Des élèves engagés dans une démarche de recherche et d’évaluation de leurs apprentissages

Publié par Michel Grangeat, le 7 mai 2015   3.3k

Michel Grangeat, Professeur en Sciences de l'Education nous présente plusieurs récents projets destinés à stimuler la curiosité des élèves et augmenter leur responsabilité.  

L'enseignement des sciences fait face à de nouveaux enjeux depuis plusieurs années, en France, en Europe et dans la plupart des pays : faire comprendre les démarches scientifiques à tous les élèves du primaire et du collège. Le but est double : augmenter le nombre d'élèves (notamment les filles) choisissant les métiers scientifiques et technologiques et l’enseignement de ces disciplines ; leur permettre de s'engager dans les débats de société en citoyens responsables.

Pour mieux comprendre comment les établissements scolaires et les enseignants peuvent relever concrètement ces enjeux, plusieurs projets de recherche se sont succédé au Laboratoire des Sciences de l’Éducation de Grenoble, en partenariat avec l'Université Joseph Fourier (ESPE) et le rectorat (CARDIE et DASEN de Grenoble).

Le premier projet - S-TEAM de 2009 à 2012 – a précisé des manières d'enseigner les sciences, les mathématiques et la technologie en demandant aux élèves de conduire des investigations. Deux journées d'études francophones organisées à Grenoble ont permis la publication de deux ouvrages destinés aux formateurs d'enseignants et aux chercheurs. Les résultats peuvent se résumer en trois points. Le premier note que la classe de science peut facilement glisser depuis des démarches d'investigation qui prendraient en compte les élèves vers l'application de « recettes » pour résoudre des exercices. Le second montre que les enseignements scientifiques sont variés et qu'il serait illusoire de vouloir imposer aux enseignants un seul mode de fonctionnement. Il importe de leur permettre de guider leurs élèves pour utiliser les connaissances scientifiques tout en leur laissant des responsabilités pour répondre aux questions scientifiques posées en classe. Un modèle a été conçu et diffusé pour aider les enseignants. Enfin, on note que peu d'enseignants parviennent à mettre en place ces méthodes complexes de manière isolée. Le support de l'institution et d'une équipe dans l'établissement ou dans l'école est une aide précieuse.

Le deuxième projet prolonge le précédent. Pour mieux guider les élèves dans leurs activités de recherche, des outils d'évaluation formative sont conçus et testés dans le cadre du projet européen ASSIST-ME et celui de l'Institut Français de l’Éducation, le LéA EvaCoDICE. Une coopération est mise en place entre des chercheurs, des formateurs et 15 professeurs des écoles et des collèges de Fontaine (1). Les séances et les outils conçus en commun sont testés par un enseignant, lors d'une séance filmée (voir un exemple en technologie dans la vidéo ci-dessus). La séquence et le film sont analysés afin d'améliorer progressivement les enseignements et les outils d'évaluation. Au final, pour chaque compétence visée et évaluée, les élèves disposent de la description précise de quatre niveaux de réussite. Ils sont ainsi encouragés à réduire leurs erreurs, à progresser et donc à mieux comprendre les sciences.

>> Ces résultats provisoires sont en ligne sur le site du LSE dans l'espace EvaCoDICE.

>> Note :

  1. Ce projet est sous la responsabilité scientifique de Michel Grangeat (Professeur en Sciences de l'Education à Univ. Grenoble Alpes), les correspondantes avec l'IFE est Florence Lavau après Martine Saint-Aman (principales adjointes des collèges concernés). Les établissements concernés sont les collèges Gérard Philipe et Jules Vallès ainsi que quatre écoles de Fontaine (Marcel Cachin, Jules Ferry, Anatole France, Jeanne Labourbe). Le projet fait coopérer les chefs d'établissement avec des chercheurs de deux laboratoires (L.S.E. Grenoble et Eric Triquet du S2HEP Lyon), des enseignants formateurs de l'ESPE Grenoble (particulièrement Alix Geronimi, Michèle Gandit et Evelyne Chevigny) et des responsables du rectorat (Francis Petit, CARDIE et Ghislaine Langlais, circonscription Fontaine-Vercors)