STMicroelectronics et le CNRS renouvellent leur accord
Publié par Marion Sabourdy, le 16 avril 2012 6.1k
L'entreprise et le CNRS raffermissent leurs liens, au niveau local et national. Une collaboration franco-française à suivre de près.
C’est harnachés de pied en cap dans des habits de protection bleus que nous pénétrons dans la salle blanche du site de STMicroelectronics (ST) de Crolles, près de Grenoble. Là, des wafers – ou plaquettes de silicium - de 200 et 300 mm sont conçues dans des salles impeccables à l’atmosphère futuriste. Les boîtes de wafers transitent d’une machine de contrôle à une autre via un système automatisé au plafond. STMicroelectronics est bien l’un des leaders mondiaux sur le marché des semiconducteurs, avec 53 000 salariés, 78 points de ventes dans 36 pays et près de 10 milliards de dollars de chiffre d’affaire en 2011.
C’est dans ces locaux de Crolles que la société et le CNRS ont décidé d’officialiser le renouvellement de leur accord cadre de coopération et de recherche, pour une durée de cinq ans. Le précédent accord, signé en 2001, a été à l’origine de nombreuses collaborations : mise en place de laboratoires communs, encadrement de 500 thèses ou encore création de start-up… Les thèmes de recherche touchent autant des produits de la vie courante (télécommunications, radars anti-collision dans les voitures, imagerie en médecine…) que des outils de plus grande envergure. Par exemple, la société et le Laboratoire de l’intégration du matériau au système (IMS) à Bordeaux ont conçu les circuits intégrés placés dans les têtes radiofréquence des antennes du télescope ALMA (Atacama large millimeter/submillimeter array) implanté à 5000 mètres d’altitude dans le nord du Chili.
« Jusqu’ici, l’innovation consistait à réduire la dimension des transistors, rappelle Jean-Marc Chéry, directeur technique de STMicroelectronics, maintenant, on cherche à améliorer le traitement de l’information et l’accès à la mémoire et ce, le plus rapidement possible, pour un prix le plus modique possible ». Le but affiché étant à terme la « convergence multimédia », c’est-à-dire la possibilité de bénéficier de toutes les technologies présentes chez soi ou à son bureau (traitement de texte, vidéo, internet…) directement sur un seul support (smartphone ou tablette).
« Le renouvellement de cet accord cadre, permettra à nos sites français de R&D technologique de lancer des collaborations directement au niveau local avec les équipes du CNRS, sans passer par le niveau national » indique Gérard Matheron, directeur du site ST de Crolles et vice-président du groupe recherche et développement et affaires publiques. A Grenoble, cela sera le cas avec le tout jeune Institut de recherche technologique (IRT) NanoElec, qui concerne la nano-électronique. Il est porté par le CEA, en partenariat avec les acteurs académiques, dont le CNRS, et les entreprises telles que STMicroelectronics ou Soitec.
Le but est de rassembler les compétences de l’industrie et de la recherche publique dans une logique de co-investissement public-privé et de collaboration entre tous les acteurs. « L’écosystème grenoblois est très actif et STMicroelectronics a l’habitude d’y tisser des relations avec les équipes universitaires bien plus qu’ailleurs » avance Gérard Matheron. Il souligne d’ailleurs le rôle prépondérant du CEA-Leti, véritable interface entre les industries et les équipes de recherche, et celui, souvent moins considéré, des petites entreprises, des pôles de compétitivité comme Minalogic ou des collectivités locales.
>> Illustrations : STMicroelectronics