Comprendre les réseaux pros de la CST
Publié par Flavien Etheve, le 25 novembre 2019 3.2k
Crédit photo : Alina Grubnyak
Lorsque l’on fait une rapide recherche sur internet pour comprendre ce qu’est un réseau professionnel de la Communication Scientifique et Technique, on se rend vite compte qu’il va falloir pas mal de temps pour décortiquer tout ce qui existe déjà. Deux solutions s’offrent alors à nous : utiliser un grand tableau blanc, un lot de punaises et un long fil rouge tel un agent du FBI cherchant à démanteler un réseau, ou alors partir à la rencontre d’une personne qui baigne dans le milieu depuis plusieurs années et qui connaît tous les rouages de cet univers.
En ce qui me concerne j’ai choisi la deuxième option. Je me suis donc rendu à La Casemate de Grenoble pour rencontrer Marion Sabourdy. Avec plus de neuf mille abonnés sur Twitter et son poste de Responsable Editorial Echoscience Grenoble, elle est selon moi l'une des personnes les mieux placées pour m’aider à comprendre le monde des réseaux professionnels de la CST.
Pouvez-vous me définir ce qu’est un réseau pro de la CST ?
« Le mot réseau veux tout et rien dire à la fois. A Grenoble par exemple il y a des structures culturelles qui travaillent ensemble mais ce réseau n’a pas de réalité administrative ou fonctionnelle. En revanche, il y a des réseaux qui sont un petit peu plus cadrés comme l’AMCSTI qui, en tant qu’association, bénéficie d'un bureau, d’un directeur et fait des choses plus concrètes (réunions, travail sur des projets…). »
Et si vous deviez donner une définition précise ?
« Il s’agit d’une entité formelle ou informelle qui anime un certain nombre de personnes ou de structures de culture scientifique. Le but du jeu d’un réseau est de valoriser ses membres en les aidant à travailler et monter des projets ensemble. Pour cela il y a des outils comme une conférence annuelle ou un bulletin dans le cas de l’AMCSTI. Une fois que des actions sont faites, le réseau fait en sorte de les diffuser afin de valoriser ses membres et leur permettre de s’épanouir. »
Maintenant que l’on a compris ce qu’était un réseau professionnel de la CST, intéressons-nous aux différents réseaux. On en trouve pour tous les goûts, que ça soit au niveau national avec l’AMCSTI, européen avec l’ECSITE ou plus local. Il existe également des réseaux spécifiques à chaque profession. Par exemple, la Guilde des Vidéastes est le réseau des vidéastes scientifiques de YouTube. Ils étaient chacun isolés dans leur coin et en voulant se professionnaliser ils ont créé ce réseau afin d’être pris au sérieux, être payé et bénéficier d’un soutien administratif. La guilde des vidéastes n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, il existe également l’association des journalistes scientifiques.
Il est donc très facile pour un étudiant de se perdre dans la multitude de réseaux déjà existants.
Si par exemple demain je monte un centre de culture scientifique, comment choisir le réseau dans lequel je veux être ? Plutôt l’AMCSTI pour le national, plutôt la région ou alors rester sur Grenoble ?
« Tout ça en même temps mon capitaine ! Être très petit ou modeste n’est pas une limite. Tu peux te positionner dans un réseau ultra local mais aussi dans des réseaux plus larges. Par contre te mettre directement dans un réseau européen est peut-être un peu complexe car tu n’es pas encore bien identifié et risque de manquer de financement pour te déplacer en Europe. Notre crédo à la Casemate est : plus tu es présent, actif et visible dans pleins de réseaux et mieux c’est pour toi ! »
Qu’est-ce que pourront alors m’apporter chacun des réseaux ? Qu’ils soient nationaux ou locaux ?
« Si tu crées un CCST demain en Ardèche, parce qu’il n’y en a plus malheureusement, tu vas devoir t’inclure dans plusieurs réseaux. Au niveau local pour rencontrer les politiques et les autres structures culturelles, au niveau régional pour collaborer et partager tes expériences avec tes collègues CCST mais aussi parce que la région finance beaucoup de projets et enfin au national avec l’AMCSTI parce que même si tu es petit tu peux faire des trucs bien qui méritent d’être reconnus. Soit tu cherches à faire un travail de visibilité « coucou j’existe regardez-moi », soit tu as plus d’ambition et tu vas trouver deux ou trois acteurs au national avec qui mener des projets. »
Avez-vous un conseil à donner à vos étudiants ou à n’importe quel professionnel qui débute ?
« Mon conseil pour vous en tant qu’étudiant, en plus de faire de la veille, c’est de créer votre propre réseau en rencontrant le maximum de personnes. Rentrez aussi de vous-même dans certains réseaux en fonction de ce qui vous plaît. Faire son propre réseau c’est rencontrer des gens que plus tard tu pourras mobiliser. Cela pourra à un moment donné t’être utile et t’ouvrir des portes pour ton boulot. »
C’est ainsi que se sont passés vos débuts en tant que professionnelle ?
« Quand j’étais étudiante j’étais beaucoup sur Twitter et les réseaux sociaux et c’est grâce à ça que j’ai fait la connaissance de Laurent Chicoineau, mon futur patron à l’époque (ancien directeur de La Casemate). Je l’ai rencontré parce que je participais à des événements de culture scientifique et je l’avais interviewé à Bordeaux en tant que jeune professionnelle. J’avais déjà donc ce premier contact avec lui ce qui a facilité l’entretien d’embauche. Certains diront que c’était du piston, mais en l’occurrence je ne le connaissais pas avant, ce n’était pas un ami de la famille par exemple. Ça fonctionne comme ça. Si tu es inconnu, si tu ne connais personne, si tu ne fais pas l’effort de rentrer dans n’importe quel réseau tu pars avec des chances en moins par rapport à quelqu’un qui est hyperactif sur pleins de réseaux. »
« Bon après être dans pleins d’associations et être bénévole dépend aussi de ton énergie et ton engagement. Tu ne peux pas être membre actif dans 10 associations. Il faut à un moment donner choisir. C’est à titre personnel mais à titre de structure aussi. Tu ne pourras pas donner autant à 10 ou 15 réseaux, tu dois réussir à repérer quels sont les plus porteurs. »
Les réseaux professionnels de la CST sont aux premiers abords aussi complexes que la présence des tutelles pour les laboratoires de recherche : il y en a énormément et s’y retrouver n’est pas une mince affaire. Cependant ce qui les différencie des tutelles, c’est le fait d’être libre de les intégrer en fonction de nos centres d’intérêts personnels et de nos besoins professionnels. Aussi important que d’intégrer des réseaux tels que l’AMCSTI ou l’ECSITE, créer son propre réseau informel au fil de ses rencontres et expériences est indispensable pour mener à bien ses projets et se faire connaître dans le monde de la CST.
Remerciements à Marion Sabourdy.
Flavien Etheve
Pour aller plus loin :
Guilde des Vidéastes : https://guildedesvideastes.org/
Programmation des évènements de La Casemate, tête de réseau du réseau CST d’Isère : https://lacasemate.fr/programmations/
Rapport d’activité Inmédiats, projet ayant mobilisé un réseau de plusieurs centres de cultures scientifique en France dont La Casemate : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01726359/document