Les réseaux sociaux nous enferment-ils dans nos bulles ?
Publié par La Casemate, le 12 mai 2022 1.1k
Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry. L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !
La chronique du 12 mai, par Agathe Julliard, en son et en texte ci-dessous :
Sur RCF Isère, c’est l’heure de retrouver l'Écho des médias. Aujourd’hui, nous retrouvons Agathe Julliard, chargée des partenariats et des relations aux entreprises à La Casemate. Vous allez nous présenter les dernières nouvelles d’Echosciences Grenoble. Bonjour Agathe !
Bonjour Nicolas !
Alors aujourd’hui on va parler des algorithmes des réseaux sociaux ?
Tout à fait, et plus précisément des phénomènes qu’on appelle “bulles de filtres algorithmiques" et qui orientent les contenus qu’on consomme par exemple sur facebook ou instagram.
Ah oui, j’en ai déjà entendu parler, c’est à cause de ça qu’on a des publicités ciblées il me semble. Alors qu’est-ce que c’est alors une bulle algorithmique ?
Oana Goga, du collectif CheckmyNews qui étudie le ciblage d’informations sur Facebook, explique que les bulles de filtre sont la conséquence de deux mécanismes : les algorithmes et l’homophilie.
- D’abord, les algorithmes; ils sont implantés sur toutes les plateformes qu’on parcourt tous les jours. Ils apprennent de nous, de nos likes ou du temps passé devant une vidéo, pour construire une sorte de portrait robot de nous-mêmes. Plus le portrait robot est alimenté, et plus la plateforme pourra anticiper le contenu qu’on est susceptible d’aimer.
- Ensuite, l’homophilie, c’est simplement la tendance qu’on a à s’entourer de nos semblables. Il s’agit d’ailleurs d’un biais social qui n’est pas forcément lié à internet - il a juste été amplifié avec les réseaux sociaux.
Ok, donc si je comprends bien, les bulles de filtre sur les réseaux sociaux se créent au fur et à mesure de notre activité propre, et sont ensuite auto-entretenues par homophilie. J’imagine que si vous m’en parlez aujourd'hui, c’est qu’elles ne sont pas si anodines…
Exactement. Prenons d’abord les algorithmes. Quand Netflix me suggère une nouvelle série parce que j’ai regardé ces deux autres, c’est assez innocent. En revanche, quand Facebook sélectionne les articles et vidéos politiques qui apparaissent dans mon fil d’actualité, cela devient problématique. Cela peut influencer mon opinion, me faire douter, et même m’amener à modifier mon comportement - par exemple, je vais arrêter de porter un masque ou décider de ne pas aller voter.
En ce qui concerne le biais d’homophilie, le résultat direct est assez évident : on est confronté en permanence à un seul point de vue : le nôtre. Tout ce que je vais être amenée à lire valide mon avis, et toutes les personnes avec lesquelles je vais échanger s’offusquent des mêmes choses que moi.
Alors cette bulle est peut-être confortable au début Nicolas, mais à terme… c’est piège pour l’esprit critique. Le foisonnement des théories complotistes et des fake news bénéficie largement de ces mécanismes.
Allez, j’ai une dernière question pour vous : comment peut-on agir pour ne pas se laisser enfermer dans les bulles de filtre ?
Quelques projets d’intelligence artificielle proposent déjà de tagger les fake news sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas complètement déployés, mais la technologie est prometteuse.
Mais je dirais qu’au-delà des solutions techniques, plus on parle de ce phénomène, mieux c’est. Être lucide et conscient de l’envers du décor des réseaux sociaux c’est déjà reprendre le contrôle. N’oublions pas que leur business model, c’est nous.
Plus globalement, il est crucial d’éduquer les populations : il faut continuer à enseigner la méthode scientifique, il faut encourager les touts petits à développer une pensée critique, il faut se nourrir d’opinions diverses.
Hé bien merci Agathe pour cette piqure de rappel sur l’accès à l’information et notre usage des réseaux sociaux. Bonne journée !
Au revoir Nicolas !
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