Cette année encore, les étudiant.e.s du master CCST (Communication et Culture Scientifique et Technique) de Grenoble ont relevé le défi de “scénariser l’information scientifique” en moins d’une semaine, sous forme d’un Design Sprint. 

💡 La méthode de Design Sprint est une approche de travail collaborative et intensive, destinée à résoudre des problèmes complexes et à tester des idées en un temps très court (ici, en quatre jours). Elle combine des principes de design thinking, de prototypage et de tests utilisateurs pour transformer une idée en solution concrète et testée. 

L’objectif de ce module ? Permettre aux étudiant.e.s d’exercer leur pensée créative, consolider leurs compétences en réalisation de médias et de gestion de projet, tout en s’émancipant des barrières qui freinent souvent la créativité 🧠

Et quoi de mieux que prendre l’air pour développer notre imagination ? Bingo, ou plutôt Eurêka ! On part à Chambéry, pour découvrir où aura lieu notre projet. Les étudiants ont pour mission de scénariser et prototyper un dispositif de médiation destiné aux visiteurs de la Galerie Eurêka, Centre de Culture Scientifique Technique et Industriel (CCSTI) de Chambéry. Leur défi consiste ainsi à concilier les contraintes spécifiques à la galerie et celles du projet LABEX ITEM Géoextour, pour créer une problématique de médiation scientifique. 

Le contexte 

Le projet LABEX ITEM Géoextour, porté par le laboratoire EDYTEM, se concentre sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel dans des territoires fragiles, notamment à travers le développement des géoparcs. L'un de ses terrains de recherche se situe en Namibie, où sont étudiées les tensions entre l'exploitation des mines artisanales et la conservation des espaces protégés, tels que les sites d'art rupestre. Le projet vise à concilier ces activités en proposant des solutions de médiation pour sensibiliser le public, tout en promouvant un tourisme géologique durable respectueux des populations locales et de l'environnement 🌍

La Namibie est un grand pays d’Afrique australe. Colonisée par l’Allemagne, elle obtient son indépendance en 1990. La Namibie est mondialement connue pour sa richesse en ressources minières. Le diamant, l’uranium, le cuivre ou l’or sont des minéraux faisant partie de ses principales exportations. L’extraction minière a commencé à se développer suite à l'indépendance du pays, puis a connu un essor considérable, notamment pendant la pandémie de la Covid-19. Aujourd’hui, cette activité est la principale source de revenus financière du pays. On y trouve des mines industrielles (des grosses exploitations à technologies avancées) et des mines artisanales (mineurs indépendants ou en coopératives, travaillant souvent de manière informelle). ⛏

Jour 1 : Découverte du projet dans la Galerie Eurêka à Chambéry 



La semaine a débuté par une présentation approfondie des enjeux du projet par Mélanie Duval (USMB - CNRS), Marie Forget (USMB), Justin Missaghieh-Poncet (USMB), Hugo Quemin (USMB), Antoine Latarge (USMB), chercheurs du laboratoire Edytem et Jean-Yves Maugendre, directeur de la Galerie Eurêka. Ils nous ont expliqué les objectifs et les contraintes, à la fois scientifiques et muséographiques, afin de nous permettre de mieux comprendre les attentes. Par exemple, nous avons pu apprendre que le public de la galerie était essentiellement familial et que pour ce projet, nous devons nous adresser au public adulte. 

Après cette session, quatre équipes ont été formées. Notre team, baptisée “Les Cailloux Curieux”, est composée de cinq membres aux compétences complémentaires 🤝

• Audrey aime particulièrement la scénarisation et le storytelling 
• Leila a un esprit créatif super développé et aime les travaux manuels 
• Thibault, inventif et joueur, a de bonnes compétences en storytelling et en rédaction  
• Jeanne, la plus organisée, gère la gestion de projet au sein de l’équipe 
• Camille préfère elle les réseaux sociaux et les jolis visuels 

Chaque groupe a commencé par créer un persona, soit un visiteur type de la galerie, afin de bien cerner le public visé. Nous, on vous présente Philippe ! 👨🏾

Philippe, 41 ans, est coach sportif. Il est père de 2 enfants de 9 et 14 ans, avec qui il apprécie faire des sorties sportives et culturelles. Fan de bricolage, il aime les activités manuelles. Il vient ainsi avec sa femme et ses deux enfants à la Galerie pour s'ouvrir au monde et développer sa culture. 

Ensuite, chaque équipe a proposé une problématique autour de laquelle le dispositif de médiation pourrait s’articuler.

Jour 2 : Choix de la problématique et idéation (toujours à Chambéry)

Cette deuxième journée a été consacrée à la mise en commun des idées. Nous avons choisi une problématique commune, qui permettrait au public de la galerie d’avoir une porte d’entrée personnelle vers les travaux de recherche du laboratoire : 

👉🏼 Comment sensibiliser le public aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux de l'origine des pierres semi précieuses à travers l'exemple  des mines artisanales en Namibie ?

En parallèle, une veille sur les projets des années précédentes à été réalisée pour se rendre compte des réalisations qu’il était possible de faire en quelques jours. 

Chacun a proposé des idées de dispositif autour de cette problématique, avant de les rassembler dans un tableau excel pour sélectionner les plus prometteuses. Au final, quatre ont été retenus, et chaque groupe s’est vu attribuer l’un de ces dispositifs pour développer son prototype. Pour les Cailloux Curieux, c’est le tunnel immersif (notre favori !!😍) qui sera développé.

Nous avons ensuite commencé à travailler en équipe pour imaginer notre dispositif, avant de préparer un pitch destiné à être présenté aux commanditaires. La journée s’est terminée par une présentation des quatre projets devant l’équipe de recherche et le personnel de la galerie, suivie d’une session de questions/réponses pour nous guider 🗣

Vous pouvez suivre les aventures des 3 autres équipes en lisant leurs articles : 

👉🏼 Le jeu de société  "C'est dans la pocket"

👉🏼 Le bac de fouille 

👉🏼  L'exposition photographique 

C’est déjà la fin de notre séjour à Chambéry, nous rentrons à Grenoble pour travailler sur nos projets ! 🚞

Jour 3 : Prototypage du dispositif

Notre dispositif de médiation, le tunnel immersif, a commencé à prendre forme lors de cette journée dédiée au prototypage. 

Nous avons imaginé, dans la plus grande salle de la galerie, recréer le parcours du camp de mine à l'achat des pierres sur les marchés. Le tunnel représenterait la plus grande partie de la pièce, pour entrer en immersion dans les mines artisanales namibiennes. A l'intérieur,  une ambiance tamisée, des sons de pioche et de pierres, du matériel, des citations et des explications permettent de mieux comprendre les conditions de travail des mineurs, au-delà de l'effet "waouh". 

Nous avons donc construit une partie du tunnel en taille réelle, grâce à du matériel disponible (des duvets, cartons, tissus). Nous avons intégré une bande sonore avec les enregistrements des chercheurs, pour coller le plus possible à la réalité. Visuellement, le tunnel était sombre mais les accessoires que nous avions placés (petites pierre faites de strass, citations, cordes) étaient visibles grâce à des lampes torches. A la sortie, des craies grasses sont disponibles pour laisser sa trace sur une fresque d'art rupestre. Ce prototype permettait d’imaginer l’expérience immersive que vivrait le visiteur 👀

Parallèlement, nous avons réalisé une modélisation SketchUp de la salle entière et esquissé un plan papier détaillé.

Jour 4 : Préparation de la présentation finale 

Cette dernière journée a été consacrée aux finitions et à la préparation de la présentation finale. Nous avons ajusté les détails de notre prototype et peaufiné notre pitch, en vue de le présenter aux chercheurs, au directeur de la galerie, aux nouveaux étudiants du master et nos professeurs. 

Le tunnel immersif que nous avons conçu a été très apprécié. Il proposait une expérience à la fois visuelle, sonore et tactile, plongeant les testeurs dans un voyage au cœur des mines artisanales de Namibie et des espaces protégés qui les entourent. Le module participatif a fait son petit effet également : admirez le talent sur la photo ci-dessous !! ✍🏼 Notre dispositif visait à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et culturels de la région, tout en offrant une expérience pédagogique ludique (et impressionnante !✨). 



Conclusion

Cette (intense) semaine a permis à notre équipe de développer non seulement un dispositif sur un sujet nouveau, mais aussi de nouvelles compétences en gestion de projet, en storytelling et en prototypage. Le format de design sprint s’est révélé être un cadre idéal pour libérer notre créativité tout en répondant à notre problématique en un temps record ! 💪🏽 Du côté des commanditaires, les retours ont été très positifs : ils étaient même surpris du niveau d'avancement, au vu des quelques jours que nous avions pour réaliser nos dispositifs. 

Article rédigé par Jeanne Nurizzo, Audrey Le Borgne, Leila Dufresne, Thibault et Camille Lathuile