Innovdoc : les doctorants "vendent" leur expertise aux entreprises rhônalpines

Publié par Jean-Moïse Kobenan, le 3 juin 2013   3.5k

A l’image de Bill Gates et Marc Zuckerberg qui ont commencé leurs activités professionnelles sur les bancs des universités, ces doctorants s’engagent à mettre leurs compétences au service des entreprises. Qui sont-ils ? Quels services proposent-ils ?

Afin de préparer ses doctorants à s’insérer dans le tissu économique, l’Université de Grenoble propose des parcours optionnels dénommés Labels. Depuis décembre 2012, cinq d'entre eux sont ouverts et permettent à leurs participants de s'initier aux métiers d'industriel, de consultant, d’entrepreneur, de fonctionnaire international, ou bien sûr à la fonction d'enseignant-chercheur.

Après une formation orientée entreprise en première année de thèse, les doctorants se lancent maintenant dans des missions de prospection sur le terrain auprès des acteurs économiques. Afin de compléter leurs expertises singulières et proposer des équipes pluridisciplinaires, les Labels R2I - Recherche, Industrie, Ingénierie, et CONEX - Conseil et Expertise, se sont alliés sous la dénomination Innovdoc pour bien vendre leurs expertises, leur ouverture d’esprit mais aussi leurs approches et solutions innovantes.

Ouverture comme pluridisciplinarité et internationalisme

Ces trente doctorants, ou « experts », ont une connaissance large de différents pays pour y avoir séjourné ou en être originaire : Russie, Mali, Espagne, Allemagne, Etats-Unis, Mexique, Chine… A l’Université de Grenoble, ils travaillent dans différentes disciplines - des sciences médicales, à la biologie, en passant par génie civil, l’économie, jusqu’à l‘informatique et les nanotechnologies... Ils s’appuient chacun sur leurs réseaux professionnels, scolaires (Arts et Métiers, INSA, Polytechnique...), à l’échelle locale au sein de leur communauté scientifique mais aussi internationale et dans des milieux plus divers. Parlant tous couramment deux langues voire plus, ils proposent de réaliser chacun en trente-deux jours – autorisé par l’Université, de la veille stratégique (par exemple recenser des avancées dans des domaines précis), du conseil sur la conception de produits ou la définition de spécifications, de la R&D pour les entreprises voire des formations.

Expertise reconnue

Chacun dans son domaine, s'emploie à vendre son expertise, ce qu’il sait faire le mieux. Pour ceux qui ont déjà eu un contact avec les entreprises ou y travaillent (Léon, Mélina…), l’exercice paraît simple. Les autres ont à cœur de transformer leurs savoirs scientifiques et techniques en des savoir-faire exploitables par l’économie rhônalpine.

Ainsi, Sandy propose d’apporter son expertise sur des biotechnologies et d’utiliser son réseau : “En tant que membre du Partnership for Structural Biology, je peux aider les entreprises à trouver les personnes compétentes qui contribueront au développement de produits basés sur des technologies de pointe. Un vrai boost pour la R&D des entreprises de la région.”

Sandy Favini

Quant à Dominik, doctorant en économie sur le développement territorial, il apprécie particulièrement le travail d’équipe dans un contexte pluridisciplinaire. “Dans mes recherches, ma perspective dépasse le sujet de l’aménagement du territoire et englobe l’environnement, la géographie, la sociologie et depuis récemment l’économie spatiale. Une boite à outils importante, intégrant le qualitatif ainsi que le quantitif, me permet d’analyser ces différentes dimensions et apporter de l’aide aux décideurs locaux et régionaux.

Dominik Cremer-Schulte

Anticiper et innover à moindre coût !

Comment se démarquer de la concurrence déjà rude avec les cabinets d'expertises renommés ou les juniors entreprises ? Grâce à leurs connaissances approfondies et leur savoir-faire dans des disciplines très variées, Innovdoc propose à ses clients des équipes jeunes caractérisées par des expertises multiples, une dimension internationale, et un tarif attractif lié au statut doctoral ; des atouts de poids pour pouvoir proposer des solutions très innovantes dans le contexte économique actuel. En plus des missions auprès des entreprises, les doctorants sont les acteurs principaux de la promotion d'Innovdoc en participant au Junior Scientist & Industry Annual Meeting 2013 de Grenoble, au forum BIOTechno, ou encore aux Biotuesdays organisés par le Grand Lyon... et bien sûr en mettant en place le site web, les plaquettes, et les présentations auprès des acteurs économiques de la région. Ce fort dynamisme, qui allie sciences humaines et savoir-faire scientifique, séduit déjà les start-ups, les cabinets d’expertise et même les industriels en quête d’ouverture vers des innovations de rupture.

Avec leurs emplois du temps déjà surbookés, comment trouvent-ils le temps? Vont-ils terminer leurs thèses ? Leur motivation le traduit car participer à Innovdoc pour ces doctorants, c'est apprendre à mener de front plusieurs projets qui n'ont rien en commun, c’est également apprendre à travailler au sein d'une équipe hétérogène et nombreuse. A l’opposé de Bill Gates, en plus de leur enthousiasme et leur capacité de travail, ils utilisent les outils collaboratifs, qui seront la base des entreprises à succès de demain. Par exemple, ils l’utilisent la plateforme Drive de Google pour émettre leurs idées, planifier leurs RDV et tenir un compte rendu à l’ensemble du groupe. Ils sont aussi soutenus par leurs responsables universitaires qui évaluent et recadrent leurs missions périodiquement. Nos doctorants peuvent ainsi allier recherches scientifiques et missions auprès des acteurs économiques, pour la réussite des entreprises et collectivités de la région Rhône-Alpes... ainsi que pour leur propre épanouissement professionnel !

NB : Remerciements à Sandy Favini et aux membres d’Innovdoc

>> Illustrations : Innovdoc, Sandy Favini, Dominik Cremer-Schulte