L’ESRF à taille humaine : partager la science dans un microscope géant
Publié par Marine Steinmann, le 18 décembre 2020 1.9k
Crédit photo ESRF © S. Candé
L’ESRF, autrement appelé The European Synchrotron Radiation Facility est très connu à Grenoble. Comment passer à côté d’un accélérateur de particules de 320 mètres de diamètre sans l’apercevoir ? Un complexe scientifique impressionnant au premier abord, et à la pointe de la technologie, avec une équipe de 8 communicants dynamiques et complémentaires, de part des personnalités et des parcours différents. Nous avons rencontré Delphine Chenevier, Responsable de la communication, et Yannick Lacaze, Responsable des programmes scolaires. Nous avons tout de suite remarqué une très forte cohésion d’équipe. De l’humour entre collègues, une ambiance décontractée, et surtout un challenge de taille à relever : celui de défaire l’image d’une science et d’une technique inaccessibles.
La communication numérique de l’ESRF
En Août 2020, avec la réouverture du nouveau Synchrotron, l’enjeu en termes de stratégie de communication était d’arriver à communiquer sur ces projets technologiques complexes.
Pourquoi est-ce important de communiquer ?
D. Chenevier : « Pour moi, la communication scientifique, comme dans n’importe quelle entreprise, est aussi politique. Il y a trois enjeux : montrer l’importance d’investir dans les grands équipements de recherche européen, promouvoir les publications scientifiques et partager la connaissance avec le grand public. Par exemple, on est sur toutes les plateformes des réseaux sociaux donc on s’adresse à différents publics. »
Quelle a été votre stratégie de communication pendant le confinement et à la réouverture du nouveau Synchrotron ?
D. Chenevier : « La communication numérique et les réseaux sociaux influencent tout aujourd’hui. On a ouvert un blog spécialement pour parler du nouveau Synchrotron. On a aussi fait d’autres communications pour montrer l’intérêt d’investir 150 millions sur une nouvelle machine. La création d’un #sciencescontinues a permis de montrer l'importance de la recherche faite au Synchrotron pour la société en général, la santé, l’environnement, l’énergie... »
Pouvez vous nous parler de #HumanofESRF ?
D. Chenevier : « On s’est inspiré du fameux humans of New York. C’est une campagne de communication où des photographes mettaient sur un site des portraits avec des petits extraits. Pour les 30 ans de l’ESFR, on a fait pareil, pendant plusieurs mois, avec 30 portraits, pour montrer la diversité des cultures et des parcours, qui fait la richesse de cet équipement international qu’est l’ESRF. »
Une recherche humaine avant tout
En Août 2020, le nouveau Synchrotron a rouvert, mais avec les dix-huit mois d’arrêt liés au confinement, les scientifiques n’étaient plus en mesure de se rendre sur le site. Delphine Chenevier nous explique l’enjeu qui a été de continuer à garder cette communauté ESRF vivante.
Concernant la communication interne, est-ce que vous êtes souvent en contact avec les chercheurs ?
D. Chenevier : « Oui, tous les jours, nous sommes là pour promouvoir les activités de l’ESRF, donc on est 300% en contact avec les scientifiques. Quand on fait de la communication et qu’on ne parle jamais avec les scientifiques de notre institut, on est déconnectés du réel. Comme tous les membres de mon équipe, je passe mon temps sur le terrain, et quand il y a des users qui viennent sur site on fait en sorte d’aller souvent voir une expérience, d’aller les prendre en photo, leur poser des questions. En plus on ressent l’ambiance. L’aspect humain de la communication c’est le plus important, tout communiquant doit être en contact à 100% sur le terrain. »
Et quelles sont vos méthodes pour construire un plan de communication avec eux ?
D. Chenevier : « Je ne fais pas de plan de communication. J’ai des grands axes stratégiques qui viennent soutenir la politique de développement de l’entreprise. Ensuite, c’est un travail au quotidien avec les chercheurs. Nous, quand on travaille sur un texte, on échange avec eux pour le valider et on leur montre tout ce qu’on va publier, y compris les photos, les tweets, les posts Instagram... Le plus important pour moi c’est d’arriver à leur expliquer l’impact de notre communication et toujours dans un respect complet. »
Comment se passe votre communication interne ?
D. Chenevier : « Au-delà de la newsletter, on a aussi fait en sorte d’avoir un esprit famille. L’ESRF a commencé en étant tout petit, aujourd’hui on est 700. On crée des événements qui regroupent. Par exemple, on a créé une food truck party, l’été sur les pelouses de l’ESRF et ça permet de faire tomber les barrières, tout le monde se retrouve sur la nappe de pique-nique, c’est le meilleur moyen pour avoir une bonne ambiance de travail. »
Synchrotron@School, un programme éducatif à l’image de la recherche
Yannick Lacaze a intégré l’équipe de communication de l’ESRF en 2013 et s’occupe aujourd’hui du programme Synchrotron@School, destiné à présenter le travail des chercheurs aux lycéens.
Yannick, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce programme Synchrotron@School, que vous animez à l’ESRF ?
Y. Lacaze : « Ce programme s’adresse en premier lieu aux lycéens. L’idée est d’accueillir une classe une journée entière sur le site et d’accompagner les élèves dans la réalisation de petits projets de recherche basés sur des expériences et des méthodes utilisées à l’ESRF. Après leur avoir visité et rencontré le personnel et les chercheurs, ces jeunes sont amenés à manipuler du matériel : des caméras thermiques, des lasers, des lampes U.V... Puis les élèves produisent une communication sur leurs activités. »
En quoi consiste l’activité de communication scientifique que vous leur proposez ?
Y. Lacaze : « Il s’agit de les mettre à la place des chercheurs lorsqu’ils sont amenés à présenter les résultats de leurs recherches, sous forme de conférences, article scientifique, ou poster. Ensuite, ils doivent présenter leur travail au reste de la classe. Avec ces ateliers, les élèves repartent avec une vision d’ensemble de la technicité du travail des ingénieurs. »
Comment préparez-vous les visites du site ?
Y. Lacaze : « L’idée est toujours la même : s’adapter à son public. Par exemple, avec des étudiants en physique, nous pourrons aborder des notions un peu plus poussées. Mais avec des lycéens, le niveau doit être adapté et doit permettre d’aborder les métiers de la science de manière plus générale, car cela entre dans leurs préoccupations principales liées à l’orientation professionnelle. »
Toute l’équipe de l’ESRF relève le défi en s’adaptant constamment et en s’inspirant d’outils de communication de diverses structures (scientifiques, sportives, politiques, commerciales...). A travers des techniques telles qu’une présence régulière sur les réseaux sociaux, une volonté d’impliquer les jeunes, et une réelle envie de mieux connaître et de mobiliser les chercheurs, cette équipe soudée tente chaque jour d’humaniser un peu plus la science.
Un aperçu vidéo de la communication à l”ESRF :
Article rédigé par :
Jenny Marcela Avila, Sonia Petit, Marine Steinmann et Morgane Taillandier