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Le Master CCST

Créer l'illusion pour réfléchir : l'IA au service d'une pédagogie éthique

Publié par Amandine Castex, le 21 décembre 2024   230

Dans le cadre du Master Communication et Culture Scientifique et Technique de l'Université Grenoble Alpes, nous, étudiants de 1ère année, avons construit un projet sur les Intelligences Artificielles (IA). Celui-ci s'est rendu possible grâce à Laura Schlenker, professeure du cours “Sciences, médias, et journalisme”, donné en novembre 2024.

Ce travail porte sur une scientifique (Claire Besseau) inventée de toute pièce qui a fait une découverte fictive : une IA qui permet de détecter le langage des animaux non-humains, et de communiquer avec eux de manière précise. Vous trouverez donc dans cet article :

📷 une photographie réaliste de la scientifique,

🖋️ sa biographie fictive,

🎓 son CV fictif,

🎙️un podcast-interview fictif avec cette chercheuse,

👩🏻‍🔬une vidéo de vulgarisation de sa découverte, fictive également ;

le tout généré par divers outils d’IA.

Tout cela soulève de nombreux questionnements éthiques. Quels sont les biais des IA ? Leur utilisation facilite-t-elle la désinformation ? Dans le cadre de notre cours, est-ce “rentable” de polluer tant pour s'éduquer sur le sujet ? La génération d'œuvres artistiques (jingle radio et esthétique vidéo), vole-t-elle le travail des artistes humains ?

On peut également relever des problématiques d’ordre juridique. Les contenus créés appartiennent-ils aux étudiants, à l’Université, ou aux plateformes d’IA qui les ont générés ? Si des éléments de ce projet sortaient de leur contexte auprès du grand public, qui serait responsable d’éventuels malentendus ou d’une interprétation erronée du contenu fictif ? Mettre des avertissements et des filigranes, serait-ce suffisant ?

Dans la suite de cet article, vous pourrez lire toute notre méthode de travail, parcourir notre musée virtuel de créations d’IA, et étudier avec nous les réflexions nourries par tout ce projet.

Déroulement du projet

Au cours du projet, nous avons fait des choix entre plusieurs propositions. La première étape était d’explorer 4 thèmes choisis par la classe afin de trouver une innovation qui serait la base de notre projet de création d’un⋅e scientifique factice. Nous voulions que l’innovation développée par le⋅a scientifique s’inscrive dans un futur immédiat, et que le⋅a scientifique soit rattaché⋅e directement à un laboratoire de l’UGA. Nous avons alors choisi quatre grands thèmes potentiels qu’iel pourrait étudier : Animaux, Santé, Sociologie et Physique.

À la fin du cours, nous avons choisi entre les quatres possibilités suivantes pour le reste de notre projet.

4 propositions de sujets initiaux :

  1. Science de l’éducation : "Progresser Ensemble" : La nouvelle méthode révolutionnaire pour combler les inégalités scolaires. Il consiste à mélanger deux techniques connues pour améliorer l’apprentissage des enfants à l’école primaire.
  2. Transfert de donnés quantiques : développement d’un internet quantique maintenant que le transfert quantique est possible
  3. Régénération neuronale grâce à la protéine HTT : protéine HTT qui permet de régénérer les axones des neurones après une lésion (AVC, Alzheimer, Parkinson, …) 
  4. Développement d’une IA permettant de parler avec des animaux d’abord dans un cadre médical, l’IA permet de comprendre les signaux et le comportement des chiens lorsqu’ils détectent une maladie ou une crise.

Une fois chaque sujet présenté, nous avons voté pour le sujet définitif. Le gagnant avec une grande majorité est celui de l’IA permettant de comprendre les chiens.

Nous avons envisagé différentes options pour caractériser la chercheuse et sa découverte révolutionnaire. À chaque étape, nous proposions 3 options et votions à l’aveugle en classe entière pour n’en garder qu’une.

Nous avons tout d’abord cherché à définir son origine et son nom. Parmi les propositions de la classe (Diagonale du vide, Argentine, Russie), nous avons retenu la diagonale du vide. Nous avons hésité avec les options plus originales, mais la diagonale du vide nous paraissait un choix plus crédible et plus discret. Nous avons utilisé ChatGPT pour nous suggérer des idées de petits villages en campagne, proches de zones humides, puisque notre chercheuse a grandi en se passionnant pour la faune aquatique. Chambon-sur-Voueize a été retenu. 

La classe a sélectionné parmi les 3 propositions de ChatGPT le nom de Claire Besseau pour la chercheuse. Nous avons noté que l’IA a généré en majorité des prénoms masculins pour le profil que nous cherchions. De plus, les propositions étaient pour la plupart très clichées, un peu humoristique avec des noms de famille du type “La Verdure”. Nous avons donc opté pour une option encore une fois sobre et la plus réaliste possible.

Pour son cursus à l’université, nous avons retenu Strasbourg au détriment de Rennes et Clermont-Ferrand. Nous souhaitions une université dans laquelle notre chercheuse aurait pu réaliser sa thèse dans le domaine des neurosciences, mélé avec de l’éthologie. L’intitulé de sa thèse a été voté par la classe : “Activités des caspases au sein du lobe préfrontal de la rainette cendrée”.

Voici les coulisses, les votes de la classe sur les détails de la vie de Claire Besseau :

Musée virtuel de nos créations avec l’IA

Nous avons travaillé sur trois formats différents :

🖋️Biographie, 🎓CV, 📷Portrait

Nous avons commencé par réfléchir à la manière de créer une biographie riche, mais réaliste, pour une femme scientifique de 35 ans. Étant donné que les générateurs de texte comme ChatGPT fournissent trop d'événements pour un tel âge, nous avons demandé une sélection plus restreinte d'événements et avons recherché des solutions plus réalistes. Par exemple, nous avons sélectionné des événements pour le CV qui se sont produits en France à des années précises et avons ajouté une pause après un événement au Japon, afin de rendre le parcours plus crédible.

Lors de l’édition du CV, nous avons d'abord utilisé Canva, – un outil de design graphique – pour créer le modèle. Cependant, après avoir comparé notre CV à ceux d'autres scientifiques français, nous avons décidé d’adopter un design plus sobre, afin de renforcer son réalisme. Finalement, le CV créé est devenu un document simple et professionnel, présentant une expérience qui ne se distingue pas de celle d’autres scientifiques de la même région. 

Nous avons également utilisé le site This Person Does Not Exist pour sélectionner un visage. Après avoir analysé plusieurs options, nous avons choisi l'image la plus réaliste représentant une femme de 35 ans, en accord avec le profil de notre scientifique fictive. Mais au départ, nous ne l'avons pas ajouté au CV, car les vrais scientifiques n'ont pas ajouté de photos à nos CV de référence.

Toutefois, après révision, nous avons choisi d'ajouter une photo et un filigrane, car il était important, d’un point de vue éthique, de signaler que cette personne n'existait pas réellement.

👩🏻‍🔬Vidéo

L'équipe vidéo a commencé par générer une image à l'aide de DALL·E, un outil d'intelligence artificielle pour la création d'images. Elle a ensuite produit de courtes vidéos à l'aide de Canva, un logiciel de design et d'édition. Finalement, l'équipe a utilisé le programme Runway, une plateforme avancée de création multimédia, pour animer la photographie sélectionnée sur le site This Person Does Not Exist, en générant une simulation réaliste de la parole.

🎙️Audio

L'équipe audio a développé un podcast d’une interview de Claire Besseau intégralement généré par ChatGPT pour les répliques de Claire et de l’animateur. Nous avons combiné des voix réelles des membres de l'équipe avec des voix synthétisées grâce à l’intelligence artificielle ElevenLabs. Le podcast intègre également un générique créé à l'aide de Suno, un logiciel avancé spécialisé dans la création de musique assistée par intelligence artificielle. Pour le nom du podcast nous l’avons choisi parmi des propositions de ChatGPT.

Questions éthiques

  • Réalisme ou désinformation ?

Utiliser des logiciels IA pour inventer une chercheuse fictive ayant menée des recherches fictives posent des questions éthiques et morales, à l'heure où la désinformation règne sur les réseaux sociaux. Pour ce projet nous nous sommes limités à l’utilisation d’outils IA gratuits, le rendu est très réaliste mais pour le moment ces logiciels ne sont pas encore totalement performants. Les ratés visuels ont été laissés, ainsi que les anachronismes ou erreurs de réponses à un prompt. Ces coquilles ont vocation à mettre le consommateur final de notre rendu sur la piste du faux. Malgré tout, ces erreurs sont quand même minimes et nécessitent une attention élevée de la personne recevant l’information. Par exemple, vous n’aviez peut-être pas remarqué la “double-oreille” sur la photographie de notre scientifique. Il est évident que dans quelques années, il sera compliqué de discerner le vrai du faux même avec des logiciels gratuits.

Ce projet a aussi un impact sociétal et moral : Un projet basé sur un deepfake peut avoir des conséquences inattendues. Dans un contexte où la science est parfois remise en question, une vidéo perçue comme un mensonge peut alimenter des théories conspirationnistes et renforcer la méfiance envers les sciences.

Cela peut aussi questionner sur l’utilisation future de ce deepface. Même si le projet a des intentions pédagogiques, le contenu pourrait être détourné pour des usages malveillants.

Si notre objectif est à but pédagogique, il n’en est pas de même pour tous, et l’utilisation de ces logiciels IA, dans un but malveillant ou non, soulèvent de nombreuses questions éthiques et interrogent aussi sur les biais que possèdent ces machines.

  • Questionnement sur l’éthique

Nos travaux étant à but pédagogique, faut-il ou non mettre des avertissements ou filigrane sur nos travaux pour avertir le consommateurs sur la génération par IA de nos contenus ? 

Cette question a été débattu, car déployer autant d’effort pour fournir un travail réaliste puis de mettre en évidence directement que tout est faux peut être frustrant. D’un point de vue éthique, il est évident que notre contenu doit être signalé comme faux, étant donné que le sujet traité fait référence à une avancée scientifique et que notre but n’est en aucun cas de propager des fake news.

Mais cet avertissement sert aussi à nous protéger des détournements possibles de nos productions. 

Une question est soulevée par ce dernier point : comment faire pour qu’une tierse personne n’utilise pas elle aussi une IA pour enlever nos avertissements et potentiellement détourner nos production ?

Nous avons mis en œuvre un minimum éthique dans nos démarches, en signalant la génération par IA et en produisant ce dossier pour établir la fausseté de nos productions. Mais rien n’empêche un tiers de détourner ce contenu. En ce sens, malgré les efforts que nous avons déployés, il est dur de qualifier ce travail d’éthique en tout point.

En plus de l’éthique d’information, l’utilisation de ces logiciels soulève un questionnement sur l’éthique au sens plus large. 

Tout d’abord la consommation énergétique de ces logiciels est très importante, d’un point de vue écologique. Leurs utilisations pour des tâches anodines telles que corriger ces fautes d’orthographes sur Chat GPT est clairement discutable. 

Mais il y a aussi les sources d’informations utilisées pour nous répondre qui peuvent être questionnées. Open AI, par exemple, est une entreprise privée à but lucratif. Chat GPT qui est un des logiciels qu’elle possède est désormais brancher à l’intégralité du web et récolte des milliards d'informations sur des sites publiques mais également sur vos comptes personnels tels que Facebook ou Instagram. L’entreprise refuse d’être plus transparente sur les sources utilisées pour générer des contenus ou des réponses, ce qui questionne sur les droits d’auteurs et la propriété intellectuelle de chacun. Si vous avez écrit un poème à votre maman pour son anniversaire et que vous l’avez posté sur Facebook en 2015, il y a de fortes chances pour que ce dernier ait alimenté les connaissances de Chat GPT. Certes il ne servira peut être qu’a 0,0000005% pour répondre à un prompt qui demande un poème pour l'anniversaire d’une maman, mais tout de même ce poème est à vous et personne ne vous a demandé le droit de l’utiliser. Cet exemple prête à sourire mais il peut devenir nettement moins drôle si c’est votre voix ou votre visage qui est utilisé pour alimenter une IA. 

Mais en plus de ces questions éthiques, il existe quelque chose de plus insidieux, qui en tant qu’humains nous affecte aussi : les biais.

Car oui, ces logiciels sont en premier lieu nourris par des informations et des développeurs qui eux-mêmes sont victimes de biais. Il est déjà dur de se rendre compte de ce qui dicte notre quotidien, alors détecter ce d’une IA peut devenir compliqué.

Il y a déjà un biais de compréhension. Chat GPT par exemple est un logiciel, ce n'est pas un être doué de conscience ou de réflexion. Si à la base de votre prompt vous ne réfléchissez pas aux mots employés, à votre tournure de phrase ou au contexte qui s’y rapporte, Chat GPT ne le fera pour vous. En ce sens, il faut comprendre que les premiers biais de ces logiciels restent les nôtres lorsque nous lui demandons d’effectuer une tâche. Si par exemple vous comptez lui poser une question mais que cette dernière contient une affirmation, il y a de forte chance pour que sa réponse soit adaptée pour garder cette affirmation.

Les informations d’entrée sont un biais également. Tous les pays du monde ne sont pas sur le même internet que nous, sa vision du monde est donc orientée du point de vue occidental. 

Lorsque nous lui avons demandé de nous générer des prénoms de scientifiques, il a fait une balance sur la parité, autant d’hommes que de femmes. Mais par contre, étant donné que nous avions précisé son lieu de naissance soit la Creuse, ce dernier n’a généré que des noms et prénoms à consonance française, il s'affranchit totalement de la mixité du monde. On serait tenté de dire “oui mais c’est la Creuse aussi”, hors si on change pour Paris même constat, nous avons utilisé plusieurs prompts en changeant plusieurs fois la tournure de notre phrase, car comme dit plus haut le problème peut aussi venir du vocabulaire utilisé. Mais rien à faire, il n’a commencé à générer des prénoms et noms à consonances étrangères que lorsque que la mention “banlieue parisienne” lui a été ajoutée, sachant que Paris est quand même une ville cosmopolite regroupant des origines du monde entier. Notre monde étant victime de préjugés, biais et clichés de toutes sortes, il ne faut pas perdre de vue que ces problématiques bien humaines nourrissent ces applications ; leur demander une objectivité de réponse est impossible. Les minorités et les femmes étant généralement les premières victimes de ces discriminations ou stéréotypes, il n'est pas étonnant que ces IA aillent en ce sens.

De plus, si vous cherchez des informations sur un sujet mais qu’il n’y a qu’un angle qui a été fortement traité par les médias ou la société, sa réponse ne sera qu'à travers ce prisme. 

Comme dit plus haut, les entreprises qui font tourner les IA sont généralement privées et ont un besoin fort de financement. Rien ne nous garantit que certaines informations ne sont pas filtrées ou mises en avant pour des intérêts économiques ou stratégiques.

Donc pour le moment, nous avons déjà un biais qui est de notre ressort, celui de ce que nous lui demandons, et un autre qui est dû aux données qu'utilisent nos IA pour être alimentées.

Le troisième est que ces logiciels ne vous diront pas qu’ils ne savent pas. Si vous lui demandez de répondre à une question à laquelle il n’a pas la réponse, soyez sûr qu’il vous répond quelque chose. Il est très important de vérifier les informations que vous récupérez via un logiciel d’IA. Ce dernier étant codé pour vous répondre, la notion de vrai et de faux n’est pas quelque chose qu’il comprend. Vous lui posez une question et il trouve la réponse qui s’en rapproche le plus. Typiquement, pour générer nos contenus, il a d'abord fallu trouver une nouvelle technologie réaliste. Pour ce faire, nous sommes partis de recherches existantes que nous avons extrapolées. Pour l’un des sujets, nous lui avons fourni toutes les informations nécessaires pour inventer une découverte scientifique basée sur un nouveau remède capable de faire repousser les neurones. Les protéines étudiées sont de vraies protéines réellement impliquées dans des processus biologiques. Malgré cela, la complexité de la tâche que nous lui demandions lui a fait inventer des familles de protéines impliquées dans notre découverte sans que nous les ayons citées.

Les différents outils utilisés

Dans le cadre de notre projet, nous avons utilisé plusieurs outils d’intelligence artificielle (IA) pour créer un contenu fictif autour de la scientifique imaginaire Claire Besseau et de sa découverte révolutionnaire : une IA permettant de communiquer de manière précise avec les animaux. Tous les contenus, qu’il s’agisse des textes, des scénarios ou des ajustements, ont été élaborés avec l’aide de ChatGPT, ce qui a permis de structurer et de guider chaque étape du projet.

  • Les plateformes

📷 Pour le portrait

IA - This Person Does Not Exist : pour créer son visage

ChatGPT  pour toute la partie écrite, CV, biographie, etc.

🎙️ Pour le podcast

IA ElevenLabs : pour la voix et les modifications de voix

IA Suno : pour la musique

ChatGPT : pour les contenus de l’interview

👩🏻‍🔬 Pour la vidéo

ChatGPT : pour les contenus écrits

IA ElevenLabs : pour la voix off

Dall-E via Canva : pour générer les images et vidéos spécifiques

Runway via Canva : pour générer des vidéos spécifiques à partir d’une image (photo de claire → vidéo de claire qui parle), lips sync

Face Swap : pour générer une vidéo

  • Les problèmes pratiques rencontrés

Bien que ces technologies aient permis et facilité la réalisation du projet, certains aspects étaient à revoir. En effet, elles ont aussi présenté des difficultés pratiques majeures.

📷Pour le portrait de Claire Besseau, nous avons utilisé This Person Does Not Exist pour générer son visage. Si l’outil a permis de créer un personnage crédible, des incohérences ont émergé lors de l’intégration avec d’autres outils. Par exemple, les expressions faciales générées ne correspondaient pas toujours aux mouvements labiaux synchronisés avec Runway, ce qui a demandé des ajustements supplémentaires. De plus, la qualité du visage manquait parfois de naturel, réduisant l’authenticité globale.

🎙️Dans le cadre du podcast, nous avons opté pour Eleven Labs pour générer une voix et Suno pour produire la musique du générique et d’outro. Si ces outils nous ont aidés à donner vie à l’interview fictive, des limites techniques ont émergé. Les voix produites par Eleven Labs avaient parfois un rendu trop plat ou artificiel, diminuant l’impact émotionnel. Par ailleurs, le manque de crédits disponibles sur certains outils a restreint nos options : nous n’avons pas pu générer toutes les variations de voix que nous souhaitions, ce qui a affecté la diversité et la richesse du contenu audio. La musique de Suno, bien qu’originale, ne s’accordait pas toujours de manière fluide avec les voix-off, nécessitant un travail de post-production conséquent.

👩🏻‍🔬Pour la vidéo, nous avons combiné plusieurs outils, notamment Dall-E pour la création d’images, Runway pour la synchronisation labiale et la génération de vidéos, et Face Swap pour personnaliser les éléments visuels. Si ces technologies ont permis de produire un résultat impressionnant, elles ont aussi révélé des limites importantes. Les images générées par Dall-E présentaient parfois des proportions incohérentes ou des anomalies visuelles, et les vidéos créées avec Runway étaient sujettes à des artefacts ou à des mouvements peu naturels. De plus, le temps de rendu élevé et les ressources nécessaires ont ralenti le processus global. La compatibilité entre les fichiers générés par différents outils a également posé problème, nécessitant des conversions ou ajustements supplémentaires.

🖋️La création de la biographie a révélé les limites de l'IA dans la construction de récits humains réalistes, notamment dans la représentation des relations sociales, des intérêts personnels et des parcours non linéaires. L'IA a souvent produit des stéréotypes et peinait à intégrer des passions variées, comme le sport ou la musique. Il restreignait ses intérêts personnels ou sa vie amoureuse à son travail.  Il y avait aussi des incohérences temporelles. Afin d’obtenir une biographie plus réaliste, il a fallu modifier ou supprimer certains traits de Claire dans notre prompt, alors que celui-ci était initialement assez détaillé. Nous avons passé beaucoup de temps à réécrire les prompts et à expérimenter différentes formulations pour obtenir ce que nous voulions, en cherchant à affiner les informations tout en évitant une approche trop linéaire. Si nous demandions des modifications avec un deuxième prompt sur la même conversation, la biographie perdait en sens, il fallait relancer une conversation avec un nouveau prompt modifié.

Voici un détail des prompts et des commentaires sur les ajustements nécessaires : Commentaires sur les prompts.

Un autre défi majeur a été l’apprentissage de ces outils. Leur prise en main demandait une expertise technique que nous n’avions pas toujours, ce qui a prolongé certaines étapes du projet. Malgré nos efforts pour harmoniser les différents médias, certains résultats paraissaient encore artificiels, et diminuent la crédibilité de notre histoire.

Malgré ces difficultés, ce projet nous a offert une occasion précieuse d’explorer les capacités et les limites des technologies d’IA actuelles. Les défis rencontrés mettent en lumière l’importance d’une planification rigoureuse et d’une gestion optimale des ressources. Nous espérons que notre expérience servira d’inspiration et de guide à ceux qui souhaitent entreprendre des projets similaires dans cet univers technologique complexe et captivant. 

  • Les avantages de l’IA

L'utilisation de l'IA dans la création de "deep fakes" présente plusieurs avantages importants. Tout d'abord, elle permet une personnalisation et une précision remarquables dans la création de fiction, d'images et de vidéos réalistes. Elle peut simuler des expressions faciales, des gestes et des dialogues avec une grande fidélité, ce qui permet de donner vie à un personnage fictif de manière crédible et convaincante. Dans le cadre de notre projet, l'IA a également permis de créer l'identité professionnelle et personnelle d’un personnage fictif. Grâce à la génération de texte, nous avons pu élaborer un CV détaillé, des descriptions de ses découvertes, et même des anecdotes sur sa vie, tout cela dans un souci de réalisme. Cela est particulièrement utile pour représenter des scènes ou des personnalités imaginaires dans des contextes réalistes, où chaque détail contribue à renforcer la crédibilité du personnage.

En outre, l'IA facilite le processus de production en automatisant des tâches qui prendraient normalement beaucoup de temps, telles que le montage vidéo ou l'ajustement des voix. Cela réduit les coûts et le temps nécessaire à la création d'un contenu complexe, ce qui est avantageux pour un projet de classe avec peu de moyens et de temps pour obtenir un résultat impressionnant qui aurait demandé, il y a quelques années, l'intervention de plusieurs professionnels des métiers de la création.

De plus, l'IA permet une expérimentation créative sans les contraintes habituelles des techniques de production traditionnelles. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour la narration, la pédagogie et la diffusion de projets créatifs comme celui-ci.

Enfin, l'IA peut être utilisée pour améliorer la qualité des productions en ajustant des éléments tels que la luminosité, le son ou la texture des images, ce qui peut offrir un rendu final beaucoup plus professionnel. Elle aide ainsi les étudiants à produire des projets de haute qualité, même avec peu d'expérience dans la production de médias. En somme, l'IA devient un outil puissant qui permet aux étudiants de concrétiser leurs idées de manière efficace.

Pour conclure…

Notre projet autour de Claire Besseau et de son IA capable de communiquer avec les animaux a été une immersion enrichissante dans les potentialités et les limites des technologies d’intelligence artificielle. En explorant des outils variés pour créer des contenus réalistes, nous avons non seulement appris à maîtriser des plateformes innovantes, mais également pris conscience des défis pratiques et éthiques que leur utilisation peut engendrer.

L'IA s'est révélée un allié précieux, permettant de dépasser des contraintes de temps, de moyens, et de compétences techniques. Toutefois, elle nous a également montré ses failles : des résultats parfois artificiels, des biais inhérents aux données, et une complexité d’utilisation qui nécessitait une grande adaptation de notre part.

Au-delà de l'aspect technique, ce projet nous a conduits à réfléchir sur la place de l'IA dans la création de récits et dans notre rapport à l'information. Comment s’assurer que ces outils servent à des fins constructives ? Comment maintenir une transparence face au public lorsqu'on utilise des deepfakes ou des contenus générés artificiellement ? Ces questions, loin d’avoir des réponses simples, soulignent l’importance de rester critiques et responsables dans l’utilisation de ces technologies.

En fin de compte, ce travail nous a offert une vision globale et nuancée des apports et des limites de l’IA, tout en nourrissant notre créativité et notre réflexion. C’est une expérience précieuse que nous espérons voir évoluer dans le futur, avec des outils plus accessibles, fiables, éthiques et écologiques, au service de projets toujours plus innovants.

Nous aimerions finir en vous posant une question, avec l'évolution rapide des IA, comment définirons-nous la frontière entre le virtuel et le réel dans les années à venir ? Comment sensibiliser le public à la pratique des IA tout en évitant les dérives possibles et limiter leur impact sur l’environnement ?

Cet article a été rédigé par la promo de M1 CCST de 2024-2025 : BEAUFILS Léonie, BIBAUT Gwendoline, CASTEX Amandine, CHANDEZON Pierre, FAURE Aline, KANYHINA Veronika, MEILLER Zoé, MOTTE-MICHELON Lucas, PHILIPPE Mathis, PRÊCHEUR Kathelle, REY Olivier, RIMBAUT Maud, STEVE Lola, VENIER Maïa.

L’illustration de l’article a été générée par ChatGPT.

Ressources :

Liens vers le tableau avec les prompts : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1K_5JvlZNze4gAHA-8Seb-i8P3Sbeze9nxUR0hTKA7o0/edit?usp=sharing

Liens sur les IA :