifique par le débat public
La science ne cesse de se diversifier et de s’enrichir de nouvelles connaissances. Des découvertes, des innovations, des explorations plus profondes des différents domaines des sciences… c’est autant de nouveaux savoirs qui nous sont offerts. Les sciences amènent de nouveaux concepts et innovations qui peuvent alors être débattus. Ces débats peuvent être le fruit de différences d’opinions et de convictions ; ils peuvent êtres suscités par une méfiance face à une innovation scientifique et ses conséquences, mais ils peuvent également résulter de la volonté d’informer, de s’impliquer et de mettre en place un partage de connaissances entre différents acteurs d’une problématique.
Le débat public permet la participation des citoyens à « l’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement ou sur l’aménagement du territoire. » (d’après la Loi du 27 février 2002, relative à la démocratie de proximité sur le site de la Commission nationale du Débat public).
Mais face à l’incertitude, aux contestations, aux controverses, aux différences de convictions, à la crainte d’être manipuler, aux diverses connaissances: comment trancher ? Comment décider ?
Une définition de l’expertise scientifique
La présence de spécialistes afin d’évaluer un sujet ou une question faisant débat permet d’amener à une prise de décision. Ce sont les connaissances de l’expert qui sont mobilisées, ainsi que ses capacités à examiner les différents paramètres du projet et les possibilités qui en découlent.
Au sujet de l’expertise scientifique : « […] c’est d’ailleurs la nécessité de produire une base minimale de connaissances partagées qui explique le recours à un tiers extérieur considéré comme étant celui qui détient une connaissance poussée et étendue du problème posé tout en ayant la capacité de l’utiliser pour formuler un jugement indépendant et objectif ». - L’expertise scientifique en société : regards communicationnels ; Jean-Luc Bouillon
La charte d’expertise du CNRS définit l’expertise comme étant un « Ensemble d’activités ayant pour objet de fournir à un client, en réponse à la question posée, une interprétation, un avis ou une recommandation aussi objectivement fondés que possible, élaborés à partir des connaissances disponibles et de démonstrations accompagnées d’un jugement professionnel. »
Enjeux de l’expertise scientifique dans le partage de connaissance
Le rôle de l’expertise scientifique, nous l’avons vu par sa définition, est de s’appuyer sur ses connaissances, afin d’analyser et de traiter des informations. Cette analyse permet à l’expert d’apporter de nouvelles informations qui sont alors partagées avec les membres impliqués dans le débat. L’expertise scientifique va permettre de mettre en exergue les risques et les avantages de la problématique à laquelle elle s’intéresse.
« L'expertise sanitaire répond aux principes d'impartialité, de transparence, de pluralité et du contradictoire » Code de la santé publique ; Art. L. 1452-1
L’indépendance et l’impartialité des experts
La méfiance à l’égard de certaines décisions ou innovations scientifiques résulte de la crainte d’être manipulés et de la présence de conflits d’intérêts. L’expert scientifique doit faire preuve d’indépendance par rapport au commanditaire de l’expertise et par rapport à ses propres intérêts personnels. Afin d’assurer l’indépendance et l’impartialité de l’expertise scientifique, le spécialiste ne dois pas être sous l’influence d’acteurs politiques ou économiques, par exemple.
Cette éthique de la part de l’expert est essentielle pour aboutir au partage de connaissances non biaisées et qui permettrons d’entamer une procédure de prise de décision.
L’expertise scientifique doit être transparente, ne pas souffrir de « mise en scène de l’expertise », où il est alors choisi ce qui est rendu public. Les délibérations entre experts doivent rester transparentes.
L’expertise scientifique peut-elle être réellement neutre et indépendante ?
En effet, la partialité de l’expert scientifique peut être inconsciente. Le débat public et l’expertise scientifique interviennent le plus souvent dans des cas de controverses et de conflits. Ce simple fait peut-il permettre à l’expert d’être réellement neutre ? Les connaissances qu’il aura amassées dans sa spécialité, ne sont-elles pas déjà révélatrices d’une prise de position ?
Bibliographie
« Entre recherche académique et expertise scientifique : des mondes de chercheurs »
« L’expertise scientifique en société : regards communicationnels »
« Indépendance et expertise : santé publique et prévention des conflits d’intérêts»
« Éthique et expertise scientifique – CNRS ; Le Comité d’éthique »