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Le Master CCST

Enquêter sur la vie du passé - retour sur la séance #3 du séminaire #SFMgre

Publié par Galanne Cestre-Lambert, le 21 avril 2021   2.7k

Un article écrit par Alexandre Gros, Galanne Cestre-Lambert, Clémentine Martin, Louise Pallandre et Victor Seck (M1 Master CCST / UGA)

Le 6 avril dernier, pour la troisième et dernière session du séminaire “Science, Fiction, Médiation” sur la chaîne YouTube de MSH Alpes, nous avons eu la chance d’accueillir la paléogénéticienne Catherine Hänni et l’auteur de polars Franck Thilliez. L’animation, comme pour les deux premières sessions du séminaire, était assurée par Marion Sabourdy et Mikaël Chambru. Du côté des étudiant(e)s, Alexandre et Galanne assuraient la co-animation, Clémentine et Louise s’occupaient de faire un live-tweet sur l’évènement, tandis que Victor relayait les questions posées par le public dans le chat YouTube.

Retrouvez la captation de la troisième séance dans la vidéo ci-dessous :


Une histoire de traces, d'indices et d'ADN

Lors de cette troisième session, nous sommes partis enquêter sur la vie du passé, à la recherche d’ADN, utile aussi bien pour résoudre des enquêtes policières que pour comprendre des mystères de la vie du passé ! Nos deux intervenants nous ont permis d’aborder le sujet de manière différente tout en créant des parallèles entre les deux méthodes employées.

Dans un premier temps, nous avons questionné la recherche des origines, c’est-à-dire le fait de reconstituer une scène passée à partir de traces et d’indices qui nous sont accessibles actuellement. C’est une démarche qu’adopte Catherine Hänni dans son travail quotidien, ou qui est explorée par les personnages de Franck Thilliez dans le cadre d’enquêtes criminelles, à l'image du célèbre Sherlock Holmes. Les deux intervenants se sont accordés sur le fait que la trace représente le tout début d’une histoire, scientifique comme criminelle, et Catherine Hänni nous a précisé qu’il était intéressant de constater qu’il faut plusieurs étapes de travail pour qu’une trace devienne un indice puis une preuve. 


Nous avons évoqué la “course à l'armement” qui s’opère avec l’évolution des techniques scientifiques pour interpréter ces traces. Franck Thilliez a pris l’exemple du jeu du chat et de la souris entre la police et les criminels, où ces derniers doivent adopter des stratagèmes de plus en plus fins pour déjouer les méthodes d’identification nouvellement mises en œuvre par les autorités. On ne sait pas quelles traces nous serons en mesure d’exploiter dans les années à venir. Catherine Hänni nous a, quant à elle, expliqué qu’aujourd’hui la paléogénétique est presque révolue et que, grâce à ces évolutions techniques, nous sommes désormais dans l’ère de la paléogénomique. Ainsi, les scientifiques ne travaillent plus avec des petits morceaux de gènes fragmentés, mais à l’échelle de toute l’information génétique contenue dans un organisme.

La frontière entre science et fiction

Dans un second temps, nous nous sommes penchés sur la frontière parfois poreuse qui peut exister entre la science et la fiction. Dans les deux cas, le.la chercheur.euse ou l'écrivain.e débute par un état de l’art des connaissances actuelles, d’une base existante dans son domaine de recherche scientifique ou littéraire. Une fois cela entrepris, il ou elle se lance dans des hypothèses, des brouillons et continue à avancer ainsi. Finalement, la méthode diffère mais l’auteur.e comme le.la chercheur.euse vont devoir interpréter le réel et essayer de le dépasser, l’un pour le comprendre et l’autre pour faire rêver. 

Le premier terme qui est mis en avant dans cette partie du séminaire, et qui en restera le fil conducteur, est l’imagination. Même si ce n’est pas le premier mot que l'on pense associer aux chercheurs en science, Catherine Hänni rappelle que celle-ci est importante pour pouvoir travailler. Ainsi, un réel parallèle peut se faire entre le travail du chercheur et celui de l’auteur. Là où les auteurs brouillent les pistes entre réalité et invention grâce à leurs imaginations, les chercheurs, eux, doivent rester sur la voie de la vérité.


Une discussion se fait aussi entre science-fiction et science, notamment par les blockbusters et la culture populaire. Par exemple, les livres Jurassic Park, plus tard adaptés en films, ont influencé la façon dont la paléogénétique a été perçue par le public. 

La fiction peut également servir de piste de recherches aux scientifiques. En effet, certains auteurs partent d’une réalité, et vont ainsi spéculer et formuler des hypothèses plausibles qui peuvent être utilisées par les scientifiques. On peut notamment citer la Red Team, une équipe d'auteurs, qui imagine des scénarios futuristes au profit de l’innovation de défense de l’armée.

Le roman comme outil de médiation

Le séminaire s’est terminé sur un temps de questions/réponses avec le public et les intervenants. Une des questions posées à nos deux invités avait pour propos le “rapport à la trace”. Dans le cadre de l’activité scientifique, la recherche de la trace vient après la formulation d’hypothèse alors que dans l’écriture d’une fiction policière, c’est la méthode inverse qui est suivie. Selon Catherine Hänni, cet ordre de fonctionnement n’est pas systématique. Une trace est un élément à prendre en compte parmi d’autres éléments. Seule, elle ne peut pas être considérée comme une preuve. Une trace ne pourra être comprise sans le contexte. On peut considérer la trace comme un outil de compréhension dans la formulation d’une hypothèse. 

Dans l’une de leurs réponses, Catherine Hänni et Franck Thilliez se sont mis d’accord sur le fait que les romans peuvent être de bons outils de médiation. Selon eux, les histoires traitant de sujets scientifiques captivent facilement les lecteurs avides de science et peuvent même susciter des vocations ! 

Enfin, Franck Thilliez a clôturé cet échange en présentant l’intrigue de son prochain livre qui sortira en mai. Et il se déroulera… dans le passé ! 


Un séminaire à retrouver en live-tweet

→ Le live-tweet par @mclementine1

→ La suite du live-tweet par @Louise_Pll


Références


Autour du séminaire


>> Illustrations : Makro_Wayland / Pixabay, Lisichik / Pixabay, Kilworth Simmonds / Flickr, Fleuve Noir