Dans l'univers du DIY et de l'open source
Publié par Aurelien Conil, le 2 mars 2017 2.9k
Je suis créateur numérique, je questionne et construis la place des technologies dans notre monde.
Et si les mots comme “rendre la technologie accessible”, “Do it yourself”, “Open source” cachent bien souvent des choses, j’aime jouer, explorer, tordre, renverser ses limites. Il est évident, et personne ne l’a caché, que l’open source ne veut pas dire logiciel gratuit, accessible à tous et grand public. Il veut simplement dire que quelques fichier textes se baladent au gré de la toile et que les âmes errantes ET connaisseuse des notions d’un compilateur, peuvent obtenir ce logiciel sur leur ordinateur.
Cela ne veut pas dire que le logiciel est facile à utiliser et encore moins, qu’il a obtenu du budget pour de la communication et devenir une référence en matière de logiciel gratuit… enfin devenir accessible à tous. D’ailleurs, les logiciels qui démocratisent des véritables outils ne sont pas vraiment distribué par des géants du partage, et de la bienveillance de l’humanité (Google sketch-up, Photoshop gratuit…).
Je m’égare… mais derrière ces notions citées au début de l’article, il y une notion que j’apprécie particulièrement, c’est le “faire” . Apprendre par le “faire”. “Fais-le” toi même. Partager les moyens de le “refaire”.
J’ai eu beaucoup de mal à définir les enjeux du projet “La fabrique du rêve lucide”, car le principe même est basé sur le concept que je veux transmettre :
Se re-approprier la technologie… Avec des notions d’expression artistique.
Bam ! Autant dire que ça fait mal. Autant dire que si tu commences le discours comme ca, il faut avoir une grosses quantités d’exemples concrets à proposer par le suite, sinon tu as perdu 80% de l’assemblée.
Le Do It Yourself, n’est pas un moyen pour économiser de l’argent, peut-être dans le monde de Castorama, où l’on vous vend de la peinture pour repeindre votre cuisine en DIY. Il est vrai que ça marche dès lors que l’on s’affranchit de la main d’oeuvre locale, mais c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup moins vrai pour des chaines de productions à grosse échelle à l’autre bout du monde. Et c’est comme ça que sont produites les fameuses “nouvelles-technologies”.
Alors non, le DIY n’est pas là pour faire gagner de l’argent. Si vous refaites chez vous ce produit par exemple :
Vous pourrez difficilement obtenir son prix (150$), surtout avec cette qualité de finition. Mais alors Pourquoi ??
Pourquoi autant de brouhaha, pourquoi cet engouement pour les fablabs, pourquoi ne pas laisser les passionnés continuer à acheter leur contrôleurs de musique et laisser les enfants continuer à jouer sur iPad ?
Derrière la re-appropriation de la technologie, il y a tout d’abord :
- La démystification des technologies . Mettre les mains dans le cambouis. Accepter que l’électronique, c’est des câbles de couleur, des composants, des schémas et que dans la plupart de cas simples, il n’y a pas besoin d’avoir un bac+5 pour refaire un montage. Et du peu que j’ai pu voir, c’est une jouissance pour beaucoup de gens : réaliser que les ingénieurs ne viennent pas d’une autre planète… du moins pas tous.
- Se donner la possibilité de personnaliser. Arrêter de subir le design industriel. Et c’est peut-être le meilleur moyen de l’apprécier a sa juste valeur. Avoir la possibilité, ne serait-ce que au moins une entrevue de personnaliser son produit, c’est aussi “voir” le monde des objets d’une autre manière. C’est apprécier lorsqu’un choix d’interface, de graphisme, d’ergonomie a été bien fait. C’est aussi un moyen d’arrêter de se plaindre sur des erreurs de conceptions , lorsque l’on sait qu’avec de la motivation il serait possible de les corriger.
- C’est une vision aussi d’éducation populaire. Arrêter de considérer un consommateur comme un être servile et ignorant. Redonner des moyens, des outils, même basiques, de comprendre le monde qui nous entoure, redevenir acteur de notre monde des objets.
Et les fablabs dans tous ça ? Les fablabs sont les représentants officiels et accessibles à tous de cette philosophie. Peut être encore d’une manière jeune et naïve, de toute façon, tout ceci n’est encore qu’un début. Mais j’apprécie particulièrement deux points dans les fablabs :
1. Leur capacité à attirer des profils particulièrement différents : de la jeune famille au designer free lance, du passionné d’électronique à l’étudiant en architecture.
2. Leu partage de cette idée du faire : on essaye, même en sachant qu'on peut se râter... On essaye, quitte à corriger par la suite, on apprend par les erreurs. On apprend, on imagine, on partage.