Démocratie en péril : le FBI et la surveillance abusive !

Publié par Yannick Chatelain, le 18 août 2023   670

Par CHATELAIN YANNICK Professeur Associé chez GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT  GEMinsights Content Manager, Chercheur Associé à la chaire DOS.

Le FBI, jadis considéré comme gardien de la loi, est accusé de violer la vie privée de ses propres concitoyens par une utilisation abusive de la loi FISA. Yannick Chatelain analyse les dérives persistantes du service et appelle à un réexamen critique des méthodes de surveillance.

Que les pays se dotent de méthodes et d’outils pour espionner les puissances étrangères « ennemies », voire les pays « alliés », on est jamais trop prudent ; qu’ils puissent même envisager d’utiliser ces méthodes et outils pour espionner des citoyens étrangers, des personnalités publiques comme des journalistes, des politiques, des opposants… à mon avis cela choquerait à peine l’opinion publique internationale, hormis naturellement la diplomatie du ou des pays cibles, qui s’insurgeraient, cela va de soi.

Cependant, que les services de renseignements d’une nation retournent leurs outils d’espionnage destinés à la surveillance étrangère contre leur propre peuple, c’est là une tout autre affaire ; d’autant plus si ces pratiques peuvent s’opérer quasi légalement, sans en référer à aucune autorité judiciaire, sans le moindre mandat !

C’est là que « l’affaire 702 » que je vais évoquer interroge sur la réalité du respect des valeurs de nos démocraties puisqu’elle émane d’un pays qui se targue de figurer parmi les plus grandes démocraties du monde…  Avec au cœur de ce nouveau dérapage attentatoire à la vie privée le « sulfureux » et mondialement renommé Federal Bureau of Investigation (FBI).

L’objet de cet article n’est certainement pas de dresser une liste exhaustive des affaires dans lesquelles les pratiques du FBI ont été remises en cause, mais de faire un focus sur les affaires qui ont concerné la surveillance illégale des citoyens américains.

Il ne s’agit pas non plus de m’acharner sur le FBI, l’anti-américanisme primaire. Je souhaite plutôt ériger le FBI en une sorte d’étude de cas, que les lecteurs comprennent qu’il n’est pas de services de renseignements sans failles, fut-ce des services de renseignement de démocraties.

Du BOI au FBI… un peu d’histoire

L’ancêtre du FBI, le « Bureau of Investigation » (BOI) a été créé le 26 juillet 1908 par le Français  Charles Joseph Bonaparte, petit-neveu de Napoléon Ier et procureur général des États-Unis sous la présidence de Théodore Roosevelt. Sa mission première : lutter contre le crime organisé. On ne peut pas aborder l’histoire du BOI rebaptisé United States Bureau of Investigation en 1932, puis FBI en 1935, sans évoquer J. Edgar Hoover, un homme qui se révélera être la clé de voûte de cette institution emblématique, dont la devise est : Fidelity, Bravery, and Integrity, soit en français « Fidélité, Bravoure, et Intégrité ».Par-delà cette devise utilisant habilement des mots pour former le sigle FBI, permettez que j’émette quelque doute pour le dernier : l’intégrité de ce service.

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Photo credit: dalbera on Visualhunt.com Photo : Angela Davis : Son adhésion au parti communiste américain et au mouvement des  Black Panthers lui vaudra d'être surveillée par le FBI, dans le cadre du programme COINTELPRO.