Dominique Villars (1745-1814) : une référence pour la botanique dans les Alpes

Publié par Muséum De Grenoble, le 2 mars 2018   3k

Dans l’exposition « Sur les îles du ciel… et si Darwin avait été alpiniste », nous commençons la visite à l’Orangerie en découvrant les premiers alpinistes biogéographes et les précurseurs de la botanique dans les Alpes. Un nom qui ne nous est pas inconnu apparaît alors : Dominique Villars ! Dans cet article nous avons voulu vous en dire plus sur ce médecin et botaniste passionnant qui a vécu entre 1745 et 1814.

Portrait de Dominique Villars

Pour ce faire, nous nous sommes servis de nos ressources (Le Muséum de Grenoble conserve tout de même son herbier de renommée internationale et la Bibliothèque rassemble une grande partie de ses œuvres de 1779 à 1812 !). Et nous nous sommes rapprochés de Sophie Boizard, Responsable éditoriale aux Editions Glenat, REVUE L'ALPE et de Sylvie Bretagnon, responsable du musée des Sciences médicales de Grenoble que nous remercions vivement.

Voici tout d’abord, un petit résumé de la vie de Dominique Villars (extrait du portail documentaire du Muséum) :

Médecin et botaniste, Dominique Villars naît au Noyer-en-Champsaur (Hautes-Alpes) le 14 novembre 1745 et meurt doyen de la Faculté de médecine de Strasbourg (Bas-Rhin) le 27 juin 1814.

En 1771, il quitte les Hautes-Alpes pour se rendre à Grenoble afin d'étudier la chirurgie grâce au soutien de l'Intendant de la province. Il parcourt les montagnes du Dauphiné et herborise avec Jean-Etienne Guettard (1715-1786), Barthélémy Faujas de Saint-Fonds (1741-1819), Adolphe Murray (1750-1803). Reçu docteur en médecine en 1778 à Valence, il revient en 1782 à Grenoble comme médecin titulaire de l'hôpital militaire et ce jusqu'en 1802. L'Académie des Sciences et de nombreuses Sociétés savantes l'associèrent à leurs travaux. Il fut nommé à l'Institut National des Sciences et des Arts le 22 mars 1796. Il fut aussi le créateur du jardin botanique de Grenoble en 1782 et ami de Pierre Liottard . A partir de 1805 il est nommé professeur à la faculté des sciences de Strasbourg où il finira sa carrière.

Feuilleter le manuscrit de Dominique Villars, Muséum de Grenoble

Feuilleter ses manuscrits grâce au portail documentaire du Muséum

Petite vidéo pour décrire l’herbier de grande chartreuse de Villars de 1775 (c’est un herbier relié, différent de l’herbier des plantes vasculaires, qui est le plus connu). Réalisée par Matthieu Lefebvre, Chargé des collections botaniques au Muséum de la ville de Grenoble

Voici maintenant, une introduction sur la vie de ce fascinant personnage pour vous donner envie d’aller plus loin .

Et petit berger devint grand botaniste (par Sylvie Bretagnon, responsable du musée des Sciences médicales de Grenoble) 

Dominique Villars aura largement contribué à l’étude de la flore alpine au XVIIIe siècle. Ses herbiers et observations, conservés au muséum de Grenoble, restent une référence pour les spécialistes d’aujourd’hui. L’histoire exemplaire d’un savant atypique.

« Élevé dans une campagne, au milieu des grandes montagnes de la Province, livré de bonne heure aux réflexions qu’entraîne la solitude, et quoique privé de modèles et d’exemples, j’eus dès l’âge de douze ans, un penchant irrésistible pour la connaissance des plantes » écrit Dominique Villars dans la préface de son Histoire des plantes du Dauphiné, une somme en quatre volumes (1786-1789) qui recense et classe la riche flore des montagnes en s’appuyant sur le système de Linné simplifié. Fruit d’une quête systématique menée pendant vingt ans dans une région jusqu’alors peu explorée par les naturalistes, ce travail (resté unique) va hisser très tôt au rang de « célèbre botaniste » cet homme né en 1745 près de Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes), dans une famille où le père, propriétaire de moutons, exerce aussi les fonctions de greffier.

 Les livres et les rencontres opportunes vont conditionner la carrière du jeune homme. À l’âge de 15 ans, « soumis au métier de copiste », il a entre les mains des ouvrages tels que Le cours de médecine de Guyon et Meysonnier (1673) qui décrit les vertus des plantes médicinales, agrémenté de planches botaniques. Puis, au contact de colporteurs libraires, il voyage, s’instruit et acquiert des livres de matière médicale, laquelle est alors basée sur les connaissances botaniques. Sa rencontre, en 1765, avec Dominique Chaix, curé des Baux (près de Gap) et botaniste confirmé, est déterminante : « M. Chaix avait la même passion que moi pour la botanique. Il était fait pour m’aider et m’encourager. » Celui-ci entraîne le jeune homme dans ses herborisations. « Nous fîmes des herbiers, des collections de graines ; nous transportâmes plusieurs plantes en nature dans le jardin de M. Chaix. » Ensemble, dans les « glacières des montagnes de la Bérarde », ils voient « pour la première fois, les saxifrages des Alpes, les petites saules, les rhododendrum ». Ils parcourent les massifs en tous sens, collectant des plantes qu’ils classent dans des herbiers, ces « jardins secs » que tout bon botaniste possède au XVIIIe siècle.

Herbier Dominique VillarsHerbier Dominique Villars

Planches d'Herbier de Dominique Villars, photos du Muséum de  la ville de Grenoble

Repéré puis soutenu par l’intendant Pajot de Marcheval (« Il me prit des mains de la nature ; l’écorce qui couvre ses ébauches ne le rebuta pas »), Dominique Villars se révèle un fidèle serviteur du pouvoir. Fort de ses connaissances botaniques, il entre en 1771 comme élève à l’école publique de chirurgie à Grenoble où enseignent les pères de la Charité. 

Histoire botanique des plantes de la Grande Chartreuse, voyage avec MM. Guettard, 1775, Dominique Villars

Histoire botanique des plantes de la Grande Chartreuse, voyage avec MM. Guettard, 1775, Dominique Villars, Muséum de  la ville de  Grenoble

En 1775, quand l’intendant organise une mission d’exploration scientifique du Dauphiné, il propose à Villars de se joindre à ses illustres aînés comme le minéralogiste et botaniste Étienne Guettard. L’amitié qui le lie à ce dernier le conduit à Paris où il peut consulter les grands herbiers de la capitale, éléments de référence, et rencontrer d’autres botanistes comme Gabriel Thouin, responsable du jardin du roi (futur jardin des Plantes). […]

La suite de l’article est à lire dans le numéro 65 de la revue L’Alpe (éditions Glénat – Musée dauphinois). www.lalpe.com

Enfin, 2014 marquait le bicentenaire de la disparition de Dominique Villars (1745-1814). Le Musée grenoblois des Sciences médicales (La Tronche) lui a donc consacré une exposition. Cette dernière évoque le parcours singulier de cet homme, botaniste humaniste, né au cœur du Champsaur. Vous pouvez retrouver cette exposition de manière virtuelle ici.

Un Jardin Dominique Villars existe également, il est situé dans le parc des Facultés de Médecine et Pharmacie à La Tronche et rassemble près de 200 espèces de plantes médicinales. Entre l’hôpital Michallon et l’ancienne propriété Barral, partez à la découverte de leurs vertus thérapeutiques.

Plus d’informations

Nous espérons que cet article vous a plus et qu’il vous a donné envie de venir voir notre exposition (jusqu’au 26 août) pour en savoir plus sur les plantes, leur dure vie dans les montagnes et les botanistes qui les étudient parfois dans des conditions extrêmes.


Illustration

Portrait de Dominique Villars : Photo tirée de « Notice biographique sur M. Villars […] par le Baron de Ladoucette. Paris, 1818 »