Atelier CST #6 : Comment dynamiser ses conférences ?

Publié par L'Ouvre-Boîte - Université Grenoble Alpes, le 8 février 2019   4k

Les professionnels scientifiques sont régulièrement amenés à présenter leurs travaux à l’oral, lors de congrès à destination de leurs pairs ou pour des évènements grand public. Les conférences en amphithéâtre ou dans de grandes salles instaurent souvent une distance entre l’orateur et l’auditoire : alors comment réussir à dynamiser ses conférences et favoriser l'interaction avec son public ?

Afin de trouver des pistes de réflexion, nous avons accueilli pour ce 6ème Atelier de la CST Noémie Lozac'h Villain, formatrice à l'Ecole de la médiation et auteure de cet article !

Quelle est votre pire expérience de conférence ?

Les réponses à cette question peuvent porter sur l’organisation, les conditions logistiques, la qualité des contenus et des supports utilisés... Souvent, les anecdotes font remonter des incompréhensions entre intervenant.e et publics :

  • Inadéquation entre le contenu et le niveau ou les attentes
  • Manque de clarté du discours ou des supports
  • Manque de charisme ou difficultés oratoire....

Pour pallier à ces travers récurrents, nous avons proposé de questionner le cadre de la conférence, qu’on définir ainsi :

"Un ou quelques intervenant.es transmettent de manière frontale et descendante des connaissances à un grand public considéré comme moins expert"

Au cours de l’atelier, nous avons interrogé la place du public dans une conférence, et la forme de celle-ci. Sans chercher à pervertir ce format, il a été proposé d’aller puiser des idées dans d’autres formats de diffusion de connaissances scientifiques (débats, rencontres informelles, jeux…).

Les participants racontent leur pire souvenir de conférence lors d'une session post-it !

Organiser une conférence : les questions essentielles

Une conférence est une rencontre entre une structure organisatrice, un.e conférencier.e et des publics. Beaucoup de difficultés découlent d’un manque de mise au point au début du projet. Pour bien définir le cadre de l'événement, on peut noter 3 questions essentielles à poser aux différentes parties prenantes :

  • Quels sont les enjeux stratégiques de l’organisateur ?
  • Quels sont les besoins / les attentes des publics ?
  • Quelles sont les motivations de l’intervenant.e pour participer à cet évènement, quelles sont ses craintes ou réserves ?

S’assurer en amont que les objectifs des différents acteurs vont dans le même sens permet bien souvent d’éviter des déconvenues, et de mieux communiquer le sujet et les modalités de la conférence.

Choisir un degré de participation satisfaisant

Afin de communiquer clairement le cadre de votre rencontre, il conviendra que les organisateurs et les intervenant.es se mettent d’accord sur le degré de participation globale souhaité. 

Participation de type consultatif

  • L’intervenant.e prend la parole pour un discours construit et préparé à l’avance
  • Il.elle interroge les publics pour vérifier leur compréhension
  • Des espaces, prévus à l’avance, (à la fin de chaque partie par exemple), cadrés dans le temps et dans le sujet sont offerts aux publics pour exprimer leurs questionnements.
  • Les objectifs sont avant tout des objectifs d’apport de connaissance 

Participation de type collaboratif

  • Le temps de parole de l’intervenant.e est davantage partagé avec celui des publics.
  • Dès le départ, chacun.e est invité.e à s’exprimer pour apporter des suppléments, infléchir éventuellement le cours de la rencontre.
  • Le discours de l’intervenant.e, s’il est préparé, s’adapte également beaucoup aux interventions des publics. Aucune intervention, aucune question n’est considérée comme hors sujet.
  •  Aux objectifs d’apport de connaissance s’ajoutent du savoir-faire relationnel : changement d’image sur les sciences et les professionnel.les scientifiques, engagement citoyen, confrontation à la diversité des points de vue, développement de l’esprit

Choisir le bon degré d'interaction, en cohérence avec les objectifs et le contexte de la conférence

S'appuyer sur les temps de questions pour favoriser les interactions

La préparation de temps de questions-réponses est primordiale. Elle influencera énormément le type d’interactions produites ainsi que l’atteinte des objectifs et des intentions des différentes parties prenantes. Prenez le temps de mettre en scène certains moments de la conférence pour répondre à vos besoins. Ces séquences impliquent les publics, qui donnent du sens à ces nouvelles connaissances. Elles permettent un changement de rythme bénéfique à l’attention des publics. Voici quelques idées non exhaustives d’activités à organiser au cours d’une conférence !

Le tour des questions : scénariser les temps de questions/réponses

  • Débuter la rencontre par la liste des questions que tout le monde se pose sur le sujet. Seul.e ou à plusieurs, les participant.es listent toutes leurs interrogations.
  • Puis les groupes piochent les questions des autres et cherchent des premiers éléments de réponse
  • Le.la conférencier.e intervient dans un second temps pour compléter les réponses apportées.

Les objets symboliques : rendre la rencontre plus concrète

  • Amener des supports réels ou symboliques du sujet traité
  • Faire se confronter les représentations, l’imaginaire des publics à ceux de l’intervenant.e
  • Faire réfléchir le groupe autour d’un objet pour s’imaginer ce que ça peut être, son utilisation, quel est le lien avec la conférence…
  • L’intervenant.e ne juge pas les réponses, mais réagit, complète, explique pourquoi il a choisi cet objet

Le débat mouvant : visualiser les datas et la diversité des opinions

  • Faire se déplacer les participants en fonction de leur réponse à une question
  • Les déplacements peuvent être statiques (debout/assis, lever un bras/lever une jambe…) ou dans l’espace (gauche/droite, devant/derrière…)
  • Cela permet une visualisation rapide des votes, et un engagement physique
  • Variante numérique : de nombreuses applications permettent de réaliser des votes dans une assemblée. Soit à partir en allant sur un site via son smartphone (mentimeter, slido, klaxoon…), soit en recevant des codes-barres imprimés, qui sont ensuite scannés par les organisateurs (plickers)

Utilisation de Mentimeter pour réaliser un sondage en direct

Les jeux de discussion : créer un espace de discussion favorisant les échanges et les débats

  • Par petits groupes, demander aux participant.es de classer des cartes autour d’une question éthique, d’un choix de société, de leur point de vue.
  • Par exemple, ces applications vous semblent-elles plus ou moins souhaitables ?
  • Chaque groupe partage son classement via une application en ligne. Un temps d’échange pour expliciter les divergences et les débats peut-être ensuite mis en place.
  • Une telle activité permet de clarifier sa propre opinion et savoir l’argumenter, d’entendre et comprendre les opinions qui diffèrent de la nôtre.

La conférence dont vous êtes les héro.ines : permettre aux publics d’influencer le cours du discours

  • L’intervenant.e aura préalablement prévu une présentation non linéaire. A plusieurs moments, il est possible d’aborder un point ou un autre, de choisir de tester une hypothèse ou l’autre.
  • Pendant la conférence, les participant.es sont invité.es à voter via une application. Quelle suite souhaite-t-on donner à la conférence ? Quel choix fait-on ?
  • Cette mise en récit de la conférence la rend plus vivante et impliquante

Pour aller + loin

Vous pouvez télécharger la fiche outil "Questionnement et reformulation", à garder à portée de main pour retenir l'essentiel !

Pour être tenu au courant des prochains ateliers de la CST, n'hésitez pas à consulter régulièrement le site de la Direction de la culture et de la culture scientifique de l'Université Grenoble Alpes et à nous suivre sur les réseaux sociaux à travers le hashtag #AtelierCSTUGA !

Vous pouvez également retrouver les résumés et fiches pratiques des précédents ateliers sur le dossier Echosciences dédié !


Cet article a été rédigé par Sandy Aupetit, chargée de médiation scientifique à la Direction de la culture et de la culture scientifique de l'Université Grenoble Alpes.