Humour et partage des sciences sur Youtube

Publié par Hugo Klein, le 21 avril 2020   3.3k

Aujourd’hui la science est devenue un domaine connu de tous et toutes. Mais est-il compris par tout le monde ? On pense qu’il nécessite un certain niveau de connaissances mais pour apporter des clés de compréhension, différentes approches sont possibles. L’approche humoristique peut-elle servir le propos ?  C’est ce que s’essayent à faire humoristes et youtubers qui tentent de vulgariser les sciences afin de permettre au public de mieux les comprendre en choisissant l’humour comme mode de narration.

Nous avons choisi de revenir sur certaines personnalités (principalement des youtubers) qui, de différentes manières, arrivent à attirer l’attention de milliers (voire de millions) de personnes tout en parlant de sciences de manière divertissante et attractive.

 

Trash, un groupe de youtubers engagés dans la science                 

La chaîne compte au total 1,78 millions d’abonné.e.s et a commencé à publier des vidéos en 2015. Trash a été créée par 3 personnes : Ico (un youtuber mais aussi un professeur), Bronol (un youtuber mais aussi un étudiant) et Neoxys (un webmaster considéré comme son principal créateur). Cette chaîne Youtube est considérée comme la plus grande chaîne communautaire encyclopédique de pop-culture francophone.

Plusieurs sujets scientifiques sont abordés comme par exemple l’espace, les insectes, les catastrophes naturelles ou encore les animaux ainsi que la culture pop.

La chaîne s’adresse à un public relativement jeune. Les vidéos ne durent pas plus de 20 minutes. Nous y retrouvons beaucoup de visuels, le style “Cartoon” est mis en avant afin de permettre au public d’avoir une certaine proximité avec le sujet scientifique abordé.

Beaucoup d’images et de statistiques sont utilisées ainsi qu’un vocabulaire simple. Les youtubers prennent le temps d’expliquer de manière détaillée les différents points du sujet.

Du fait du grand nombre de vidéastes qui composaient l’équipe de Trash et du grand nombre de vidéos mises en ligne et d’abonné.e.s, Trash arrive donc à s’imposer parmi les plus grandes chaînes Youtube de vulgarisation.

 Poisson Fécond et le concept des 360 secondes       

 La chaîne compte actuellement 2,25 millions d’abonné.e.s et publie au rythme de 1 à 2 vidéos par semaine (selon le format de la vidéo). Un personnage de dessin animé, nommé Gustave, est utilisé pour les expériences concernant le corps humain comme par exemple lors de la vidéo “1 jour la tête en bas: ça fait quoi?”. Un petit timer est visible dans certaines vidéos comme pour les vidéos expériences ou les vidéos intitulées “360s” que ce soit pour démontrer le temps qui s’est écoulé entre les différents plans avec le cobaye ou pour démontrer son argumentation en un temps limité. Outre ses vidéos scientifiques, la chaîne parle également d’économie, d’anthropologie, avec sa vidéo sur les rites mortuaires à travers le monde par exemple. On y retrouve également des reportages sur des personnalités scientifiques tel que Daniel Tammet, un écrivain (chez qui on a diagnostiqué un syndrome d’Asperger) qui a récité 22 514 décimales de Pi et appris l’islandais en moins d’une semaine. On peut aussi y découvrir des présentations de personnalités historiques peu connues du grand public comme Olaf Tryggvason.

L’équipe de la chaîne a créé la Khundar en 2015, il s’agit d’une société créant des jeux vidéo tels que “Starlight runner” ou encore “Necropalace” sur mobile.

Poisson Fécond est donc un vulgarisateur qui arrive à expliquer la science de manière simple et concise en 360 secondes, ce qui a fait de lui une référence importante parmi les youtubers vulgarisateurs français.

 

Doc Seven et le top 7     

Il est né et a vécu pendant 16 ans en Guyane Française. Sa chaîne compte actuellement 2,02 millions d’abonné.e.s et le vidéaste publie plusieurs vidéos par semaine (2-3 vidéos). Il s’agit ici d’une chaîne éducative où l’on apprend sur l’histoire, la géographie, les arts, les sciences et la nature. William Van de Walle, dit Doc Seven, narre ses vidéos par des top 7, c’est à dire : présenter un sujet avec 7 exemples (exemple :  7 Créatures mythologiques grecques).

Au-delà des top 7, Doc Seven réalise aussi des reportages. Ce dernier a réalisé le 25 octobre 2017 un reportage au cœur de la forêt amazonienne. En général ses vidéos ne durent pas plus de 20 minutes et pour ce qui est de la forme, elles sont montées de la même manière que les vidéos de Trash (style cartoon, beaucoup d’images avec des statistiques etc….). Doc Seven utilise un vocabulaire assez simple à comprendre, il arrive à s’adapter au niveau de connaissances de ses abonné.e.s.

Tout comme Poisson Fécond, cette personnalité est devenue une figure importante de la vulgarisation scientifique en France et a donc réussi à rendre accessible la science de manière divertissante et simple.

Dirtybiology et les épisodes DBY       

Léo Grasset, dit Dirtybiology, est un vidéaste scientifique français connu depuis 2014. Sa chaîne compte actuellement 963 000 abonné.e.s et des vidéos y sont publiées assez régulièrement (1 à 2 vidéos par mois). Les épisodes DBY (les épisodes classiques de la chaîne) forment le principal format de vidéos de la chaîne. Au total 67 épisodes ont été publiées. Dirtybiology y aborde divers sujets : l’évolution humaine, les origines du monde, la surpopulation, le réchauffement climatique, les vaccins ou encore des théories sur l'évolution à venir.

Dans la plupart de ses vidéos, Dirtybiology utilise très souvent l’humour pour permettre aux gens de s’intéresser au sujet abordé et donc d’assurer une compréhension plus facile de celui-ci.

Son objectif est d’expliquer, à partir de phénomènes et de faits réels, des concepts scientifiques que le grand public ne connaît pas forcément. Le dernier sujet abordé par le vidéaste est le coronavirus. Dirtybiology réalise aussi des documentaires. Ce dernier a publié le 8 février 2016 sur Youtube un reportage qu’il a réalisé dans les îles de la Sonde durant lequel il explique pourquoi certains pays sont riches et d’autres sont pauvres. Le 14 avril 2019, Dirtybiology a même réalisé un documentaire en Centrafrique en collaboration avec le média français Brut. La guerre civile est le principal sujet de la vidéo publiée sur la chaîne Youtube du média Brut.

Dirtybiology est donc un vulgarisateur scientifique engagé qui a la volonté de faire connaître au plus grand nombre de personnes la science tout en la rendant facile à comprendre.      


Max Bird et les idées reçues       

 Max Bird est un vidéaste, humoriste et vulgarisateur français connu depuis 2016. Sa chaîne Youtube compte actuellement 683 000 abonné.e.s.

Ses vidéos ont pour vocation de démonter les idées reçues présentes dans notre culture en faisant référence à des études concrètes.

Passionné par les oiseaux, il réalise également des reportages dans différents pays dont la Tanzanie ainsi que la Guyane française où il a vécu une partie de son adolescence. Max Bird n’est pas que Youtuber, il monte aussi sur scène en tant qu’humoriste pour présenter son “encyclo-spectacle”.

Il présente l’émission “C’est toujours pas sorcier” sur la plateforme de vidéos à la demande Okoo en partenariat avec France Télévision.


Conclusion

C’est donc grâce aux vidéastes et vulgarisateurs français que la science se diffuse sur Youtube. La vulgarisation scientifique occupe de plus en plus une place importante sur Youtube. À la différence des revues scientifiques, Youtube est connu de tous et toutes, et cela explique pourquoi les sujets scientifiques atteignent plus facilement le grand public. Nous avons vu seulement cinq youtubers vulgarisateurs mais il faut savoir qu’il y en a évidemment beaucoup d’autres.

De différentes manières, à la fois divertissantes et humoristiques, ces vidéastes arrivent à rendre la science accessible à tout le monde même s’il n’est pas nécessaire d’avoir au préalable des connaissances particulières.

Youtube est devenu une occasion pour les youtubeurs d’avoir de la reconnaissance et d’augmenter leur côte de popularité. De ce fait ils arrivent plus facilement à transmettre la culture scientifique au grand public. C’est pourquoi certaines institutions de CSTI y ont trouvé une opportunité pour augmenter la portée de la culture scientifique : collaborer avec les youtubeurs. Ceci est bénéfique professionnellement pour tout le monde, le but étant de renforcer la médiation scientifique. Aujourd’hui la culture scientifique occupe une place importante dans les centres d’intérêt des utilisateurs de Youtube, l’objectif principal des vulgarisateurs scientifiques a donc été atteint.


Un article rédigé par KLEIN H, GIRARD J, DUPONT E et GRONFIER S.

 

Quelques références :

https://theconversation.com/youtubeurs-et-institutions-de-nouveaux-formats-pour-lamediation-scientifique-107587 (article sur les youtubeurs vulgarisateurs)

 

https://www.youtube.com/channel/UCfGfdZuYifBYb1fmZcL1JBQ (lien de la chaîne de Trash)

 

 https://www.youtube.com/channel/UC5Twj1Axp_-9HLsZ5o_cEQQ (lien de la chaîne de Doc Seven)

 

https://www.youtube.com/channel/UCtqICqGbPSbTN09K1_7VZ3Q (lien de la chaîne de Dirtybiology)

 

https://www.youtube.com/channel/UC-4WUubuVGowG_R7gdgesPA/videos (lien de la chaîne de Max Bird)

 

https://www.youtube.com/user/PoissonFecond/videos (lien de la chaîne de Poisson Fécond)