Pour un divorce citoyen dans le respect de soi et de l’autre
Publié par Jean Claude Serres, le 13 avril 2016 2.9k
Que ce soit en tant que personne directement concernée ou en tant que proche cherchant à aider, le divorce reste une épreuve difficile, douloureuse et chargée de culpabilité. Quand un ménage se désagrège, le vocabulaire souvent très pauvre comme les représentations chargées d’affects et de jugements induisent à des douleurs psychiques, à des souffrances qui laissent des cicatrices très longues à se refermer.
Comment
pourrait-on engager un processus de séparation dans une posture citoyenne et
responsable, dans le respect de chaque personne concernée et peut être même
avec un peu de bienveillance réciproque ? Cela peut paraître utopique sans
doute mais le pari vaut d’être tenté.
Trois
types d’enjeux sont à prendre en compte : les enjeux sociétaux, les enjeux
personnels et les enjeux symboliques.
Enjeux
sociétaux
L’histoire somme toute très récente des familles recomposées s’inscrit dans l’évolution de la démocratie depuis 1789, dans la volonté de chaque personne à disposer de son libre arbitre, du statut libre penseur. Dans l’évolution de cette libéralisation des droits de chacun à penser par soi même, sont advenus les divorces et demain viendront les divorces entre parents et ados.
Un
des facteurs aggravant sinon la fréquence des divorces mais en tout cas les
souffrances induites est le manque de préparation initiale. La personne qui se
retrouve confrontée à un processus de séparation se retrouve démunie pour faire
face aux contraintes institutionnelles, symboliques psychiques et
pratiques
Enjeux
personnels
Engager un processus de séparation dans une posture citoyenne reste donc à l’initiative de chaque personne concernée. Engager un processus citoyen, responsable et bienveillant, particulièrement pour le partenaire qui prend l’initiative consiste à se respecter et à respecter le conjoint dans la double perspective de réduire les traumatismes et d’inscrire le processus dans une reconstruction possible et positive.
La
nature et la qualité du processus de séparation est déjà inscrit en filigrane
dans l’engagement à vivre ensemble et dans son développement. C’est pourquoi il
est utile maintenant d’aborder les enjeux symboliques
Enjeux
symboliques.
Le
divorce symbolique caractérise la capacité à prendre conscience, à
diagnostiquer, à visualiser dans la projection du futur du couple comme de
chacun des partenaires, les multiples bifurcations que le quotidien brouille
dans les urgences du moment. Le divorce symbolique pourrait caractériser ce
processus de régulation, de formalisation et de partage des évolutions de
chacun, et ainsi des engagements de chacun dans le devenir du couple.
Pour
un processus de transformation du couple citoyen et responsable.
Le
processus de séparation devrait se transformer en un processus de
transformation permanent des êtres et de leurs relations aux autres. Le
processus de transformation du couple permet à chaque point d’inflexion ou de
bifurcation de récolter les fruits murs et de donner ainsi les graines et la
nourriture à un autre devenir partagé. Quand la rupture du couple devient
inévitable, c’est sans doute que le fruit trop mur est devenu blette,
inconsommable. Il tombe de lui même à terre, le couple aura ainsi à faire acte
de la décision de rupture sans avoir eu les traumatismes induits par une
décision projetée dans le temps, trop coûteuse en énergie et en souffrance,
immature en quelque sorte.
Cette
problématique pourrait aussi être abordée dans une autre dimension : le
divorce entre communautés de destins dans une communauté de territoire
Pour aller plus loin
Comment
aborder un contexte de divorce ?
La multiculturalité : l'impensable français
communautés de territoire - communautés de destins