Prévision de la météo... et de votre bien-être !

Publié par Hélène Mottier, le 1 juillet 2018   2.9k

Chronique rédigée et présentée par Hélène Mottier pour le MagDSciences

>> Ré-éditée pour Echosciences <<


Des scientifiques grenoblois ont récemment créé un site web en libre accès sur l’environnement. Cette Encyclopédie de l’Environnement propose aux novices comme aux experts, de mieux comprendre ce monde complexe qui nous entoure : de l’atmosphère au profondeur de la terre. L’environnement, ce n’est pas simplement ce qui nous entoure, il fait partis de nous, de diverses manières, rien que par l’influence qu’il a sur notre bien-être. 

Dans ce Magazine des Sciences, nous ouvrirons cette encyclopédie à la page de la prévision météorologique. Nous interrogerons ensuite les chercheurs en psychologie pour savoir si la météo peut prédire notre bien-être.


Les étapes de la prévision météorologique

Chaque jour, les centres de Prévisions Numérique du Temps enregistrent des dizaines de millions d’observations sur l’ensemble du globe, c’est-à-dire, des données chiffrées sur l’état de l’atmosphère, de l’eau, des sols. Ces observations sont ensuite examinées afin de détecter d’éventuelles erreurs et de comparer ces observations avec les récentes prévisions.

Elles peuvent ensuite produire un « état » de l’atmosphère par combinaison de ces observations. Cet état de l’atmosphère correspond à des données mathématiques qui vont permettre de réaliser des modèles de prévision : les modèles numériques de l’atmosphère. Par une suite d’équations, ces modèles permettent de se projeter dans le temps à 24h, à 48h etc. Il faut ensuite vérifier a posteriori ces prévisions. Pour cela, il faut comparer les prévisions avec les observations fiables et les accumuler sur des périodes longues pour créer des scores. De cette manière, les centres de prévisions améliorent la qualité des prévisions ou remplacent des outils lorsque ceux-ci semblent défaillants. 


Qualité des prévisions météorologiques

Nous considérons aujourd’hui que la qualité des prévisions a atteint un degré élevé, à court comme à long terme. Il faut toutefois tenir compte de la variabilité naturelle de la prévisibilité de l’atmosphère, indépendantes des systèmes de calcul. La qualité des prévisions dépend également de la période de temps considérée, de la zone couverte ou du phénomène à prévoir.

La prise en compte d’observations dans des zones d’intérêts restreintes a pour avantage de réaliser des prévisions plus fines, plus exactes et sur des échéances plus courtes, seulement quelques heures. Elles peuvent fréquemment être mises à jour, ce qui s’avère très utile pour les aérodromes par exemple. Pour les échéances courtes, les erreurs de température ne dépassent pas quelques degrés et ceux du vent, pas plus de quelques mètres par secondes.

Les centres de prévisions ont également réalisé de grands progrès concernant la fiabilité des évènements météorologiques de grand ampleur tels que les débuts et fins des vagues de froid ou des canicules, les inondations etc. Ceci permet d’informer les pouvoirs publics de sorte à protéger les personnes et les biens.

En revanche, les orages font partie des phénomènes météorologiques difficiles à prévoir de manière précise, que ce soit sur leur localisation, la quantité de pluie ou le risque de grêle. De petites erreurs sur les quantités de précipitations entraînent des erreurs plus importantes sur les prévisions suivantes. Le brouillard est lui aussi difficile à prévoir, même quelques heures à l’avance, car il dépend du degré d’humidité qui varie beaucoup.


La météo prédit-t-elle le bien-être des individus ?

Plusieurs études de Psychologie se sont intéressées à savoir si différents paramètres météorologiques influençaient réellement notre bien-être. L’adage populaire selon lequel le mauvais temps aurait une influence négative sur notre humeur se vérifie-t-il dans les faits ?

Dans une certaine mesure, oui ! Des chercheurs aux États-Unis et au Canada ont par exemple montré que les scores de bien-être étaient plus élevés les jours de soleil que les jours de pluie [1]. Les fortes températures auraient en revanche un effet négatif sur notre bien-être [2]. Une étude australienne a trouvé que l’exposition au soleil influençait positivement notre bien-être, tandis que la rapidité du vent et la pression atmosphérique diminuaient le bien-être [3]. Un peu plus proche de nous, au Pays-Bas, la prévalence des épisodes de dépression majeure et l’humeur maussade varient effectivement en fonction des saisons [4]. Mais ces pics ne se trouvent pas en hiver comme on pourrait le croire mais à l’été et à l’automne !

Qu'en est-il pour un même individu ? Sur 17 mois, des chercheurs japonais se sont intéressés au bien-être de personnes à Osaka [5]. Ces individus devaient répondre à heure fixe à des questionnaires sur leur bien-être. Les chercheurs pouvaient ainsi tester de manière précise l’effet de la météo au moment de répondre au questionnaire de bien-être. Les résultats indiquent que la météo a un effet très faible sur le bonheur individuel. C’est la température qui semble avoir le plus d’influence, avec un bien-être optimal à 13.9°C, très exactement... !

Les recherches en Psychologie viennent ainsi conforter notre expérience individuelle : certains phénomènes météorologiques semblent bien impacter notre bien-être. Leur influence est toutefois moins grande qu’elle ne nous paraît. Dans l’étude menée en Australie, l’ensemble des conditions climatiques considérées expliquaient 9% de la variation du bien-être. A contrario, l’ensemble des informations personnelles recueillies comme la situation familiale, professionnelle ou encore l’âge, permettaient d’expliquer 61% de la variation du bien-être. De quoi relativiser ! La météo pourrait en réalité modérer notre bien-être dans la mesure où le mauvais temps peut nous empêcher de réaliser des activités stimulantes et plaisantes.

Quant à savoir si l’exactitude des prévisions météorologiques a un effet sur notre bien-être, je n’ai trouvé aucune étude à ce propos ! Mais peut-être que l’une des clés pour notre bien-être serait de ne pas trop penser à la météo actuelle ou à venir… Enfin, seulement les jours de mauvais temps... !

Pour plus d’informations sur l’environnement, nous vous invitons à vous rendre sur le site Encyclopédie-Environnement.org ! 

 

Musique : Le temps est bon - Isabelle Pierre (remix de Bon Entendeur)

Références bibliographiques :

http://www.encyclopedie-environnement.org/air/introduction-a-prevision-meteorologique/

http://www.encyclopedie-environnement.org/air/modeles-de-prevision-meteorologique/

https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/le-defi-de-la-prevision-meteorologique

[1] Schwarz, N. & Clore, G. L. (1983) Mood, misattribution, and judgments ofwell-being: informative and directive functions of affective states. J. Personality Social Psychol., 45, 513–523.

[2] Connolly, M. (2013) Some like it mild and not too wet: the influence of weather on subjective well-being. J. Happiness Stud., 14, 457–473.

[3] Feddersen, J., Metcalfe, R., & Wooden, M. (2016). Subjective wellbeing: why weather matters. J. R. Statist. Soc. A., 179, 203-228.

[4] Huibers, M. J. H., de Graaf, L. E. Peeters, F. & Arntz, A. (2010). Does the weather make us sad? Meteorological determinants of mood and depression in the general population. Psychiatry Res., 180, 143–146.

[5] Tsutsui, Y. (2012). Weather and Individual Happiness. Weather, climate and society, 5, 70-82.