Comment devenir un zombie ? - par Laura Gonzalez Tapia
Publié par Mathilde Chasseriaud, le 12 mai 2018 5.1k
- Chronique rédigée et présentée par Laura Gonzalez Tapia pour le MagDSciences -
>> Chronique éditée pour Echosciences par Mathilde Chasseriaud <<
Le parasitisme, ou comment devenir un zombie
Un parasite est un être vivant (plante, insecte, bactérie, champignon ou animal) qui tire profit d'un organisme hôte pour se nourrir, s'abriter ou se reproduire. Un parasite va donc, d'une manière ou d'une autre, « faire mal » à son hôte. Si ce n'est pas le cas, on parle alors de symbiose : une relation intime entre deux organismes qui permet à chacun d'en tirer profit.
Pour vous donner un exemple de symbiose, il suffit de regarder à l'intérieur de nous-mêmes : notre intestin offre gîte et couvert à plus de 1000 espèces de bactéries, qui, en contre-partie, favorisent notre digestion et nous protègent d'une colonisation d'organismes pathogènes.
Revenons maintenant du coté obscur de la force. Voici 5 exemples de parasites qui ont sûrement inspiré des auteurs de films d'horreur et de science fiction.
5. Le protozoaire Toxoplasma gondii
Il s'agit d'un organisme unicellulaire (composé d'une seule cellule) qui loge dans l'estomac de notre ami le chat. Pour que ce parasite puisse accomplir son cycle de vie, il a besoin d'un deuxième hôte, sa proie de prédilection : le rat.
Lorsque T. gondii entre dans le corps du rat, il va prendre possession de son cerveau et "manipuler" le fonctionnement de sa thyroïde. Résultat : le rat n'a plus peur des chats, et va donc de son plein gré vers son prédateur (vous imaginez la suite...).
Pour les chercheurs qui s’intéressent à ce sujet, la manipulation du cerveau du rat par le parasite reste encore un mystère. Mais ils ont pu observer une inactivation des régions du cerveau qui contrôlent la peur lorsque ce parasite se trouve dans le cerveau du rat. Et chose étrange, les scientifiques ont aussi remarqué que la présence de ce parasite chez le rongeur provoquait de l’excitation chez le rat pour le chat ! C'est une première, car ces découvertes montrent un lien intime entre la peur et l'attraction.
4. Le champignon Cordyceps ignota
C'est un champignon qui infecte des tarentules. Le champignon va envoyer à l'intérieur de son hôte une multitude de spores (cellules qui permettent aux plantes, bactéries et champignons de se reproduire sans avoir recours à la fécondation).
À l'intérieur de l'hôte, les spores vont trouver un environnement idéal pour se développer. Puis en grandissant, des lames fines et rectilignes vont transpercer de toutes parts le corps de l'insecte.
3. Le champignon Ophyocordyceps unilateralis
Pour trouver le parasite qui occupe la troisième position, il faut partir en voyage dans les forêts tropicales du Brésil ou de la Thaïlande. Nous cherchons un champignon nommé Ophyocordyceps unilateralis dont la victime est la la fourmi Camponotus leonardi. Elle vit dans les branches hautes des arbres, tout comme le champignon. Mais ce dernier veut se reproduire, il doit trouver un endroit en bas près du sol avec une humidité et une température plus élevées. Un champignon semble pourtant incapable de se mouvoir...Comment peut-il s'y prendre ?
Il s'avère que depuis plus de 48 millions d'années, ce champignon se sert de cette fourmi comme véhicule. David Hugues, chercheur à l'Université de l’État de Pennsylvanie explique :
Une fois la fourmi infectée, le parasite va envahir son système nerveux et en prendre le contrôle. La fourmi va arrêter toute tache et va descendre à l'endroit idéal pour la reproduction du champignon. Puis, suivant les ordres de son envahisseur, elle va mordre une feuille et meurt.
C'est à ce moment là que le parasite va produire des filaments autour du corps de son hôte, puis un pédoncule (une sorte de tige) va pousser à travers la tête de ce dernier. Une fois que le pédoncule atteint sa maturité, il va produire de spores qui, grâce au vent, vont se disperser et atteindront d'autres fourmis de la même espèce qui se baladent aux alentours.
2. La guêpe Hymenoepimecis argyraphaga
Son hôte est l'araignée Plesiometa argyra. La guêpe va implanter ses œufs dans l'abdomen de l'araignée. Lorsque les larves de la guêpe sont sur le point de sortir de leur nid (qui se trouve être l'abdomen de l'araignée), cette dernière se "voit obligée" de tricoter une toile un peu particulière puisqu'elle a la forme d'un cocon douillet destiné aux larves lorsqu'elles sortiront. Pendant ce temps, les larves de la guêpe se nourrissent des entrailles de leur hôte.
1. Le ver Leucochloridium Paradoxum
Le Leucochloridium Paradoxum ne peut se reproduire que dans le système digestif des oiseaux. Une fois dedans, il va grandir et se reproduire. Les œufs produits vont être expulsés de l'oiseau dans ses déjections et se retrouver en pleine nature.
En réalité, ce parasite a besoin de deux hôtes : un oiseau et un escargot. Lorsque l'escargot se balade pour trouver de la nourriture, il peut lui arriver d’ingérer des feuilles où se trouvent des excréments d'oiseau contenant les spores de ce terrible parasite.
Une fois à l'intérieur de l'escargot, le ver se développe et produit des sacs colorés avec les œufs dans les extrémités de l'escargot.
Les chercheurs ont étudié plus en détail le comportement des escargots infectés : ils ont constaté qu'en temps normal, ce dernier a une affinité pour se balader sur les feuilles à l’abri du soleil. Or, lorsqu'il est infecté par le ver, l'escargot va aller sur les feuilles en pleine lumière et attendre d'être mangé par un oiseau... Mais l'histoire ne s'arrête pas là : la plupart des oiseaux vont seulement manger les tentacules des escargots (qui se régénèrent par la suite), ce qui est une bonne nouvelle pour le parasite.
Pourquoi cela ? Car les vers qui produisent les œufs ne se trouvent pas dans les tentacules mais dans le tube digestif des escargots ! Retour alors à la case départ et le pauvre escargot subit ainsi le même sort encore et encore...
Sources
Visuel principal et illustrations : Pixabay