Il roule, il roule le Camion des Sciences
Publié par Claudine Malacour, le 23 avril 2012 4.4k
Médiatrice depuis deux ans à La Casemate, Claudine Malacour est actuellement en charge de l’étude du second Camion des sciences. Elle revient sur l’intérêt d’un dispositif mobile de médiation.
L’aventure du Camion des Sciences commence en 2005 pendant l’Année Mondiale de la Physique. Lors de cette manifestation, les animations créées autour des sciences physiques suscitent un tel enthousiasme de la part du public que le Comité régional rhônalpin de cette Année mondiale souhaite faire perdurer cet élan. Il contacte le Réseau des Centres de Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CCSTI) Rhône-Alpes et réalise avec lui un ambitieux projet. Le Camion des Sciences est né.
Depuis lors, il roule, sept années à avaler des kilomètres, visitant les coins et recoins de la région, sans relâche, cheminant de collèges en lycées. Quand enfin il s’arrête, calé, branché, sécurisé, il déploie ses extensions et se montre dans toute son ampleur. Son escale dure une semaine. Les groupes d’élèves se succèdent, découvrant ce qui les attend dans le ventre de la semi-remorque.
« La route est une mer qu'aucun rouleau n'agite
Les péages comme des îles balisent notre fuite
Dans un camion. »
« Nous boirons tout l'or noir plutôt que d'arrêter
Et passerons sans le voir dans un feu de foret
Dans un camion »
Dominique A – Dans un camion
Un fonctionnement par modules
A l’intérieur, huit modules ou ateliers d’expérience, sont à disposition, se déclinant sur le thème « La physique fait du sport ». Huit sports servent donc de prétexte pour mettre en avant les phénomènes physiques intimement liés à la pratique d’une activité sportive. Le football, le cyclisme, le ski, le canoë-kayak, le rallye, le saut à la perche, la spéléologie et la navigation ouvrent des champs d’expérimentation, d’observations, de réflexions et de discussions.
Chaque module fonctionne sur le même principe. Sur l’écran de l’ordinateur, un personnage - un animateur virtuel – présente le dispositif expérimental et propose un défi à résoudre. Il faut par exemple, comprendre le phénomène de combustion dans un moteur de voiture pour ensuite économiser du carburant ou encore disposer des plots et des obstacles sur une maquette d’un stade d’eau vive afin de créer un contre-courant. Une fois les consignes dispensées, l’expérimentation commence.
De l’utilité du Camion des Sciences
Le véritable enseignement du Camion des sciences n’est pas forcément celui qu’on croit. Les notions abordées ne sont pas nécessairement à retenir et peu importe si les jeunes réalisent qu’ils s’initient à la « mécanique des fluides » par exemple. Le véritable enjeu est dans la découverte et l’ouverture que peut apporter une visite du Camion. L’expérience et la démarche scientifique sont les clés de la visite ; c’est en touchant, en manipulant, en faisant soi-même que les esprits s’ouvrent. Quoi de plus formateur que de se poser des questions, de tester, voire même d’échouer pour enfin arriver à la solution ? La curiosité et l’initiative sont encouragées : « il faut essayer » est le maître mot.
Répartis en petit groupe sur les différents modules, les visiteurs ont la possibilité d’échanger leurs hypothèses ; il faut donc être capable d’écouter les avis des uns et des autres et d’argumenter en faveur de la théorie proposée… ou contre elle. Une situation qui n’est pas évidente pour tout le monde mais qui participe à l’apprentissage de la citoyenneté. Bien que l’autonomie soit de mise la majeure partie du temps, la médiatrice ou le médiateur reste toujours à l’écoute des visiteurs. A la fin de chaque module, elle ou il prend un temps de restitution avec chaque groupe. Le but ? Permettre de verbaliser, d’expliquer les phénomènes observés. C’est souvent ces quelques précieuses minutes qui permettent d’intégrer véritablement les tenants et aboutissants de l’expérience réalisée. Le médiateur est le garant du bon déroulement de la séance.
Après une heure de manipulation vient le temps du bilan. On revient sur les expériences réalisées mais surtout sur la place de la science dans le quotidien. Un constat est alors vite fait : « En fait, de la physique, il y en a partout ! ». Avant de descendre du Camion, un regret est souvent exprimé : « On n’a pas eu le temps de tout faire ! » (voir le Livre d'Or du Camion). Mais la frustration n’est-elle pas un bon moteur pour continuer à chercher par soi-même, à questionner ?
Et la suite ?
Une si belle initiative ne pouvait pas disparaitre. La bonne nouvelle ? Un second Camion est actuellement en cours d’étude, avec pour thème « L’agriculture et l’alimentation ». L’idée est de mettre un coup de projecteur sur cette thématique peu explorée, presque ignorée et pourtant si centrale dans notre quotidien. Un thème qui allie questions scientifiques et problématiques sociétales, partant du constat suivant : en 2050, 9 milliards d’êtres humains peupleront la planète. Quelles solutions trouverons-nous pour nourrir la population de demain ? Plus qu’un défi scientifique, c’est réellement un choix de société qu’il nous faudra faire.
>> Les prochains rendez-vous du Camion en Isère : la semaine du 14 au 19 mai à Montalieu-Vercieu au collège les Pierres Plantes, la semaine du 21 au 25 mai à Seyssuel au collège Grange, la semaine du 18 au 23 juin à St Marcellin au collège le Savouret et pour la fête de la science à Pontcharra, la semaine du 8 au 13 octobre au lycée Pierre-du-Terrail.
>> Illustrations : Utopik pour Le Camion des sciences