L’art-thérapie serait-elle une discipline scientifique ?
Publié par Aude Grezy, le 17 décembre 2019 9.4k
« Il y a quelques années, l’art-thérapie était encore considérée comme une médecine parallèle. Aujourd’hui, elle est reconnue comme une médecine complémentaire. ».
Ce sont les mots de Fabrice Chardon, docteur en psychologie, co-responsable pédagogique du DU d’art-thérapie de Grenoble, et directeur de recherche à l'AFRATAPEM. Il est intervenu Jeudi 12 décembre à Grenoble, pour une conférence tout public sur le thème de l’art-thérapie.
Pour cause, ce sont dans les amphis de l’université de médecine qu’a eu lieu cette soirée, preuve d’une reconnaissance de plus en plus importante de l’art-thérapie par la médecine. D'ailleurs, c’est d’abord une intervention du Professeur Mireille Mousseau, cancérologue Grenobloise et également co-responsable du DU d'art-thérapie de Grenoble, qui a ouvert la séance. Puis Fabrice Chardon s’est exprimé. Parmi les points abordés, il a d'abord redéfini la notion d’art au regard de l’humain : « L’art est une activité humaine (et exclusivement humaine) volontaire (et il insiste sur l’intention : pas d’art sans intention), orientée vers l’esthétique ».
C'est cette notion d’intention qui permet entre autre dans le soin de stimuler l’engagement des malades, les aidant à devenir acteur de leur parcours de soin, souvent subi : « Potentialiser les pouvoirs de l’art pour engager la personne ».
Puis il nous a parlé des effets éducatif, relationnels, ou encore d’entrainement de l’art-thérapie. Mais attention. Il insiste sur le fait que l’art-thérapie est un champ médical. Il ne suffit pas de faire rentrer un artiste dans un centre de soin pour pratiquer l’art-thérapie, car dans ce cas il s'agit plutôt d'un atelier d'art.
Ce dernier a évidemment de nombreuses vertus, grâce au pouvoirs inhérents de l'art et de la pratique artistique. Mais, la démarche de l’art–thérapie quand à elle, se différencie car basée sur une méthodologie de soin. Elle met en jeu un protocole thérapeutique, des indications, et surtout des objectifs : On est dans le champ médical, dans le soin ! "Le pouvoir de l'art est alors au service de la thérapie" : c'est l'art-thérapie.
C’est finalement une série de cas cliniques qui a été présentée par l'une de ses collaboratrices, pour étayer ses propos. Les cas sont présentés à la fois avec des descriptions humaines, et avec des mesures objectives des progrès des patients. Et c'est bien surement là que l'art-thérapie tire sa force : l'humanité de l'art, et l'objectivité de la science...
Le mot de la fin ? « L’art–thérapie ne guérit pas... mais elle donne sans doute envie de guérir ».