Inondations alpines et changement climatique - Echosciences sur RCF Isère
Publié par Echosciences Grenoble, le 13 juin 2024 200
Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry. L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !
La chronique du 13 juin par Fanny Musso, en son et en texte ci-dessous :
Sur RCF Isère, c’est l’heure de l'Écho des médias. Aujourd’hui, nous accueillons Fanny Musso, médiatrice scientifique à Territoire de sciences. Bonjour Fanny !
Bonjour Nicolas !
Alors, aujourd’hui on va parler d’un sujet d’actualité, la météo ! Plus précisément d'ailleurs du lien entre Inondations alpines et changement climatique
Effectivement Nicolas, le département de l'Isère à été placé en vigilance orange aux orages et aux inondations dimanche dernier. l’Isère en crue, les voies sur berges fermées à la circulation, et une coulée de boue à traverser la ligne SNCF Lyon Grenoble perturbant ainsi fortement la circulation des trains et on se rappel qu'en automne 2023, la France a été balayée par une succession de passages pluvieux quasiment continus, entraînant également ces mêmes conséquences.
Ce type de situation est-il vraiment exceptionnel ?
C’est exceptionnel sur le plan du cumul des précipitations et de la succession du phénomène de crues. Par exemple de mi octobre à mi décembre, Vallorcine à enregistré 80% de son cumul annuel de précipitations mais sur 2 mois seulement, un phénomène qui arrive une fois tous les 200 ans donc on peut dire que c’est exceptionnel. Autre exemple de la singularité du phénomène ; le 15 novembre on a pu relever le débit de l’Isère à 1040 m3/s et celui s’est révélé être le plus élevé depuis plus d’un siècle.
Ces phénomènes extrêmes ont-ils plus de chance de se produire à cause du changement climatique ou cela n’a aucun rapport ?
Il y a bien sûr un rapport même si les projections climatiques sont incertaines. Il existe un projet appelé Climat-Métro qui est un projet de recherche collaboratif entre Grenoble-Alpes-Métropole et l’université Grenoble-Alpes qui s'intéresse et étudie les impacts du changement climatique sur la métropole.
Dans ce cadre, la thèse en Géoscience d’Antoine Blanc a permis d’étudier la relation entre évolution du risque d’inondation et le changement climatique (lire l'article).
Que nous apprennent les travaux d’Antoine Blanc sur le phénomène observé ?
Ils montrent que les précipitations extrêmes sur les bassins versants du Drac et de l’Isère à Grenoble sont produites par des circulations atmosphériques « typiques », à vent fort en altitude et relativement stationnaires durant plusieurs jours avec des vents d’ouest à sud-ouest . Une différence notable des événements de fin 2023 est que cette stationnarité s'installe sur plusieurs semaines – c’est cette durée qui rend ces événements vraiment exceptionnels.
Or l’étude des circulations atmosphériques au cours des 70 dernières années montre une augmentation de la récurrence de ces circulations d'air d'ouest à sud-ouest en automne, apportant des masses d'air humides et douces en provenance de l'océan Atlantique.
Si la durée des précipitations fortes de mi-octobre à mi-décembre semble exceptionnelle, les circulations atmosphériques observées en cette fin 2023 semblent de plus en plus fréquentes au cours des 70 dernières années. Les projections climatiques suggèrent aussi une récurrence plus importante de ce type de flux. Dans le scénario le plus pessimiste, les précipitations extrêmes seraient quasiment deux fois plus fréquentes d’ici la fin du siècle qu’actuellement
Il faut donc s’attendre dans le futur à des crues alpines de plus en plus fréquentes?
Oui. L’enjeu des inondations a constitué une variable déterminante dans les choix d'aménagements du territoire et des travaux majeurs de sécurisation ont été menés.
Merci Fanny et pour en savoir plus les ressources sont accessibles sur le site echosciences-grenoble.fr.
Photo : Christopher Fausten (@christopher_rcf)