Grenoble désormais moins inondable ?
Publié par Jean-Pierre Charre, le 2 juillet 2021 1.9k
Grenoble est l’une des rares métropoles, peut-être la seule, à avoir quatre "chances" d’être inondée : par ses rivières, le Drac et l’Isère, par les cours d’eau venant de Belledonne (le Sonnant), des plateaux (le Verderet), et par les "crues de nappe" (des remontées de la nappe phréatique).
Ces risques ont entraîné des aménagements qui les ont réduits et celui de l’Isère vient d’être largement diminué. Le retour d’une crue comme celle du 2 novembre 1859, la dernière ayant submergé la ville, estimée à 2 000 m3/seconde, serait aujourd’hui mieux contrôlée.
La crue de 1859
Depuis 2009, le SYndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l’Isère (SYMBHI), a conduit en amont de Grenoble, jusqu’à la limite du département, des aménagements visant à redonner « une vie contrôlée » aux débordements de la rivière, plutôt qu’à chercher à contenir coûte que coûte les eaux entre les digues.
La protection est assurée par des Champs d’Inondations Contrôlés (CIC), qui consistent, en calibrant finement la hauteur des digues, à dévier le surplus d’eau vers des zones agricoles, des espaces naturels, et, ainsi, à écrêter le pic de crue. Seize CIC, pouvant stocker 35 millions de m3, préservent Grenoble et ses environs contre les grandes crues de périodes de retour décennale, trentennale ou bi-centennale.
Parallèlement, des aménagements ont été effectués dans la rivière, sur les berges et dans la plaine. Dans la rivière, les travaux ont consisté en calibrage du lit (arasement des bancs), afin de permettre le passage d’une crue trentennale, au-dessus de laquelle s’enclenche le déversement vers les CIC. Sur les berges, les travaux ont consisté à conforter les digues (insertion de palplanches), à remanier leurs revêtements, afin de permettre la circulation des modes doux.
Dans la plaine, l’effacement des digues a permis de reconstituer des « forêts alluviales », inondées lors des faibles crues. De même, les plans d’eau, créés par l’extraction de matériaux, sont désormais intégrés à la lutte contre les inondations. Complétés par d’importantes replantations, les travaux contribuent aussi à rétablir la continuité des corridors biologiques, tout en assurant la protection des infrastructures comme la voie ferrée ou l’autoroute. Au total, des aménagements innovants à plus d’un titre qui témoignent d’un fort engagement public en matière de sécurité et de qualité environnementale.
Visite de la fin du chantier Isère amont (30 mars 2021)
Jean-Pierre Charre, Denis Coeur
Crédit photo principale : © Alain FISCHER 2015 - Ville de Grenoble