Et si je faisais de la nanoscience à Grenoble ?
Publié par Maxime Morinière, le 3 février 2015 2.9k
Le post doctorat attire de nombreux étrangers en France. Ayant récemment obtenu leur grade de docteur, ils ont recours à ces contrats courts pour gagner de l'expérience avant de pouvoir postuler à un poste stable. Prenons l'exemple de ceux travaillant au laboratoire de simulation atomistique du CEA Grenoble. Quel est leur avis sur la science à Grenoble ?
Le post doctorat est devenu un passage obligé pour trouver une place dans la recherche académique en sciences. Ces contrats courts se font après avoir défendu une thèse de doctorat (d'où le nom, souvent raccourci, de post-doc). Si la majorité des docteurs Français ont soutenu leur thèse en France, ceux qui cherchent ensuite à réaliser un post-doc privilégient une expérience à l'étranger. Mécaniquement, la majorité des post-doctorants en France est composée d'étrangers.
Prenons l'exemple du L_Sim, un laboratoire situé sur la presqu'île scientifique, dans l'enceinte du CEA Grenoble. Son activité est centrée sur le développement de technologies de pointe (lasers, processeurs, batteries, …) avec une expertise dans la simulation numérique des phénomènes physiques à l'échelle nanométrique. Ce laboratoire est actuellement composé de sept membres permanents, trois doctorants, et de cinq post-doctorants. Ces derniers sont tous étrangers, chacun avec une expérience plus ou moins longue en France. Alessandro, italien, connaît déjà bien Grenoble, puisqu'il a déjà eu un contrat l'ESRF (au synchrotron). Jing, chinois naturalisé singapourien, et Jose Maria, espagnol, ont, eux, déjà travaillé à Lille et à Besançon, au contraire de Stephan et Elena, originaires de Suisse et de Russie, qui découvrent la France.
Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi de travailler à Grenoble, ils sont évidemment unanimes : c'est le sujet de recherche qu'on leur a proposé qui les a attiré. Ceci montre tout l'attrait de la communauté scientifique grenobloise. "Ici, c'est la Silicon Valley européenne", rappelle Jing. Les équipements de grande qualité et le prestige des équipes de recherche y sont pour beaucoup.
Travailler à Grenoble, oui, mais y vivre ?
Mais qu'en est-il de la vie à Grenoble ? Leur première impression est liée aux dimensions de la ville. "Le centre est plutôt petit. En dehors de cette zone je me sens déjà un peu en périphérie", rapporte Stephan. Et surtout, c'est calme. Voire un peu trop. Pour Alessandro, et ce malgré la grande proportion d'étudiants, "ça manque d'activités culturelles et de lieux d'échanges, comparé à ce que j'ai connu à Bologne ou à Montréal." "Pour des gens plus jeunes, ça peut être un problème. Il y a cinq ans, ça aurait été plus difficile pour moi de vivre ici", avoue Jose Maria. "Mais pour qui aime les sports d'hiver, c'est là qu'il faut aller", conclut-il.
Ce qui ne les empêche pas de penser que venir ici était une bonne opportunité pour leur carrière. De là à s'installer dans la région ou en France ? Pourquoi pas ! Mais pour cela il faudrait une opportunité d'embauche... Et là le flou est important. Ça ne les empêche pas de recommander aux jeunes scientifiques de suivre le même chemin qu'eux et de faire étape à Grenoble, surtout "s'ils sont passionnés par la recherche scientifique et s'ils n'ont pas peur des difficultés", comme le confie Elena.
Grenoble semble donc toujours à même d'attirer ceux qui feront la nanoscience de demain, du fait des thématiques de recherche qui y sont développées. Autrement dit, pour faire de la recherche sur la nano, Planck-ez vous à Gre' !
>> Info : Cet article a été rédigé dans le cadre de la formation Initiation au Journalisme Scientifique d'Aleksandra Bogdanovic-Guillon. Cette formation est donnée dans le cadre du Label RES : Recherche et Enseignement Supérieur de l'Université Grenoble-Alpes.
>> Crédit : indicpeace (Flickr, licence cc)