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European Open Science Cloud : l’ambition affichée de l’Union Européenne pour l’ouverture des données de la recherche

Publié par Robin Gaillard, le 13 décembre 2018   2.2k

La Commission européenne présentait vendredi 23 novembre l’European Open Science Cloud, sa toute nouvelle solution pour empêcher les données de prendre la poussière dans les laboratoires. Derrière le lancement de cette plateforme de stockage et de calcul en ligne, l’Union Européenne affirme sa volonté d’être un des leaders du mouvement d’ouverture des données scientifiques.

Finie cette science où les chercheurs menaient leurs recherches dans leur coin, déconnectés du reste du globe. Depuis maintenant une dizaine d’année, la tendance est à l’ouverture des données et à la dématérialisation des écrits scientifiques. Prévu pour 2020, le lancement de l’European Open Science Cloud (EOSC) est un pas de plus vers cette « Science ouverte », puisque le nuage numérique fournira à près de 1,7 million de chercheurs un accès libre à une gigantesque base de donnée sécurisée et évolutive. Gravitant autour du milieu de la recherche, ce sont également plus de 70 millions de professionnels des sciences et technologies, ainsi que des sciences humaines et sociales qui bénéficieront de ce service.

« Nous avons décidé de changer le mode de fonctionnement de la science européenne »

Les intérêts du cloud ne se situent néanmoins pas uniquement au niveau du partage des données puisque, comme le souligne Mariya Gabriel, commissaire européenne chargée de l’économie et de la société numériques, « il rendra accessible la valeur du Big Data en fournissant une capacité de calcul intensif, de classe mondiale, une connectivité à haut débit, ainsi que des services de données et logiciels de pointe pour la science, comme les algorithmes d’intelligence artificielle, le secteur privé et le secteur public. » Réalisé en à peine trois ans et en déboursant pas moins de 600 millions d’euros, « Le cloud offrira à l’Europe un avantage mondial en récoltant tous les avantages de la science axée sur les données », déclarait Carlos Moedas, commissaire chargé de la recherche, de la science et de l’innovation.

Fonctionnement EOSC

En mettant en place une base de donnée évolutive en libre accès, la Commission Européenne espère unifier les différents réseaux de la recherche

Horizon 2020, le tournant politique de l’UE

Cette politique d’ouverture des données de recherche n’est néanmoins pas nouvelle au sein de la Commission Européenne. En 2007 déjà, le Conseil scientifique du Conseil européen de la recherche publie des recommandations demandant aux chercheurs qui répondent à des appels à projet européens de publier en libre accès leurs résultats de recherches. Deux ans plus tard, la plateforme OpenAire (dont l’objectif est de permettre la diffusion des publications et données scientifiques des recherches financées par l’UE) voit le jour. Mais le véritable tournant dans la politique de l’Union Européenne s’opère en 2014, lors de la mise en place du programme cadre pour la recherche et le développement technologique (PCRD) Horizon2020. Ce programme de financement pour la période 2014-2020 comporte en effet de forts engagements vis-à-vis de l’ouverture des données, puisqu’il prescrit une mise à disposition en libre accès de toutes les publications issues des projets européens.

Un encadrement institutionnel nécessaire au niveau national

Malgré cette volonté politique de la part de l’Union Européenne d’encadrer l’ouverture des données de la recherche, un problème demeure car, comme le souligne Carlos Moedas « tout cela est rendu possible grâce à l'engagement des scientifiques, de l'industrie et des États membres de l'UE ». En voulant faire part de sa gratitude envers tous les acteurs ayant participé à la mise en place du cloud, Carlos Moedas laisse entrevoir une certaine fragilité juridique. Comme le rapporte Rémy Gaillard dans son mémoire de fin d’étude,  « ces incitations à ouvrir les données ne revêtent cependant aucune dimension contraignante et l’opposition de certains États membres font encore obstacle à l’enracinement de cette dynamique d’ouverture ». Ainsi, afin d’impulser cette dimension incitative au cœur du territoire, les organismes de recherche, les bibliothèques universitaires ou encore les éditeurs de revue apparaissent comme des acteurs majeurs de la gestion des données.