Journal n°1 : Grenoble INP - Ense3, UGA à la COP27

Publié par Grenoble INP - Ense3 , UGA, le 6 avril 2023   1.1k

Ce journal est le premier d'une série de 6 journaux écrits par 8 étudiants et étudiantes de Grenoble INP - Ense3 lors de leur expérience à la COP27 en novembre dernier. Ces journaux reflètent donc leur expérience mais aussi leur savoir et leurs idées.

Introduction de l'équipe !


Salut à toutes et tous, ici Sharm El Sheik, Egypt ! Dans ce premier article, nous allons vous
présenter notre délégation à la COP27, et les thèmes sur lesquels nous allons nous
pencher plus particulièrement. Nous allons aussi vous donner un bref aperçu de ce
qu’on a fait ces derniers jours.

Tout d’abord, qui sommes nous et que faisons nous ? Votre délégation est consti-
tuée de 11 membres, 8 étudiant·es, 2 personelles de l’école et 1 enseignant cher-
cheur de l’Ense3.

• Bruno, Fantin et João, en filière Mécanique et Energétique
• Clara, la chargée de communication de l’Ense3
• Émilie et Manoela, en filière Hydraulique, Ouvrage et Environnement
• Esteban, en filière Industrie de l’Energie Nucléaire
• Laurent, un chercheur en mécanique des fluides de l’Ense3
• Léa, en filière Système Énergétique et Marché
Table des matières
• Leo, en filière ASI
• Sarah, la responsable DD&RS de l’école

Présentations de quelques grands thèmes de la COP27

Égalité des genres et droits des femmes

Dans certaines régions du monde, les femmes sont particulièrement impactées par le changement climatique. Face à ce problème, certaines mettent déjà en place des solutions. Malgré ça les femmes ne sont toujours pas vraiment incluses dans les processus décisionnels et exécutifs en lien avec le changement climatique.
Aujourd’hui, des groupes s’organisent, se fédèrent et agissent pour que leurs voix soient entendues. La Women and Gender Constituency (WGC) que nous présenterons ultérieurement est un de ces groupes.

Finance

Pour atteindre les engagements faits à Paris, il faut transformer nos systèmes économiques en accordant beaucoup plus de financement pour des projets verts. La finance climatique est un sujet fortement débattu en ce moment puisque les pays, les entreprises et les sociétés civiles doivent préciser leurs plans pour la transition vers la neutralité carbone. Vous pouvez attendre de nous que l’on vous montre comment le monde investit dans des projets verts, quels domaines sont prospère et quels domaines ont besoin de plus de moyens.

Agriculture et systèmes alimentaires

La sécurité alimentaire n’est pas garantie dans une grande partie du monde et cela va empirer
à cause du réchauffement climatique. Il est donc nécessaire de remodeler complètement l’industrie agroalimentaire, notre façon de produire la nourriture mais aussi nos régimes alimentaires. C’est pourquoi c’est un thème central de la COP27 qui se déroule en Afrique, un
continent dramatiquement touché par le réchauffement climatique alors qu’il ne représente
que 3% des émissions de gaz à effet de serre mondiales.

Pertes et préjudices

Le thème des pertes et préjudices est un thème qui devient de plus en plus important. En effet, il regroupe toutes les pertes financières ou les préjudices moraux liés au dérèglement climatique. Ce thème est assez important cette année car le groupe G77, regroupant les pays les plus pauvres de la planète, est présidé par le Pakistan qui a subi des crues déplaçant plus de 30 millions de personnes, ainsi que des canicules mortelles. Aussi, le réchauffement climatique étant causé par les émissions des pays les plus riches, il sera notamment négocié que ces pays paient une partie des pertes et préjudices.

C’est quoi une COP ?


Esteban COQUEMONT
Une COP ou Conference Of Parties est le rassemblement des parties signataires d’un traité ou d’une convention. Il existe plusieurs types de COP, la plus connue étant celle sur le climat. Cette
COP Climat réunit doncles parties signataires de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement Climatique), signée à Rio en 1992 au Sommet de la Terre. Les pays se sont mis d’accord pour réunir les Parties annuellement pour trouver des solutions et des accords.


La première COP a été organisée en Allemagne en 1995 et présidée par Angela Merkel. En 1997 est ratifié le Protocole de Kyoto lors de la COP 3. Ce protocole est assez proche du protocole de Montréal visant à résorber le trou dans la couche d’ozone. 
En 2015 sont signés les Accords de Paris lors de la COP 21. Contrairement au Protocole de Kyoto, cet accord est juridiquement contraignant : les pays sont obligés juridiquement de se donner des objectifs de réduction de gaz à effet de serre mais sont totalement libres de les respecter (ou non).

Comment est organisée une COP ?

Aujourd’hui une COP ce n’est plus qu’une grande conférence réunissant les pays signataires de la CCNUCC. Elle réunit aussi les pays signataires du Protocole de Kyoto et des Accords de Paris.
Le terme COP est donc devenu un générique pour désigner la conférence qui regroupe la COP, le CMP, le CMA ainsi que le SBSTA et le SBI. Ce terme de COP généraliste devrait plutôt s’appeler
Conférence pour le Climat. La COP, le CMP et le CMA réunissent les parties signataires de la CCNUCC, du Protocole de Kyoto et de Paris respectivement. Le SBSTA et le SBI sont des organes permanents qui se réunissent deux fois par an : la première fois à la Conférence pour le Climat et la
seconde aux intersessions de Bonn en Allemagne. Ces intersessions sont essentielles pour les négociations mais ne permettent pas de conclure d’accords qui doivent être pris en Conférence pour le Climat.

Pour résumer ce qu’on appelle usuellement COP n’est pas la même chose que ce qu’on appelle COP en négociation. Ce dernier est un terme bien précis. La Conférence pour le Climat est composée de cinq organes indépendants dont deux permanents et qui aident à mettre en place des actions. Par la suite, on utilisera le terme de COP à la place de Conférence pour le Climat par souci de simplicité.


Qui vient à la COP ?

Plusieurs types de personnes viennent à la COP. La partie de la COP la plus médiatisée est le World Leader Summit qui réunit depuis maintenant plusieurs années plus de 110 chefs d’Etats. Cet évé-
nement se déroule les deux jours après la première plénière. Il est donc assez probable de croiser des chefs d’Etat ou des ministres dans les infrastructures de la COP sur cette période de temps.
Cependant, ce ne sont pas les chefs d’Etats qui négocient lors de la COP. Ce sont des négociateurs qui discutent et qui prennent la parole au nom de leur pays ou groupe de pays. Ces négociateurs ont un badge Party et sont énormément sur la zone de la COP.

La COP se voulant transparente, la CCNUCC délivre des accréditations à des personnes ou institutions pour être observateur de la COP. Ces observateurs peuvent donc assister aux side events et à certaines négociations. Ce rôle d’observateur, c’est celui que nous avons. Ilexiste neuf types d’observateurs. Nous partons en tant que RINGO (Research and Independent Non Governmental Organisation).


De quoi parle-t- on pendant la COP ?

Plusieurs thèmes sont largement abordés lors d’une COP, à la fois dans les négociations et dans
les side events. Ces thèmes sont l’Atténuation des changements climatiques, le Financement, les Pertes et Préjudices, l’Adaptation, l’Égalité des Genres, le Droits des Peuples Autochtones, l’Agriculture, la Transparence, les Transferts de Technologies ou le Bilan mondial. A noter que la
liste est non exhaustive.
Les quatre thèmes les plus importants à la fois en temps de négociation et dans les side events sont Adaptation, Atténuation, Finance et Pertes & Préjudices. Cependant certains thèmes comme l’égalité des genres et l’agriculture sont aussi très bien représentés lors de cette COP.

On fait quoi pendant la COP ?

Il y a plusieurs manières de profiter de la COP en tant qu’observateur. La première est de visiter les pavillons. Un pavillon est un espace réservé par un pays, un groupement de pays, une associa-
tion ou une entreprise. On peut y voir la vision de cette institution de la lutte (ou non) contre le dérèglement climatique.
Ces pavillons organisent des side events qui sont des conférences, des tables rondes ou des conférences de presse. Ils peuvent l’organiser soit sur leur pavillon, soit dans des salles plus grandes que les pavillons peuvent réserver pour l’occasion.
La dernière manière de profiter d’une COP est d’assister aux négociations. C’est un rôle important car les observateurs en étant présents peuvent faire pression sur les négociateurs et les parties en général pour avoir des vrais accords. Cependant, en tant qu’observateur, on ne peut pas assister à toutes les négociations. Certaines ne sont pas ouvertes aux observateurs pour aller plus vite sur certaines négociations.

Est-ce que les COP sont utiles ?

Depuis le début des COP, le modèle est décrié par certains. Les négociations sont trop lentes et n’aboutissent à rien de concret. Si on prend l’exemple de la COP 21 avec les Accords de Paris, ceux-ci ne sont véritablement que des obligations de promesse sans pour autant avoir l’obligation de les respecter. Cependant les pays peuvent aussi prendre des mesures individuellement. Ils n’ont pas besoin de COP pour mettre en place des politiques prenant en compte les enjeux socio-environnementaux.
Une COP c’est l’occasion de rencontrer des personnalités fortes et intéressantes et qui ont un point de vue complètement différents des nôtres. On peut donc avoir une table ronde avec Mia Mottley, la première Ministre de la Barbade avec des personnes du monde entier comme spectateur. Il ne faut pas attendre d’une COP qu’elle soit miraculeuse et qu’elle mette fin au dérèglement climatique. Il faut attendre d’une COP de faire en sorte que toutes les parties soient sensibilisées sur ces enjeux. Paradoxalement, c’est en attendant rien d’une COP que l’on peut pleinement la savourer.

Esteban COQUEMONT

Environnement et imaginaires


L'Ense3 a une délégation de l’école à la COP, mais c’est loin d’être le seul établissement français à en avoir une. Pour ne parler que de Grenoble, il y a aussi une délégation de GEM plus riche en chercheurs. Cette délégation nous a sollicité dans le cadre d’un de leur projet de recherche. Ils vont à la COP pour récolter des données concernant la perception des problèmes climatiques des différents groupes présents. Nous allons donc durant ces 2 semaines faire des observations et synthétiser les données afin de les aider à passer au crible un maximum de pays présents sur place.

Imaginaires et changement climatique

Le sujet de ces recherches est l’imaginaire. On analyse donc les éléments de discours présentés par les différents pays dans leurs pavillons. Les pavillons sont unlieu d’expression libre pour les pays auxquels nous avons toustes ici accès et dans lesquels de mini-conférences/tables rondes et autres petits évènements sont organisés.

L’imaginaire fait le lien entre les grandes idées et la mise en pratique. L’étudier permet de comprendre la façon d’agir de certaines personnes et organisations. L’imaginaire sert à combler les trous, à nous donner une vision cohérente et complète même quand on ne connaît ou comprend pas l’intégralité d’un problème.

Les imaginaires à propos du changement climatique se décomposent en plusieurs éléments :
• La substance est la partie la plus concrète. Composée des manières d’agir et de fonctionner
• La symbolique s’associe directement à l’idéologie véhiculée
• Les images sont créées par les deux éléments précédents. Ce sont les représentations du problème, que l’on peut observer à la COP au sain des pavillons.

Méthodologie

• On y observe d’abord les éléments visuels : posters, design du lieu, matériaux uti-
lisés, illustrations...
• Ensuite on se concentre sur les individus présents sur le pavillon, sur leur rôle dans
leurs délégations, sur leur attitude.
• Puis finalement on liste le vocabulaire utilisé dans les visuels et par les personnes
sur place.


Analyse

Une fois toutes ces observations centralisées, les chercheur.se.s de GEM pourront analyser le texte avec des outils numériques comptant l’occurrence des mots, la corrélation entre la présence de
certains mots, et d’autres données de ce genre.
Une fois ces associations et redondance analysées on pourrait tirer des conclusions quantifiées sur la perception des problèmes climatiques de différents pays et organisations.

Et ensuite ?

Faire évoluer les imaginaires est une étape cruciale et nécéssaire a la mise en place de politique efficace dans la lutte contre le changement climatique. Une volonté populaire partagée par les classes dirigeantes est ce qui fera changer nos politiques sur la question le plus en profondeur. Une fois que ces mécanismes seront mieux compris, nous serons plus armé.e.s pour faire évoluer ces imaginaires, et donc pour faire face aux problèmes climatiques.

Fantin AUVERGNE