Entrer en résonance ? - VI
Publié par Jean Claude Serres, le 5 mars 2024 920
En réfléchissant à la nature d’une rencontre profonde bien explicitée par le philosophe Charles Pépin il me semblerait à première vue qu'entrer en résonance avec une autre personne est la meilleure façon de ne pas la rencontrer.
Nous devons discerner et construire pour pouvoir avancer. L’activité de penser se réalise en notre fort intérieur, notre intimité cérébrale. La parole intérieure s'inscrit dans des langages internes plus vastes et performants que les langages externes qui nous servent à communiquer avec les autres.
Dans le champ de réflexion de la parole intérieure : penser par soi-même voire penser contre soi-même (Cf. Nathan Devers) nécessite d'interroger les modalités d’apprentissages. Ainsi nous pouvons caractériser quatre canaux pour penser et apprendre.
Nous pouvons discerner plusieurs processus de parole intérieure ou acte de penser :
- pensée-récit : logique déductive, thèse antithèse, cause-effet, récit etc.
- pensée-paysage : image (faible imagination) schéma (plan, volume, vectorielle à n dimensions, multipolaire et fractale, en interdépendance et
- pensée-résonance : coup de foudre, fréquence de résonance cérébrale, musicale
- pensée-métaphore : métaphore (relation de relation), analogie, expérientielle, corrélation
Dans la réalité, notre façon de penser puis de communiquer intrique très fortement ces différents processus, sans que l’on puisse précisément les distinguer.
Dans un ancien article j‘avais déjà sommairement évoqué la pensée-paysage. En fait, chacun des quatre canaux se ramifie en plusieurs modalités de pratiques différentes. Les canaux un et deux s'appuient sur le fonctionnement cérébral symbolique et connexionniste d’élaboration des savoirs. Pour aller du savoir à la connaissance et puis à la compétence il nous faut intérioriser et exercer.
Au contraire, les canaux trois et quatre s'appuient sur le fonctionnement cérébral expérientiel sans passer par l’étape symbolique. L’usage des métaphores (relations des relations) plus que l’analogie permet à la personne d'éprouver sans mentaliser par le passage au symbolique. Dans le champ de la thérapie, l’usage de métaphore permet d’agir sur le patient dans le plan comportemental sans affronter le refus du cognitif et du symbolique.
On pourrait considérer que la pensée-résonance relèverait uniquement d’un processus métaphorique. Cependant le cerveau neuronal ou biologique produit des états de conscience discret (à la fréquence de 10 images par seconde) par synchronisation des fréquences d’excitation neuronales. Quand un coups de foudre amoureux ou simplement intellectuel se passe, les deux cerveaux se trouvent sans doute en résonance magnétique. L’un peut poursuivre la phrase initiée par l’autre.
Cette réflexion ouvre la porte au phénomène d’hypersensibilité. Quinze pour cent de la population est “hyper sensible”. Ce n'est pas une maladie mais une capacité de perception plus développée pour une grand nombre de registres ( empathie, émotion, cognition, sensoriel, artistique, spirituel, intuition). La pensée peut entrer en résonance avec ces perceptions.
On pourrait évaluer le niveau de sensibilité dans une échelle de 0 à10 pour chacune des dimensions de la sensibilité (une représentation vectorielle) comme on le fait déjà pour la douleur physique ou psychique.
Dans la dimension métaphorique de la résonance, nous pouvons faire allusion aux systèmes vibratoires. L’ océan avec ses ondes de grande amplitude (ex 8m), ses vagues (50cm) et les vaguelettes de la risée peuvent illustrer les phénomènes de résonance qui produisent ces fameuses vagues scélérates.
Aujourd’hui notre société est entrée en zone de dérégulation, de battement ou de synchronisation des vagues, fournissant des vagues scélérates comme le Covid, la guerre en Ukraine ou en Palestine. L’inversion des amplitudes pour la communication médiatique ou les vaguelettes à très forte amplitude d’audimat se remplacent de jour en jour alors que l’onde de fond réalise une transformation silencieuse de nos modes de vie , sur une période de 100 ans suivant Marc Halévy !