Rencontre avec Joëlle Chiche, Responsable de l’unité scientifique du Muséum de Grenoble
Publié par Du Hommet Thibault, le 15 janvier 2022 4.2k
À l’occasion de la visite de l'exposition temporaire "Dessine-moi... Voyage dans l'illustration naturaliste" au Muséum de Grenoble, nous avons eu la chance d'échanger avec Joëlle Chiche, Responsable de l’unité scientifique du muséum et l'une des deux commissaires de l'exposition. Rencontre...
Une scientifique et un rat de musée
Avant d’entrer dans le domaine de la muséologie, Joëlle était avant tout une scientifique. Spécialisée dans le domaine de la génétique des populations dès son diplôme de maîtrise, elle entreprit une thèse, devenant ainsi doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. Cette thèse, focalisée sur l’étude comparative de quatre espèces du genre Ribes (groseille), selon une approche pluridisciplinaire, prit plus de temps et d'énergie que prévu. Aussi, le monde scientifique étant assez rude, trouver un poste n’est pas chose aisée.
Elle se redirigea de ce fait vers la médiation scientifique, une sphère dans laquelle elle possédait déjà quelques compétences. Enchaînant plusieurs expériences d'animation, notamment dans le domaine associatif, elle ressentait de plus en plus l’attrait des collections de musée, domaine qui l'intéressait depuis longtemps puisqu'elle a toujours été “un rat de musée”, nous a-t-elle expliqué en rigolant. Joëlle tenta par la suite, sur conseil, le concours d’attaché de conservation du patrimoine qu’elle réussit, avant d'être embauchée par le Muséum de Grenoble. Depuis elle officie dans cette structure, profitant de sa passion pour les musées, tout en participant à l'organisation d’expositions, comme ce fut le cas pour celle présentée cette année.
Une passion devenue un métier
Pour Joëlle, “les collections ouvrent le champ des possibles en proposant des opportunités assez rares. C’est visuel et cela parle à tout le monde. Cela permet aussi d’avoir une perspective historique, d'appréhender l’histoire des sciences. Ici, pas besoin d’imaginer des dispositifs spéciaux, ou très techniques car l’on dépend moins de l’informatique, tout est sous la main et l’on peut quand même être créatifs”. Ainsi, lorsque le muséum prépare une exposition, tout est mis en œuvre pour émerveiller et questionner les publics avec, au final, peu d’écrans.
Toutefois, il arrive que certaines choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Par exemple, il n’est pas rare que le jeune public détourne certains dispositifs mis en place, de manière ludique, comme ce fut le cas pour l’exposition "Dessine-moi”. Quand cela arrive, “c'est généralement plus un amusement et une bonne surprise qu’une réelle déconvenue” rassure Joëlle. Quoi qu’il advienne, les organisateurs apprennent eux aussi, et chacune de ces surprises sert à préparer l’exposition suivante pour la rendre encore meilleure.
Selon elle, il faut à l'avenir que la qualité de la médiation en muséum soit toujours au même niveau. Mais aussi, il faudra faire en sorte que la démarche scientifique reste toujours au centre de la médiation afin d’éviter le militantisme et les polémiques.
En définitive, même si elle a quitté son domaine d’étude, celui-ci ne lui manque pas pour autant car “c’est un milieu de compétition contraignant. Les sujets qui m'intéressent je les retrouve dans ce travail et il amène à être bien polyvalente mais aussi à voir beaucoup de choses.”
Article rédigé par Loïs Cuilla, Mathis Ben Ali, Hugo Hayé et Thibault du Hommet dans le cadre du cours "Découvrir les métiers et les environnements professionnels" encadré par Marion Sabourdy, au sein du Master de Communication et Culture scientifiques et techniques de l'Université Grenoble Alpes.