Et si on parlait de vulve ?!
Publié par Association Infusciences, le 5 décembre 2020 2.2k
Comment tout a commencé
Nous sommes cinq jeunes femmes : Anna-Marie, Diane, Elisa, Léa et Marie tout juste diplômées du master de communication scientifique et technique de Grenoble. Et nous sommes toutes d’accord sur le fait que les corps et les sexes sont victimes d’une hyper-sexualisation, notamment celui de la femme. Il est aujourd’hui en grande partie l’objet de fantasmes et non de connaissances.
La première exposition à des images à caractère pornographique est estimée à 11 ans et leur consommation à 13 ans. Mais ces images sont une représentation déformée de la réalité, notamment pour les appareils génitaux. L’éducation des jeunes y est pour beaucoup. Les cours d’éducation sexuelle sont parcellaires, inégaux, tardifs, et parfois pas toujours dispensés entièrement. Selon les statistiques du Haut Conseil de l’Egalité, 84% des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53% à savoir représenter le sexe masculin.
Aujourd’hui, l’hyper-sexualisation et le manque de connaissances scientifiques sur le sexe naturel féminin sont de plus en plus dénoncés via les réseaux sociaux où la parole se libère, mais peu dans l’espace public. Des expositions, souhaitant lever le voile sur cet organe comme les autres, existent. Mais elles optent majoritairement pour une approche artistique. Aucune n’est purement scientifique sur l’anatomie et le fonctionnement de la vulve. Selon nous, c’est un manque et c’est pourquoi nous souhaitions proposer une exposition scientifique sur le sujet.
L’idée est née d’un projet à réaliser dans le cadre d’un cours de muséographie. Nous avons imaginé une exposition fictive sur le thème de la vulve : son anatomie, son fonctionnement. Puis nous avons continué à échanger et réfléchir sur ces sujets sur notre temps libre, pour aboutir au projet Vulvez la vie.
Pourquoi ce nom ?
La moitié de la planète possède une vulve et pourtant son anatomie et son fonctionnement restent trop mal connus. Nous ne visons pas un public exclusivement féminin, bien au contraire. Nous vivons ensemble dans un monde commun et même si nous ne sommes pas tou·te·s pourvu·e·s d’une vulve, nous pouvons être un frère, un·e ami·e, un·e amant·e, un mari, un père.
Nous avons aussi fait le constat qu’il existe un tabou autour de la “saleté” de la vulve. Pour beaucoup de personnes, le sexe, par ses sécrétions naturelles (règles, pertes blanches, cyprine) est encore sale, parfois impur, et toujours à cacher. Nous faisons le souhait qu’un jour la parole puisse se libérer pour les femmes et pour les hommes.
Il n’est pas rare qu’aujourd’hui, les femmes culpabilisent face à leur corps et à leur sexe : choix de vie, sexualité, désirs, hygiène, mal-être mais aussi vie quotidienne Combien de femmes ou de filles vont demander haut et fort une serviette à des ami·e·s ? Ceci s’observe aussi via le nombre croissant de nouvelles chirurgies comme les labiaplasties (chirurgie des petites lèvres) par exemple. Ainsi, 14% des femmes considéreraient leur propre sexe comme anormal. Nous sommes entouré·e·s d’images sexuelles explicites véhiculées par les médias, mais nous ne pouvons pas en tirer d’enseignements scientifiques. Il est important de connaître la diversité naturelle des vulves : leurs tailles, leurs formes, leurs couleurs...
Le nom que nous avons choisi pour notre projet, Vulvez la vie, prône l’acceptation de la diversité des vulves et invite à mieux les connaître .
Notre projet
L’idée principale est de rendre accessible et de diffuser des connaissances sur le sexe sans le sexualiser. Pour cela, une fiche Wikipédia, quoique bien fournie sur le sujet, ne paraît pas suffisante, c’est pourquoi nous souhaitons mettre en place des dispositifs pour découvrir, toucher et explorer. Nous voulons que les visiteur·se·s puissent se rendre compte de la complexité de la vulve via des modèles 3D et des dispositifs ludiques.
La vulve est un organe caché, parfois idéalisé. Il nous semble important de le désacraliser et de se débarrasser des préjugés qui l’entourent. Nous souhaitons lever le tabou et les aprioris, ouvrir la parole et casser l’isolement. D’après la Professeure Virginia Braun de l’université d’Auckland, « comprendre ce qui est « normal » peut améliorer l’image du soi génital ». Selon nous, il est important de connaître son corps pour s’y sentir bien.
Marie Arthuis, Léa Martel, Diane Mottet, Elisa Pospieszny et Anna-Marie Reythier.