Élevons-nous vers les îles du ciel !
Publié par Camille Sicot, le 22 novembre 2017 2.1k
Le 6 octobre dernier, se déroulait l’inauguration de la nouvelle exposition du Muséum de Grenoble“Sur les îles du ciel, et si Darwin avait été alpiniste ?”. Une idée originale avec un nom intriguant dont Catherine Gauthier, la directrice du Muséum, est à l’origine.
Une représentation de la végétation en fonction de l'altitude
Les îles du ciel ou “sky island” en anglais, sont des spécificités de massif de montagnes dont les conditions d'isolement topographique se répercutent au niveau des écosystèmes. Ce sont des refuges d’êtres vivants, des réservoirs de biodiversité où des espèces ont évolué indépendamment et peuvent donc être uniques au monde”. Elles ne subissent pas ou peu de brassage génétique. Il est donc intéressant de les étudier afin de découvrir la plasticité du vivant. Elles sont un moyen de retracer une partie de l’histoire de la vie. Ainsi, les travaux de scientifiques sur ces plantes à partir du 18e siècle permettent de mieux connaître leur évolution au cours du temps. Travaux qui semblaient au départ contredire ceux de Darwin qui suppose à l’époque que l’évolution est un processus lent et graduel alors que celles de plantes de hauts sommets semble avoir une diversification brutale à certaines périodes, notamment au Crétacé. Ce phénomène qualifié “d’abominable mystère” par Darwin est pourtant devenu un des enjeux majeurs pour les chercheurs afin d’acquérir de nouvelles connaissances fondamentales ou bien de tendre vers une application pratique de leur(s) découverte(s).
“L’objectif de cette exposition est de donner accès à ces plantes à tout le monde, car la majorité d’entre nous n’aura pas la possibilité ou l’envie de grimper aux sommets pour observer ces espèces” - Catherine Gauthier
L’exposition a été conçue de manière à ce que les concepts scientifiques puissent être appréhendés simplement et faire découvrir des espèces méconnues qui vivent à de hautes altitudes. Ainsi, dès le début de l’exposition nous sommes en immersion dans le milieu montagnard où l’on peut observer le matériel, les vêtements ou encore les ouvrages utilisés lors des premières ascensions des scientifiques. Il est également possible d’admirer les plantes alpines sous la forme d’un grand dispositif et de les observer dans le détail. Les plantes sont donc au coeur de l’attention, mais le Muséum a également sorti une collection d’animaux endémiques, qui comme les plantes de hautes montagnes évoluent et vivent dans des milieux isolés. On peut ainsi voir une tortue des îles Galapagos ou encore un Kiwi qui vit en Nouvelle-Zélande.
“Il a fallu 3 ans pour construire ce projet” - Catherine Gauthier
C’est pendant un repas entre Catherine Gauthier, des membres du parc des écrins et des chercheurs que l’idée a germé. Après en avoir discuté et parce qu’un documentaire sur le sujet diffusé par France télévision avait plu, il a été proposé de construire cette exposition. C’est juste après le dîner au Parc des écrins que Catherine a contacté les chercheurs et les instituts qui pourraient être potentiellement intéressés par le projet. Elle s’est occupée de trouver des financements. « Il faut s’y prendre à l’avance car les emplois du temps ne sont pas faciles à faire coïncider, par exemple, les chercheurs sont assez occupés. » Les commissaires de l’exposition ont commencé à travailler dessus il y a un an seulement, lorsque les partenaires, les financements et les acteurs étaient engagés de façon définitive.
Un travail de longue haleine aujourd’hui récompensé par l’accueil chaleureux du public nombreux lors de son lancement.