Grenoble : vers une diversification économique ?
Publié par David Gabriel, le 30 juin 2016 2.3k
Ci-dessous une première lecture critique des propositions concernant l'économie dans la nouvelle politique urbaine de Grenoble énoncée dans le Plan d'Aménagement et de développement durable (PADD).L'objectif de ce premier texte est de susciter un débat : n'hésitez pas à formuler d'autres critiques du document ou d'autres propositions en envoyant un émail à : asso.planning(a)gresille.org
Plan d'Aménagement et de Développement Durable : Vers une diversification économique?
Du point de vue économique, le PADD prend acte des conséquences négatives de la spécialisation du territoire (pour plus de précision voir l'analyse de Magali Talandier dans les études POPSU2). Les auteurs proposent donc d'agir dans deux directions : d'une part s'appuyer sur les ressources du territoire pour une diversification économique, par exemple dans le domaine de la ville durable et dans le secteur du tourisme, et d'autre part, de continuer une politique d'attractivité à travers des mesures de réservation foncière à destination des entreprises.
La reconnaissance des limites de la spécialisation de Grenoble est en effet une occasion pour faire émerger une nouvelle géographie économique. Quels sont les atouts du territoire ? Quelles sont les mutations en cours, sur quels espaces ? Comment engager une transformation économique respectueuse des hommes et de l'environnement ? Quels sont les espaces économiques et d'emplois pour demain ? Ajoutons : comment lutter concrètement contre le capitalisme et les multinationales ?
Si les politiques urbaines traditionnelles (zonage...) se poursuivent, l'avenir du développement économique sera localisé dans les territoires métropolitains. En effet, les cycles de développement des entreprises capitalistes nécessitent une extension perpétuelle vers de nouveaux espaces laissant derrière elles des friches et sols pollués qui sont à la charge des collectivités. De fait, il n'est pas certain que continuer à sanctuariser du foncier à Grenoble pour les entreprises soit la meilleure stratégie, même si cela rapporte impôts locaux et emplois. Avant d'envisager de réserver les derniers espaces stratégiques situés dans les quartiers intermédiaires (Flaubert...) ou dans les friches tertiaires du Sud (Allibert...), commençons par poser la question de l'avenir des friches tertiaire à Villeneuve et, sur le territoire métropolitain, de la dé-pollution des sols du secteur de la chimie à Pont-de-Claix et Jarrie.
Quelles sont les alternatives dans un contexte de contrainte foncière ? La mutation technologique permet d'envisager une nouvelle géographie économique avec des nouveaux centres de production, de recherche ou de services, plus petits, disséminés dans les quartiers. Au lieu de se cantonner au modèle des parcs d'entreprises, pourquoi ne pas créer des « ZIRST diffuses et populaires », à l'échelle de Grenoble, qui ne serait pas réservées aux cadres supérieurs ? De tel « tiers lieux » pourraient favoriser la diffusion de savoirs libres et de connaissances dans l'objectif de créer des pépinières d'entreprises coopératives œuvrant à la transformation écologique et sociale de notre économie. Imaginons une « contre-stratégie de Lisbonne » qui ne soit pas basée sur la logique de la compétitivité mais qui fasse le pari de la coopération et du développement local. Ainsi, au lieu de renforcer les investissements autour de la presqu'île, de la dite « Innovallée » ou du campus, il s'agirait de créer une nouvelle géographie économique dans toute la ville, au service de l'emploi de tous les habitants.
Certes, le PADD propose une diversification économique, le renforcement de la mixité des fonctions, la création de pépinières d'entreprises, le développement des entreprises du domaine de l’Économie Sociale et Solidaire mais n'évoque pas une rupture claire avec les politiques d'attractivité et le capitalisme. Pour faire émerger la ville de demain, nous avons pourtant besoin d'une réelle transition économique. Il faut contraindre les entreprises à s'adapter si elles veulent continuer à avoir accès au capital humain, utiliser l'infrastructure urbaine, profiter des économies d'échelles et des externalités positives.
Le troisième objectif vise à soutenir le commerce de proximité et à mettre en place d'un centre de distribution urbaine, en partenariat avec le SMTC. Il nous semble aller dans le bon sens.
Consulter le document de la ville (PADD) : http://www.calameo.com/read/004190376e7d7feb44a10
Critique des autres axes du document : http://assoplanning.org/?q=node/95