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Une Saison...

Jour 5 // A pleins poumons ?

Publié par Muséum De Grenoble, le 30 octobre 2018   2.1k

Suite à ce long voyage à bord de l’OSUGUS, quel plaisir de poser les pieds sur la terre ferme et de respirer son grand air ! 

Mais attendez, vous sentez ?

IGE, voulez-vous vérifier la qualité de l’air de cette planète pour nos passagers ?



L’équipe CHIANTI de l’IGE, améliore les méthodes d’analyse de l’air et interrogent nos pratiques. Au-delà des enjeux de connaissance, c’est l’évaluation même de nos dispositifs d’alerte que ces « chimistes de l’atmosphère »  interrogent, posant la question de ce qu’il faut véritablement mesurer pour protéger les populations et notre planète.

Le saviez-vous ?

Contrairement aux idées reçues, nous respirons en grande partie des particules naturelles telles que des sels de mer, la poussière du sol,  des pollens de plantes … Ces particules atmosphériques permettent la formation des nuages et donc du cycle de l’eau sur la Terre. Elles contribuent aussi à la fertilisation des océans. Les gaz et les particules produits par l’Homme représentent moins de la moitié de notre « aérosol urbain » en moyenne, mais ils ont un impact sur notre santé. Ils se mélangent pour former un cocktail potentiellement néfaste, pas toujours perçu par nos sens.

Voir le Supplément Métro sur la Qualité de l’air

Demain, les méthodes d’analyse  « on line », menées sur place en direct et en temps réel, remplaceront peu à peu la méthode « off line » la plus utilisée aujourd’hui. Cette dernière collecte les particules sur un filtre analysé ensuite en laboratoire, hors de leur contexte gazeux d’origine. Elle prive donc les chimistes d’une partie importante de l’information.


Laisser-moi vous expliquer quel est le véritable problème de cette pollution atmosphérique et ce n’est pas forcement (contrairement à ce que l’on pense), la « faute » des poêles à bois !

La qualité de l'air dépend de l'émission de substances polluantes par différentes sources comme les industries, les transports, les sources tertiaires et domestiques mais dépend également des conditions météorologiques. En effet, la climatologie (vitesse et direction du vent, température, rayonnement, pression atmosphérique…) influence le transport, la transformation et la dispersion des polluants.

Voir l’influence de la météo en schéma

Dans sa thèse de doctorat, Julie Allard de l’IGE développe des méthodes pour évaluer si la modernisation du chauffage au bois diminue vraiment la concentration en suies dans la vallée de l’Arve. Elle a, avec toute l’équipe CHIANTI, étudié le phénomène dans son ensemble, en tenant compte des apports extérieurs à la vallée et des importants aléas dus à la « météo ». Et là, les résultats sont sans appel : l’inversion des températures, typique des vallées encaissées de montagne, crée un « plafond » d’air froid (avec au-dessus de l’air chaud) qui bloque et concentre les particules 6 à 7 fois plus qu’au-dessus du plafond.

Graphique expliquant comment la météo «piège» la pollution via le phénomène d'inversion de température.
Graphique présentant l'influence de la météo de Julie Allard (IGE). La concentration en suies suit parfaitement la courbe de variation de température : la réduction des émissions est insuffisante à réduire les problèmes d’enfumage de la vallée car l’inversion des températures, phénomène météorologique bien connu des vallées de montagne concentre les fumées en fonds de vallée.

Alerter la population : mais sur quoi ?

Aujourd’hui, les seuils d’alerte règlementaires sont basés sur la masse des particules que nous respirons et les particules les plus fines ne sont pas bien prises en compte dans ce seuil car trop « légères ». Ce sont pourtant celles qui saturent chimiquement nos poumons et détruisent sa capacité naturelle à «oxyder » les polluants. Plus elles sont en quantité importante, plus nous tombons malades. 

Voir le jeu des particules entrant dans nos poumons dans l’exposition au Muséum de Grenoble.

Les recherches menées par le groupe de CHIANTI ont pour objectif de mesurer directement la concentration en particules selon leur « potentiel oxydant », c’est-à-dire leur nocivité sur les poumons. Plusieurs sites sont concernés en France comme le bord de la rocade grenobloise.


C’est bon capitaine, j’ai analysé les particules atmosphériques et tout est en ordre, l’air est respirable, il n’y a aucun danger pour les passagers.


Vers la suite de l’aventure : Jour 6 // Le défi du capitaine

Voir le Jour 4 // Débarquements et tremblement


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