Égalité des Sciences derrière les barreaux !

Publié par Égalité des Sciences, le 26 novembre 2016   4.9k

Le projet Egalité des Sciences, porté par 4 étudiants en M2 CCST (Communication et Culture Scientifiques et Techniques), est désormais une association qui a pour vocation de diffuser la culture scientifique en milieu pénitentiaire. Depuis la création de l’association, deux interventions ont été réalisées en maison d’arrêt : le 2 novembre à Lyon-Corbas et le 16 novembre à Valence. Le pari est réussi : au total 24 détenus ont pu participer à ces ateliers, de plus il y a eu 53 demandes de la part des détenus à Valence pour seulement 15 places ! Retour sur ces 2 journées où se sont mêlés science, manipulation et échanges.

Deux interventions et une évasion réussie !

Nous nous sommes rendu à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas le 2 novembre et à celle de Valence le 16 novembre. Chaque intervention est organisée de la façon suivante : les détenus sont répartis en 4 petits groupes et tournent sur 4 ateliers d’animation scientifique différents. Un atelier dure environ 20 minutes. L’animation des ateliers est assurée par des chercheurs grenoblois (Thomas Podgorski ou Salima Rafaï pour l’atelier sur les fluides complexes ; Eric Blayo ou Christine Kazantsev pour l’atelier sur les mathématiques) et par l'équipe d’Égalité des Sciences. La participation des détenus à cette activité de culture scientifique est basée sur le volontariat. Sur ces deux actions nous avons touché un total de 24 détenus.

Un public avide d'échanges !

A la fin des interventions nous organisons un goûter afin de pouvoir échanger avec les détenus et recueillir leurs témoignages et leurs impressions sur l’événement. Les retours ont été très positifs et tous les détenus et les intervenants ont passé un bon moment. Un participant nous a confié : « c'est la meilleure activité que j'ai eu jusqu'à présent ». Nous nous sommes rendu compte que ce type d’atelier ne leur était jamais proposé. A Lyon-Corbas un des détenus nous a expliqué que c’était la première fois qu’il faisait une activité de culture scientifique sur 6 ans de détention. Ils ont la possibilité de faire des activités culturelles (par exemple des cours de théâtre ou de peinture) mais pas d’activité scientifique : « On a des cours de sciences, mais jamais de manipulation ».

Le bilan de ces journées est plus que positif car 100% des participants seraient prêts à renouveler l’expérience et se réinscriraient pour de futures interventions. Cela nous a permis de réaliser qu’il existe une réelle demande pour ce type d’activité non seulement de la part du personnel des établissements pénitentiaires mais surtout de la part des détenus (53 souhaitaient s'inscrire à Valence !). Ce moment d’échanges est aussi l’occasion de connaître les envies des détenus vis-à-vis des thématiques à aborder lors des prochaines interventions ; l'un d'entre eux nous a par exemple fait remarquer qu'il désirait « des activités où on peut se prendre la tête ».

Un participant en pleine expérimentation !

Les chercheurs intervenants ont aussi été très contents de cette expérience et sont tous prêts à se réengager à nos côtés. Thomas Podgorski, chercheur au LiPhy, raconte : « J’ai été vite rassuré dès les premiers contacts où s'est tout de suite installée une relation ouverte et amicale, où le tutoiement était naturel ». Salima Rafaï, chercheure au LiPhy, revient sur le comportement des détenus pendant les ateliers : « Pour tous, j’ai vu la transition, le petit déclic entre l’attitude en retrait du type "moi l’école vous savez c’était la cata" et l’attitude, "ah mais je peux répondre à ça, je peux le faire". Le petit éclair dans le regard qui fait plaisir ».

Les détenus gardent une trace de « leur univers »

En plus des 4 ateliers scientifiques, un espace participatif a été imaginé afin de réaliser une œuvre collective sur le thème « dessinez l’univers ». L’idée est que chacun (participants et intervenants) peigne sur un drap sa vision de l’univers. A la suite de l’intervention, des cartes postales sont envoyées aux détenus à partir de l’œuvre photographiée afin qu’ils gardent un souvenir original de cette journée. Un des détenus, un peu sceptique au départ, s’est laissé prendre au jeu et a été surpris par le résultat final : « ça part de rien et finalement ça fait un truc bien ! ».


Exemple d’une carte postale envoyée aux participants

Pour l’année 2017, un partenariat avec les maisons d’arrêt est en discussion dans le but de réaliser un événement par mois. En outre, une intervention dans le quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Grenoble-Varces est prévue pour début janvier.


Égalité des Sciences (Chloé Bayon, Audrey Le Reun, Léa Remaud et Yann Kunesch).

Contact : egalitedessciences@gmail.com