Les multiples visages de la Rive Droite de l’Isère
Publié par Jean-Pierre Charre, le 22 octobre 2012 4.9k
Jean-Pierre Charre nous propose de parcourir l’espace et le temps avec une petite balade au fil de l’eau.
La Rive Droite de l’Isère, mince liseré de constructions entre rivière et colline, qui ne s’élargit qu’à son extrémité aval, comporte une succession de tronçons. En amont, le quai des Allobroges est la première manifestation de l’urbanité, après l’interruption rocheuse du bâti. Il s’arrête sur un ensemble patrimonial constitué de deux entités :
>> La première est constituée de plusieurs bâtiments, dont celui qui accueille aujourd’hui le Centre de culture scientifique, technique et industriel et la Maison pour tous. C’est un ouvrage en maçonnerie principalement destiné à abriter du matériel (casemate passive). Il domine un parking, autrefois fossé rempli d’eau (douve), que domine, du côté de l’éventuel assaillant, un glacis perché (« tertre »). Il est accolé à la porte Saint-Laurent, que fermait un pont-levis, qui comporte une porte principale à double battant et deux portes piétonnes, que défendent des bretèches.
>> La seconde entité est le Musée archéologique Grenoble - Saint-Laurent. Implanté sur un lieu patrimonial majeur, il va des mausolées du IVème siècle à l’église du XIX ème, en passant par un sanctuaire des premiers temps chrétiens pourvu d’une crypte du VIème. Depuis peu, il est mis en valeur par une scénographie spectaculaire utilisant le pouvoir d’évocation des technologies numériques [ndlr : lire notre article sur le musée].
Suivons la rue Saint-Laurent, le « cœur » de la rive, encadrée par quatre rangées de maisons, deux de chaque côté, dont une récente, apparue lors de la construction des quais, qui gagnèrent sur l’Isère. Elle est en train de changer de forme et d’usage (redistribution de l’espace, réfection des sols, piétonisation).
Au bout de la rue, s’étire le quai Perrière, autrefois rue se terminant sur la porte Perrière et qui, devenu quai par la démolition des maisons bordant la rivière, fut doté d’un embarcadère, la navigation étant encore active lors de sa construction. Il est marqué par les pizzerias, rappel du temps de l’immigration italienne.
S’ensuit le quai de France, occupant un espace créé par l’extraction de la pierre et dominé par le front de taille. Il associe des constructions composites et un ensemble récent, dans l’élargissement précédant le promontoire du Jardin des Dauphins. Il s’achève par la Porte de France, symétrique et contemporaine de la porte Saint-Laurent, mais plus somptueusement traitée, car elle ouvrait sur le Royaume, alors que celle de Saint-Laurent devait arrêter le Savoyard. La porte de France n’en est pas moins défensive et était autrefois encadrée de remparts.
Notre balade s’achève avec l’ensemble route de Lyon-Esplanade, le seul tronçon où il y ait de la place entre colline et rivière. Constitué de bâtiments mixtes, il s’arrête sur une troisième limite fortifiée de la ville. Il va être impacté par l’une des grandes opérations actuelles de densification, comportant 1300 logements et une tour phare, qui fera disparaître le seul espace libre proche du centre ville.
Malgré son apparente homogénéité et immuabilité, la Rive Droite est diversifiée et elle a sans cesse connu adjonctions, destructions et réutilisations du bâti. Et elle va encore en connaître. Elle participe à la vie de la ville et, notamment, illustre son extension vers l’ouest.
>> Illustrations : Bibliothèque d’Etude et d’Information, Ville de Grenoble