Des projets pleins les yeux

Publié par Isaora Bacquet, le 27 octobre 2023   660

Lundi 25 septembre 2023, les étudiants du Master 2 CCST (Communication et Culture Scientifiques et Techniques) se sont rendus à Bramans pour une semaine intense en Haute Maurienne. C’est au cœur de la vallée qu’ils sont partis découvrir la controverse autour d’un projet d’ouverture d’une Zone Spéciale de Carrière (ZSC). 

Bienvenue en Maurienne 

Bramans est un petit village de Haute Maurienne qui fait partie de la commune de Val-Cenis. Vivant du tourisme, ce sont de belles montagnes de gypse qui caractérisent le paysage. Le gypse est une roche blanche friable aujourd’hui décrétée ressource rare et fondamentale par l’Etat. En effet, afin de rénover les habitations, c’est le plâtre qui est utilisé, or il est principalement composé de gypse. Un projet de Zone Spéciale de Carrière a donc vu le jour. La Zone Spéciale de Carrière ou ZSC est un terrain délimité où il est possible de faire plusieurs carrières sans tenir compte du droit à la propriété et donc sans contrepartie pour les habitants. Les villageois de la commune de Val-Cenis ont montré une opposition ferme au projet qui est actuellement à l’arrêt. Une controverse autour de ce projet est donc née, confrontant les habitants, les élus et les exploitants. 

C’est dans ce cadre que nous nous sommes rendus sur les lieux. L'objectif était de comprendre le point de vue de chacun et de les restituer le plus fidèlement possible sur les réseaux et auprès de collégiens de Modane, sous la forme d’une animation pédagogique.

Droit vers la presse

Rassurez-vous, nous ne partons pas tête baissée vers l’inconnu. C’est lors d’une visio avec un enseignant du collège de Modane que l’on récolte les premières informations. Vendredi, ce sont quatre classes de cinquième qui vont en apprendre un peu plus sur la controverse. Mikaël Chambru, notre enseignant, nous donne le programme de la semaine qui arrive. Certes, le paysage semble magnifique, mais nous ne partons pas en vacances. C’est un programme chargé, rempli de rencontres qui nous attend. Raphaël Lacello, qui tient la chaîne twitch “Chercheurs de montagne”, va nous accompagner dans cette aventure. 

Quand les CCST se déplacent, autant  avertir la presse ! Anaëlle, Flavie, Mathilde et Margaux se sont donc chargées d’écrire un communiqué de presse. Encore faut-il savoir à qui l’envoyer… Ainsi, après des recherches, elles se sont créées une liste de presse afin de toucher les journaux et radios concernés. 

Envahir les réseaux 

La presse n’est pas la seule façon de communiquer sur notre venue. Lisa, Garance et Guilhaume ont partagé toute la semaine sur les comptes Instagram et Twitter de l’association étudiante Dio2.

Sur Twitter, c’est un thread qui reprend les rencontres et les moments forts. En quelques phrases et photos, nous vous invitons à suivre notre parcours et à comprendre les différents acteurs de la controverse. 

Sur Instagram, c’est un peu différent… Quelques posts reprennent des points clés et les expliquent. Avant de parler de ZSC, il faut bien savoir ce qu’est une carrière, non ? Et en complément, ce sont quelques storys qui illustrent les moments forts de la semaine. Rien ne vaut de petites vidéos pour entrer en immersion avec nous au cœur de la Maurienne. 

Grâce à Raphaël, nous avons également l’occasion de faire parler de nous sur la chaîne Twitch “Chercheurs de montagne”. Un live est donc lancé le mercredi soir sous les directives de Stéphane, Garance, Anaëlle et Yulia. L’idée est que les étudiants expliquent la controverse avec les différents points de vue déjà entendus, mais aussi de montrer la vie en communauté à la montagne. On retrouve donc des scènes de vie et des échanges dynamiques, le tout animé par Raphaël. 

Faire ressortir notre originalité par des vidéos 

Une des demandes pour cette semaine est de réaliser une vidéo pour le labex ITTEM. L’idée est de garder une vidéo sur notre venue et notre participation au projet CROSCUS. Ainsi ce sont Camille, Valentin et Emma qui sont chargés de cette mission. L’idée originale était qu’un groupe de musique en manque d’inspiration parte à Bramans et se retrouve avec les CCST. L’objectif était de présenter le projet, les différents acteurs et le rôle des étudiants, mais d’une façon originale. Le projet a finalement évolué au fil de la semaine à cause du manque de temps, mais aussi avec les découvertes faites sur le terrain. Le projet final est donc un zapping de la semaine avec des fausses séquences publicités. 

Nous débordons d’imagination et nous décidons de réaliser une deuxième vidéo, réservée à l’association étudiante Dio2. Le groupe est alors composé de Noé, Maya et Anya. Ils sont vite épaulés par Isaora et Stéphane qui proposent une base pour se lancer. La première idée est de faire une “téléréalité” où les étudiants se confessent face caméra sur leur journée. Des plans de vie rendraient la vidéo plus vivante. Comme les CCST sont connus pour leur extravagance, ils décident de créer des rôles et de jouer des scènes. L’idée tombe vite à l’eau : manque de temps durant la semaine et volonté de montrer du “vrai”. Il faut penser avant tout au public de cette vidéo : de futurs étudiants en CCST. On revient donc vers des interviews réelles des étudiants ainsi que de Mikaël et de Raphaël. 

Rendez-vous au collège

Mener des activités dans un collège demande beaucoup de préparation. Pour cette fois, nous avions uniquement la journée de jeudi pour imaginer et créer nos animations. Il a d’abord fallu se mettre d’accord sur les objectifs, le pourquoi nous allions voir des cinquièmes. L’objectif global était assez évident pour tous : informer les collégiens sur les enjeux de la controverse qui prend place dans la vallée. Nous avons décidé de faire trois animations différentes à renouveler quatre fois dans la journée pour faire participer toutes les classes. 

Le premier groupe, Lisa, Camille, Anya, Isaora, Garance et Flavie, répond à l’objectif “montrer les enjeux derrière les acteurs de la controverse”. L’animation commence par demander aux enfants ce qu’ils savent du gypse, de la ZSC puis de la controverse de manière générale. Ensuite, ils doivent se positionner “pour”, “contre” ou “neutre” vis-à-vis de la ZSC. Afin de leur présenter les trois principaux acteurs de la controverse, ils ont à disposition trois objets : un bâton de randonnée pour les habitants, un gilet jaune pour les exploitants et une cravate pour les maires. Les enfants, par groupe de 2 ou 3, incarnent alors un des acteurs. Ils piochent à tour de rôle une carte sur laquelle est notée un argument d’un des acteurs. C’est en débattant ensemble qu’ils reconstruisent les discours de chacun. L’animation se conclut après que tous les enfants se soient de nouveau positionnés par rapport au projet de ZSC et aient expliqué sa décision. 

Le deuxième groupe, Anaëlle, Yulia, Valentin, Noé, Guilhaume et Margaux, veut répondre à la problématique “comment un changement de transition énergétique peut amener à une controverse en prenant exemple de la ZSC ?”. Cette fois c’est une fresque du climat revisitée qui attend les enfants. Un premier temps d’échange permet d’évaluer les connaissances du groupe et de savoir s’ils connaissent déjà le principe d’une fresque du climat. Ils doivent compléter les trous de la fresque à l’aide de cartes afin de comprendre les relations entre les acteurs, les actions et les éléments autour des enjeux de transition énergétique. La fresque est en deux parties. La première reprend les enjeux de la transition énergétique et définit le rôle du gypse. La deuxième partie met en scène la controverse de la ZSC. L’animation se termine par une rivière du doute : chacun doit dire s’il est pour ou contre la ZSC.

Ces deux premiers groupes n’avaient pas été préparés au fait que les enfants connaissaient déjà bien le sujet. Il a donc été décidé sur place que les deux animations ne durent que 45 minutes afin qu’il y ait un échange de groupes d’enfants et aucun temps mort. 

Enfin le dernier groupe, Stéphane, Emma, Emmy, Mathilde et Maya, souhaite répondre à l’objectif “montrer comment on enquête pour comprendre les enjeux d’une controverse”. L’introduction est une mise en situation pour faire comprendre le principe d’une ZSC. Les enfants doivent déjà choisir s’ils sont pour ou contre un projet qui vise à raser la montagne pour faire un stade de foot. Ensuite, les enfants se divisent en deux groupes d'enquêteurs prêts à rencontrer les acteurs de la ZSC. Les étudiants incarnent donc différents acteurs, expliquent leur point de vue et donnent des connaissances. Les enfants en retirent des arguments et doivent les organiser selon qui les dit, s’ils s’opposent ou se regroupent … Tout est matérialisé par une carte où les arguments deviennent des points à relier. Les enfants quittent leur rôle d’enquêteurs et notent sur des post-it leurs propres arguments qu’ils n’ont pas entendus durant l’animation. En conclusion, ils expliquent ce qu’ils ont compris et retenus de l’animation. 

Au fil de la journée, nous avons gagné en assurance et avons parfois adapté notre animation selon le profil des élèves, en fonction de leur intérêt ou de leurs connaissances sur le sujet.  Toutes les animations semblent avoir séduit les collégiens qui sont ressortis avec le sourire. Certains ignoraient tout de la controverse et d’autres ne connaissaient qu’un seul discours. L’enseignant qui a été présent toute la journée a lui aussi été ravi par les animations. C’est donc globalement un succès pour nous. 

Et si on écrivait ? 

La dernière étape est d’écrire un article afin de partager notre expérience. Encore une fois, nous avons décidé d’en faire plus et donc de rédiger deux articles. Ce sont Stéphane et Isaora qui en ont pris la charge. L’idée est d’écrire un article sur la controverse et un autre sur tous les rendus des étudiants, qui est donc celui-ci !

Cette semaine a donc été riche de rencontres et de connaissances, mais aussi du travail de chacun. Les étudiants ressortent grandis de cette expérience humaine et espèrent avoir partager fidèlement ce qu’ils ont appris.

Article rédigé par Isaora Bacquet, étudiante en Master 2 Communication et Culture Scientifiques et Techniques