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Faudra-t-il bientôt acheter un antivirus pour notre cerveau ?

Publié par Flavien Etheve, le 9 décembre 2019   4.4k

Crédit photo : Alex Iby

Avant de me lancer dans un master de communication scientifique, j’ai survécu à deux années de licence (L1 et L2) en biologie. Si j’écris une chronique aujourd’hui, c’est que j’ai fini par les valider et je me dis que je n’aurais peut-être pas autant galéré si j’étais né 30 ans plus tard. En licence de biologie, le « par cœur » est de rigueur ! Bien que cette formation soit parfois assimilée à un parcours de médecine light, il est demandé aux étudiants de retenir énormément d’informations dans des domaines très variés. Cela va des protéines actives lors du développement embryonnaire de la mouche aux fonctions des récepteurs de glucose des cellules cancéreuses, en passant par l’arbre phylogénétique de l’écrevisse. Je ne vous raconte pas le nombre de fois où j’ai rêvé de pouvoir enregistrer toutes ces informations sur une puce puis de me l’implanter dans le cerveau !

 

Dans quelques années, la forme des études supérieures sera pourtant bien obligée d’évoluer. En effet, l’agence américaine DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) travaille sur un projet de restauration de la mémoire chez les militaires atteints de lésions cérébrales traumatiques. L’objectif est de développer un implant cérébral sans fil. Les équipes de recherche orientent leurs études vers le décodage des signaux neuronaux pour que l’implant puisse stimuler le cerveau de façon précise afin de restaurer la zone blessée. Evidemment, l’innovation ne s’arrêtera pas aux soldats souffrants de lésions. Un programme parallèle vise à développer l’efficacité militaire afin de booster les performances et les compétences des membres de l’armée en bonne santé. Bien qu’il s’agisse d’une technologie destinée à la Défense, il n’est pas impossible de la retrouver un jour dans nos têtes ! L’Education Nationale sera, j’imagine, alors obligée d’évaluer l’esprit critique des jeunes plutôt que leur bachotage.

Et si jamais une des questions du partiel porte sur un sujet qui n’est pas dans le cours ? Pas de panique, il suffit d’aller chercher les réponses sur Wikipédia ! Si je vous disais que des travaux de la Wits University à Johannesburg portent sur un moyen de connecter notre cerveau à Internet ? Le projet s’appelle Brainternet et les chercheurs ont réussi à connecter les signaux électriques d’un cerveau humain à un ordinateur, et à les retransmettre sur le web. Cette technologie, en plus de nous sauver lors d’un examen, pourrait avoir des applications médicales révolutionnaires : rendre valides des personnes paralysées ou amputées, soigner certaines maladies et même établir une communication entre l’Homme et la machine. Je me permets alors de vous donner un conseil 50 ans en avance : pensez à investir dans des antivirus !

Pour terminer ce survol de technologies qui toucheront à notre cerveau, j’aimerais évoquer une dernière innovation. Quand on aura vécu une vie connectée et remplie de connaissances, que deviendra ce savoir à notre mort ? Hé bien ce n’est pas pour me vanter mais Elon Musk s’est sans doute posé la même question que moi ! Son entreprise Neuralink travaille sur une puce capable de télécharger notre esprit. J’imagine déjà le cimetière du futur dans lequel toutes les tombes seront accompagnées d’un ordinateur grâce auquel nous pourrons accéder à la mémoire de nos défunts.

 

Alors bien sûr, cette chronique m’amène à me poser plein de questions ! Si tout le monde aura accès à la connaissance, comment ferons-nous pour satisfaire notre curiosité ? Un savoir illimité à portée de main entraînera-t-il de nouvelles pathologies comme une « obésité intellectuelle » ? Depuis qu’il existe, l’Homme est sans cesse en quête de découvertes et d’apprentissages… Comment vivra-t-il cette révolution des « super cerveaux » ? Réponse dans quelques années !

 

Flavien Etheve