Forêt Résiliente – Installations de sculptures interactives
Publié par Benjamin Just, le 7 janvier 2021 2.1k
Le projet
Forêt résiliente est une installation de sculptures interactives portant un regard sur la déforestation mondiale à travers une représentation de la forêt française. Cette installation immersive est un monde à part entière. Par un travail de sculpture, de programmation, de mécanismes et de moteurs, cette œuvre donne à voir des rondelles de bois ondulant et prenant vie au rythme de la déforestation mondiale. Entre fiction et réalité, le spectateur ne sait plus ce qui est naturel et ce qui ne l’est pas. L’aspect artificiel de la forêt se dessine à travers la scénographie tandis que l’aspect naturel naît de la cinématique des pièces de bois.
Le propos
Cette installation artistique immersive questionne nos techniques sylvicoles mais aussi nos modes de consommation et leurs marchés parallèles. Ce travail prend appui sur de nombreuses recherches scientifiques, ethnographiques, sociologiques et économiques autour de la filière bois, de sa provenance à son impact écologique. L’enjeu est bien là, de parler de la matière, de sa vitalité et de sa beauté, tout en appuyant là où cela fait mal, là où rien ne change et nous restons sur nos mêmes modèles et où la déforestation mondiale progresse sans même sembler être liée à notre mode de vie de tous les jours.
L'arbre et l’écologie humaine
Ces questionnements artistiques s'inscrivent en résonance des réflexions actuelles autour de l'écologie, de la provenance des matières et de leur transformation en énergie. Je ne parle pas d'énergie fossile, de pétrole, etc… mais de la matière ligneuse ; celle qui par sa transformation devient l'énergie de l'homme par le chauffage et la matière première d’un travail. De fait, ma démarche artistique est connectée à des valeurs environnementales. Cette représentation artistique, nous parle d'un changement en cours où la matière réalise des allers-retours entre local et mondial...
Les data
Dans le projet, les données open source de la déforestation mondiale sont analysées. A travers l’application « Global Forest Watch » (travaux de recherches menées par World Ressources Institute, la Nasa, l’université du Maryland et Google), les data rentrent en résonance avec les sculptures de bois issues de prélèvements d'arbres locaux. Les images satellites et données open source deviennent le rythme de l'installation artistique.
Composition de l’installation
L’œuvre se compose de 20 disques de bois disposés au sol sur de petits supports. D’essences et de diamètres différents (Sapin pectiné, mélèze, doublas, épicéa, cèdre, frêne, hêtre, chêne, érable, noyer, etc), chaque pièce de bois provient d’une parcelle différente de la forêt française. Elles sont collectées sur des coupes forestières et témoignent de la diversité sylvicole française. Les rondelles sont ensuite découpées minutieusement en suivant les cernes de l’arbre (technique de marqueterie). Puis la pièce est motorisée. A chaque sculpture est associé un projecteur. Celui-ci l’éclaire lorsqu’elle est active, puis s’éteint. Un dispositif de 10 enceintes est réparti autour de la salle. La profondeur immersive de l’œuvre sera donnée par sa mise en lumière et sa création sonore spatialisée. Cette installation de sculpture est rendue interactive par sa liaison aux données de la déforestation mondiale. Un écran (en annexe de l’installation) exhibe un motif de pixels. Le lent défilement de l’image force le caractère contemplatif de celle-ci. Ce motif est en fait la transcription des données satellites de la déforestation au Brésil, Congo, Paraguay, etc... Chaque pixel de couleur est un ensemble d’arbres disparues au profit de la culture d’huile de palme, de soja… ou pour la valeur marchande de son bois. Un programme informatique analyse les données en temps réel, et transpose ces informations en animation. A chaque observation de la déforestation, les pièces de bois se mettent en mouvement accompagné d’une diffusion sonore (générée en temps réel) et de l’éclairage de « la scène de crime ». L’œuvre évolue sans cesse.
Vidéo pour une idée du mouvement :
Résidence à La Casemate
Ces 6 mois de résidence à la Casemate sont l’occasion de prototyper et perfectionner la réalisation des sculptures en mouvement. Entre recherche autour des matériaux, impression 3D des organes cinétiques, support des pièces, mais aussi programmation arduino des mouvements des pièces, électronique, moteurs et capteurs, ce temps d’expérimentation au Fablab me permet de répondre au mieux aux exigences de cette installation.
Ce projet bénéficie du soutien de la Maison de la Tour, la DRAC, le CNRS de Marseille (Plateforme son), la HEAR Strasbourg et la Casemate.
©Benjamin JUST