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Mémoires du Futur

Des états de conscience

Publié par Jean Claude Serres, le 25 septembre 2017   2.7k

Parler de la conscience ou encore du code de la conscience[1] comme l’écrit Stanislas Dehaene parait bien délicat et peut être culturellement trop marqué par la culture occidentale. Le chercheur aborde ce « concept valise » dans une perspective beaucoup plus abordable que le laisse entendre son titre très provocateur. Il traite de la « notion d’accès à la conscience d’une information » à identifier parmi toutes les informations produites et analysées par les multiples fonctions cérébrales. Le thème valise pourrait alors peut être se définir par « processus de conscientisation ».

 

Il me parait essentiel de distinguer différentes notions  et angles d’approches :

  • Non pas un mais des processus de conscientisation produisant des « états de consciences spécifiques » ou singuliers par leurs fonctions (conscience de soi …..)
  • Des états de consciences en tant que contenant à proximité des processus biologiques électriques, chimiques, ondulatoires et synchronisations
  • Des états de consciences en tant que contenus à proximité des processus de traitement de l’information et de prise de décisions
  • Des états de consciences modifiés ou adaptés (relaxation, hypnose, méditation, lecture d’un livre, interaction numérique…)
  • Chaque état de conscience est multidimensionnel : Visuel, Sensitif (les cinq sens), Auditif, "Pensée intérieure ressentie", "Vision intérieure ressentie" (non vue par l’œil), Emotions, Sentiments, Sentiments d'émotions et Affects, Cognition et Intuition, Ressentis Intra et Interpersonnel ( conscience méta et empathie).      
  • Des temporalités observées micro seconde, quart de seconde minute heures années….

 Pour illustrer cette ouverture à différentes notions et angles d’approche voici quelques remarques particulières.

 Katherine Hayles a montré dans son ouvrage[2] Que le fonctionnement cérébral de lecture ou « lecture-ecriture » sur écran diffère suivant l’usage des outils numériques et la génération du lecteur. Cela rapproche de ce que Jean Philippe Lachaux[3] analyse dans la pratique de la pleine attention ou « médiation en pleine conscience ». La pensée flottante diffère notablement de la pensée focalisée au niveau du fonctionnement biologique (le seul mesurable).

Le questionnement sur les processus de conscientisation est en interactions directe et multiples avec les processus attentionnels ainsi qu’avec le concept d’intelligence lui même associé à la capacité d’adaptation et d’apprentissage (plasticité cérébrale et recyclage neuronal).

C’est dans ce champ de réflexion qu’intervient la notion de temporalité. La notion de libre arbitre investi le temps long de l’apprentissage et du conditionnement volontairement choisi (ou non !). La plasticité cérébrale a permis à l'humain d'inventer le "numérique" (ordinateur internet mobile objet communicants...). Cette même plasticité cérébrale a permis de faire modifier le fonctionnement cérébral par la machine numérique de façon radicale. C'est un bouclage systémique permanent et chaotique.

  • exemple de perte  : capacité d'orientation, de mémorisation et de calcul mental
  • exemples de gain : perception, mémorisation et remémoration paysage, profondeur d'analyse hétérogène, reliance des silos de connaissances scientifiques livresques et arborescents .....

Belle question : en quoi l'adaptation des fonctions cérébrales au numérique modifie le fonctionnement cognitif, relationnel et affectif  des facultés cérébrales ainsi que les facultés de conscientisation  ?

 

[1] Stanislas Dehaene : le code de la conscience

[2] Katherine Hayles Lire et penser en milieux numérique 

[3] Jean Philippe Lachaux : le cerveau attentif