Art nouveau et turbines au musée de la Houille blanche
Publié par Marion Sabourdy, le 29 juillet 2013 6k
D'une maison familiale à un musée sur la thématique de l'histoire industrielle et ouvrière, la Maison Bergès / Musée de la Houille blanche ne finit pas d'étonner. Visite.
A vingt minutes de Grenoble, adossé au massif de Belledonne, Lancey, près du village de Villard-Bonnot accueille la Maison Bergès / Musée de la Houille blanche. Deux noms et deux identités pour un seul lieu, la maison familiale de l’ingénieur Aristide Bergès, à qui l’on doit la promotion de l’hydroélectricité et de ses usages.
L’entrepreneur et inventeur de la fin du 19ème siècle s’y installe au milieu des années 1880. Formé à l’Ecole centrale des Arts et Manufactures, Aristide Bergès s’intéresse très tôt aux applications qu’il peut tirer de la puissance des torrents de montagne. Il construit sa toute première conduite forcée, de 200 mètres de dénivelé et l’utilise pour alimenter sa papeterie en énergie. Il est également à l’origine du premier barrage des Alpes, sur le lac du Crozet et de l’expression « houille blanche » lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1889, qui désigne l’hydroélectricité, par opposition à la houille noire, le charbon. Ses travaux bénéficient grandement à Grenoble, qui vit sa « seconde révolution industrielle » grâce à l’électricité. En 1925, la ville accueille même l’Exposition internationale de la houille blanche et du tourisme.
La visite de sa maison, inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, a de quoi étonner. Ceux qui s’attendraient à voir uniquement des turbines seront surpris devant les papiers peints aux volutes de fleurs, la chambre décorée du peintre Mucha, les deux halls relevant de l’éclectisme et de l’Art nouveau ou encore les multiples œuvres d’art d’un des fils Bergès… « La technique est présente, mais il s’agit surtout d’un musée mêlant histoire industrielle et patrimoine artistique » explique Frédérique Virieux, médiatrice et guide au musée.
Ouvert depuis juin 2011 suite à des travaux, le musée est sous la responsabilité de Sylvie Vincent depuis janvier dernier. L’arrivée de ce conservateur en chef du patrimoine s’accompagne de nouveaux projets. « Le Conseil général de l’Isère souhaiterait faire évoluer le musée vers la thématique de l’histoire industrielle et ouvrière, explique-t-elle, il existe plusieurs musées en France sur l’histoire de l’industrie mais aucun à ma connaissance qui privilégie l’homme et la classe ouvrière ». Un thème original que les anciens ouvriers de l’usine, fermée en 2008, appelaient de leurs vœux.
Dès le mois de juin, ils auront l’occasion de visiter une exposition de photographies historiques et contemporaines sur l’histoire de la papeterie. « Les photos retraceront les grandes étapes du site, des origines en 1869 jusqu’à la récente fermeture, et le démontage de l’emblématique machine 8, la plus grande machine à fabriquer du papier en Europe lors de son installation dans les années 1960 ». Cette exposition s’accompagnera de la mise en place d’une signalétique dans le jardin entourant la maison, afin de compléter la visite. « Des cartels signaleront et expliqueront les bâtiments industriels, pour les mettre en lien avec la maison ». Autant de projets qui feront évoluer petit à petit la Maison Bergès / Musée de la Houille blanche. Une bonne occasion d’y aller… ou d’y revenir.
>> Illustrations : © Conseil général de l’Isère / Denis Vinçon, coll. Maison Bergès-Musée de la Houille blanche & Eric Robert + Frédérique Virieux