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Le Master CCST

Détecter le diabète de type 2 encore plus précocement

Publié par Mathilde Chasseriaud, le 6 mars 2018   2.7k

Une collaboration hospitalo-universitaire a fait émerger un projet portant sur une nouvelle méthode de détection du diabète de type 2. Ce nouvel outil permettrait a priori de diagnostiquer cette dérégulation beaucoup plus tôt que tous les tests actuels.

Le diabète de type 2 est aujourd’hui considéré comme un enjeu de santé publique majeur. Cela concerne près de 90% des personnes diabétiques en France et s’étend jusqu’à 415 millions de personnes à l’échelle mondiale (Inserm).

Or, si l’un des facteurs contribuant au développement du diabète de type 2 pouvait être identifié et pris en charge plus précocement, cela retarderait l’apparition de la maladie et réduirait aussi le risque de complications en découlant, telles que des maladies cardiovasculaires.

C’est ce que soutient le projet IRAP, coordonné par le CHU de Grenoble, l’Université Grenoble Alpes, l’Inserm et accompagné par la société Linksium. Aujourd’hui au stade des essais cliniques, qui débuteront en Janvier 2018, cette étude montre qu’une simple prise de sang permettra de détecter un état de pré-diabète, en mettant notamment en évidence (ou non) une situation d’insulinorésistance et d’hyperglycémie.

IRAP : détecter l’incapacité des cellules à stocker le sucre

En temps normal, le sucre issu de notre alimentation (glucide) est capté par des cellules particulières sous l’action d’une hormone ; l’insuline. C’est en quelque sorte un signal indiquant à ces cellules « d’ouvrir leurs portes » pour « laisser entrer le sucre » afin qu’il ne reste pas dans la circulation sanguine. Cela se nomme « la captation du glucose ».

Cette captation est permise grâce à une petit canal permettant au sucre de rentrer à l’intérieur des cellules ; un transporteur. Avant que l’insuline indique aux cellules de capter le glucose, ces canaux se trouvent à l’intérieur des cellules et non à leur surface. L’hormone va alors déclencher
leur déplacement et une petite molécule, l’IRAP (pour Insulin Regulated Amino Peptidase) va venir s’associer au transporteur à la surface des cellules. La particularité de cette molécule est qu’elle est clivée lorsqu’elle se trouve au niveau du transporteur. Une partie se détache et se retrouve dans la circulation sanguine.

Une prise de sang « normale », révèlera donc un certain taux d’IRAP, signifiant que le sucre est bien capté par les cellules.
En situation de pré-diabète de type 2, le mécanisme de captation fonctionne beaucoup moins bien

Une prise de sang révèle un taux de glucose élevé dans le sang (une hyperglycémie), généralement corrélé à une résistance à l’insuline (insulinorésistance).
L’hormone n’agit plus sur la captation du glucose : les transporteurs ne sont pas amenés à la surface de la cellule, la molécule IRAP n’est pas clivée et le sucre reste dans la circulation sanguine.

Une prise de sang ne révélera alors pas la présence de la molécule dans le sang. Cette absence servira de témoin aux médecins pour entreprendre des tests plus approfondis afin de déterminer s’il s’agit bien d’un état de pré-diabète. Pour le Pr Serge Bottari, coordinateur principal du projet IRAP, il était plus que vital de développer un tel outil : 

 Il est estimé entre 20% et 47% le nombre de personnes diabétiques non diagnostiquées dans le monde. En dépistant un état de pré-diabète plus précocement, cela permettra de mettre en place des mesures de style de vie et un traitement adapté pour améliorer la résistance de ces patients à l’insuline.


Visuel principal : PIXNIO

Article rédigé dans le cadre de l'enseignement "Innovation" du M2 CCST (UGA).