[CHRONIQUE] - Le lien scientifique ténu entre aspirateurs et cocktails à la COP27
Publié par Valentin Solère, le 12 décembre 2022 900
Eric Piolle, le maire de notre charmante Capital des Alpes s’est rendu quelques jours en Egypte le mois dernier. Malheureusement pour lui, le programme n’était pas d’enchainer cocktails sur cocktails, les doigts de pied en éventail sous le soleil des pyramides, enfin, d’après les informations officielles en tout cas.
En effet, entre deux réunions à Grenoble, Monsieur le maire a fait un petit détour par la ville de Charm el-Cheikh pour assister à la 27e conférence de l'ONU sur le climat, la fameuse COP27. Elle a vu se succéder diplomates, représentants d’ONG, de groupes privés, élus et chefs d’Etats afin de s’unir pour luter contre le dérèglement climatique. Et quelle bonne idée ils ont eu !
Il s’agit ici faire entendre la voix de Grenoble, mais surtout d’écouter celles des autres qui s'élèvent de part le monde, et elles sont nombreuses. Cette année, des accords internationaux ont pour la première fois mis en relief le besoin d’aider financièrement les pays les plus touchés par les changements de notre cher climat. Ainsi, alors que Monsieur Piolle ne buvait pas trop de cocktails, une entreprise suisse sobrement nommée Climeworks a présenté à la COP27 un nouveau modèle d’aspirateur pour le moins ambitieux. Effectivement, la grosse machine a pour but de récolter le CO2 présent dans l’atmosphère, et surtout, à grande échelle.
Alors. L’entreprise a été fondée par des ingénieurs en mécanique, il y a 13 ans déjà, et elle n’a jamais été aussi en vogue que depuis la sortie du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Pour les intimes, son petit nom c’est le GIEC. Epais de quelques 3000 pages, le mastodonte est une synthèse de 14 000 études réalisées par 234 scientifiques de 66 différents pays (et plus si affinités). De sa toute dernière publication, il ressort qu’il faudra à la fois réduire nos émissions et trouver des moyens d’éliminer le dioxyde de carbone déjà présent dans l’atmosphère, afin d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. Et c’est exactement là que se positionne Climeworks, puisque son objectif à elle, c’est de retirer 1% du CO2 émis dans la monde d’ici à 2025.
Pour cela, elle a développé des système de captage de la taille d’une voiture, comme une Fiat Multiplat par exemple. Ces dispositifs fonctionnent avec un peu d’énergie renouvelable et peuvent être empilés afin de créer un système aussi grand que possible, ou bien s’adapter aux plus petits espaces. Concrètement, il s’agit de ventilateurs composés d’un matériau filtrant et réutilisable qui retient le CO2 ainsi que l’humidité de l’air. Ce dernier, une fois purifié, est relargué dans l’atmosphère, alors que le dioxyde est compilé sous une forme gazeuse. Il peut alors être utilisé comme engrais, combustible, ou bien injecté sous terre où il sera naturellement transformé en roches via une série de réactions chimiques.
Et figurez vous qu’une partie de ce gaz est aussi revendue, et sert à la préparation de boissons gazeuses et autres sodas, parfaits (et on y revient), pour compléter les cocktails qu’Éric Piolle n’a pas bu en Egypte. La classe, non ?
Valentin S.