Du café et du miel contre le cancer

Publié par Aude Grezy, le 26 novembre 2019   35k

Le marché de Noël de Grenoble a allumé ses chalets ! Personnellement, pas de vin chaud, je suis revenue avec de l’aligot… Et un pot de miel ! Depuis quelques années on en glorifie les mérites, le miel est partout. À Grenoble, au fil des ans, des ruches ont été posées par-ci par-là… Sur le toit de l’hôtel de ville, ou encore dans des parcs, sur le campus… Et même en haut de mon laboratoire de recherche pour un esprit team-building écologique ! Prise dans ce tourbillon, Je me suis donc penchée sur les vertus de ce miel tant vanté…

Il existe de plus en plus de recherches mais aussi de fausses croyances concernant l’utilisation de produits naturels pour la santé. Qu’en est-il du miel ? Car s’il présente des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires démontrées, il semblerait qu’il détienne également des propriétés anti-cancéreuses intéressantes.

Mais avant de s’y pencher plus en détails, il faut avant tout clarifier ce qu’est « le miel » ; Il s’agit d’un mélange complexe de plusieurs composés, notamment phénoliques. Or, l’important pour la composition, ce sont la nature des fleurs qui ont été butinées par nos petites abeilles ! Ainsi, si vous vivez en Amérique du sud vous ne consommez pas le même miel qu’en Espagne, car la végétation disponible pour le butinage y est différente, menant à une composition phénolique spécifique…. Chaque miel peut ainsi avoir des propriétés uniques en fonction de sa provenance géographique.

De plus, il n’existe pas UN cancer, mais DES cancers. Un cancer du sein présente des mécanismes totalement différents d’un cancer du côlon, ce sont des cancers différents, voilà pourquoi il est difficile d’envisager un traitement pour LE cancer ; Et de la même façon, étrangement, il n’existe pas UN miel, mais DES miels avec des composés spécifiques…

Les différentes études sur les effets anti-cancéreux du miel sont souvent faites sur UN miel (acacia, coriandre, floral mixte, etc…), ainsi que sur UN modèle d’étude de cancer (cancer du sein ou du colon ; études sur cellules en culture ou sur vrai souris). Il est donc difficile de faire une synthèse. Mais toutes les études tendent à montrer des effets anti-cancéreux surprenants !

Par exemple, dans une étude réalisée avec un miel floral mixte, les auteurs ont ajouté ou non du miel dans la nourriture de rats développant des tumeurs mammaires, ces dernières ayant été induites par les chercheurs en utilisant un produit carcinogène. Le groupe de rats ayant consommé du miel présente, suite à l’induction par le carcinogène, des tumeurs moins nombreuses et de plus petites tailles par rapport aux rats n’ayant pas consommé de miel. Les auteurs soupçonnent un mécanisme lié à un effet anti-oxydant du miel.

Peu d’études ont été réalisées sur des humains sous la forme d’essais cliniques. Néanmoins, on peut citer entre autres une étude Iranienne tout à fait saisissante. Cet essai a été conduit sur des patients atteints de mucite buccale, un effet indésirable fréquent de la chimiothérapie. Certains d’entre eux ont reçu un traitement à base de stéroïdes. Les autres ont reçu un traitement contenant soit du miel (originaire d’Iran), soit une combinaison de « café + miel ». Curieusement, bien que les trois traitements aient présenté une efficacité sur les mucites buccales, c’est avec le traitement à base de « café + miel » qu’a été obtenu le meilleur effet, de façon plus efficace qu’avec les stéroïdes. Ainsi le « café + miel » pourrait être ici utilisé en complément de la chimiothérapie afin d’en diminuer les effets secondaires.

Qui aurait cru que la combinaison "café + miel" pourrait être gagnante ! Joyeux Noel, et patience… C’est l’hiver, les abeilles dorment…. 


Références :

Badolato et al. « From the hive : Honey, a novel weapon against cancer », European Journal of Medicinal Chemistry 142 (2017) 290-299.

Raeessi et al. « Coffee plus honey" versus "topical steroid" in the treatment of chemotherapy-induced oral mucositis: a randomised controlled trial.», BMC Complementary and alternative medicine. (2014) Aug 8;14:293.