ISORG ou comment rendre le verre et le plastique intelligents
Publié par Alexandre Peruchon, le 15 avril 2013 4.3k
Dans le cadre de son cours de journalisme en Master en communication scientifique, Alexandre Peruchon a rencontré l'ingénieur fondateur de la start-up ISORG. Où il est question de surface intelligente...
Rencontre avec Christophe Premont, design manager et fondateur de l’ISORG (Image sensor organic), une start-up du CEA de Grenoble à l’origine de "l’électronique organique imprimée".
En tant que start-up, quel est le lien que ISORG entretient avec le CEA ?
ISORG collabore avec le CEA sous la forme d’un partenariat stratégique en recherche et développement. Cet ensemble représente une activité de 50 personnes impliquées dans l’élaboration d’une ligne d’électronique organique imprimée. ISORG assure le développement industriel de produits commerciaux à partir de la technologie développée en collaboration avec le CEA. Nous produisons des surfaces intelligentes et interactives issues du verre et du plastique. Il n’est pas encore question d’une production de masse mais nous espérons avoir une portée industrielle d’ici deux ans. Pour l’instant nos clients viennent avec une idée précise comme une étagère intelligente et nous faisons du sur-mesure grâce à la flexibilité de nos matériaux.
Vous parlez de surface intelligente et d’électronique organique imprimée. De quoi s’agit-il ?
Une surface intelligente est en fait un support capable d’interagir avec son environnement. Dans notre cas, nous utilisons des capteurs optiques innovants pour créer de nouvelles interfaces homme-machine. Dans "électronique organique imprimée" on distingue deux termes. Le mot "organique" vient de l’utilisation de matériaux de la chimie organique (matériaux polymères à base de carbone) qui ont des propriétés conductrices ou semi-conductrices. Le terme "imprimé" correspond à des techniques d’impression sur grande surface comme la sérigraphie, le jet d’encre ou l’ablation laser. Pour résumer, on crée des capteurs optiques sur un support flexible en verre ou plastique en déposant des matériaux organiques par impression.
Comment fonctionnent ces nouvelles surfaces interactives ?
Le principe est simple : la matière organique utilisée est photosensible c’est-à-dire sensible à la lumière. Les photons, particules de lumière, sont perçus par ces molécules organiques et transformés en signal électrique. Le système mis en jeu est similaire à celui des panneaux photovoltaïques mais ici l’idée n’est pas de créer de l’électricité en quantité car nos rendements sont faibles. En fait, ce sont les variations d’électricité produite qui créent de l’information et qui sont digitalisées. L’appareil détecte ainsi des différences de luminosité, que ce soit la lumière ambiante ou par exemple les mouvements précis d’une main devant le capteur sans qu’il y ait un contact.
Dans quels domaines pourra-t-on trouver ces surfaces ?
Grâce à leur flexibilité, ces surfaces intelligentes auront d’innombrables usages : il suffit de laisser place à son imagination. Nous développons par exemple des capteurs de lumière pour du packaging interactif permettant de créer de nouveaux usages pour le consommateur. En médecine, les domaines d’action recouvrent l’imagerie médicale comme la détection par rayons X. Par ailleurs, la reconnaissance de mouvements en trois dimensions a du potentiel dans tous les secteurs. Dans l’électroménager, la façon dont nous utilisons quotidiennement nos appareils sera profondément modifiée. Cette technologie permettra également de créer des écrans tactiles "multitouch", des affiches interactives… Les possibilités sont telles que les applications à venir restent encore à inventer.
>> Infos : cet article a été rédigé dans le cadre du cours de journalisme de Muriel Jakobiak aux premières années de Master en communication scientifique à l'Institut de la Communiction et des Médias de l'Université Stendhal. Retrouvez "We sciences", le journal conçu par Alexandre ci-dessus.
>> Illustrations : ISORG