Les installations numériques : de la prise de conscience à la contemplation

Publié par Guillaume Froment, le 2 juin 2022   2.4k

Illustration de l'artiste Nicolas Gaillardon.

Découvrons ensemble des utilisations inédites du numérique

Les technologies numériques sont déjà partout dans nos vies, mais j’aimerais vous faire découvrir de nouvelles manières de les utiliser. On peut, par exemple, les utiliser pour faire prendre conscience aux enfants de la fragilité de la Terre. C’est l’objectif du projet SpaceBuzz accueilli à Pont-de-Claix par la Casemate. Les petits et les grands ont pu voyager autour de la Terre et de la Lune grâce à un casque de réalité virtuelle. Le festival DNA, quant à lui, présente des artistes utilisant le numérique dans leurs œuvres. De quoi titiller nos sens !

Pour réécouter l'émission "Les installations numériques : de la prise de conscience à la contemplation" diffusée le 25 mai 2022 sur les ondes de RCF Isère, c'est juste ici ⬇

Une émission réalisée par Guillaume Froment, étudiant du master CCST de l'UGA avec l'aide de Nicolas Boutry.

La fusée SpaceBuzz au Collège Nelson Mandela de Pont-De-Claix.

La fusée SpaceBuzz transportée à travers l'Europe sur son camion

Une fusée dans un collège ? Cela a été rendu possible par Audrey Korczynska, chargé de projet à la Casemate. En effet, c'est la Casemate qui a invité le projet européen SpaceBuzz à venir dans l'agglomération de Grenoble la semaine du 16 mai. Mais alors, qu'est-ce que le projet SpaceBuzz ?

Le projet SpaceBuzz est né aux Pays-Bas avec comme objectif simple : faire ressentir l'overview effect (aussi appelé effet de surplomb) aux enfants ! L'overview effect est un choc cognitif, une prise de conscience que subissent certains astronautes ayant eu la chance d'observer la Terre depuis l'espace. La mise en perspective directe de la situation de la Terre dans l'espace déclenche un sentiment de fragilité. Les astronautes ne voient qu'un point bleu pâle entouré de l'immensité du vide spatial protégé par une fine atmosphère. Des observateurs extérieurs ont noté des changements d'attitude significatifs auprès des personnes ayant témoigné avoir vécu cet effet. Faire ressentir ce choc au grand public permettrai une prise de conscience de besoin indispensable de protéger notre planète pendant qu'elle est encore vivable. Mais alors, comment on envoie des enfants non préparés dans l'espace ? Et bien, on utilise des casques de réalité virtuelle !

Siège de réalité virtuelle de la fusée SpaceBuzz

En effet, de nombreux collégiens et collégiennes ont pu observer notre planète depuis le vide en s'asseyant dans un siège à l'intérieur de la fusée SpaceBuzz transporté par un camion, bien en sécurité ! Ils ont pu faire une tour de la Terre pour finir sur la Lune afin d'observer la fonte des glaces, les lumières produisent par les humains, la fine couche d'atmosphère (environ 15 % du rayon de la Terre) mais également de prendre conscience des enjeux sur Terre, la déforestation par exemple. Cela a donné envie aux enfants de moins polluer, d'utiliser les énergies vertes, mais aussi de renforcer les convictions des plus grands.

Le camion transportant la fusée SpaceBuzz a décollé de Grenoble depuis et continu son périple à travers l'Europe.

Au Festival d'installation numérique DN[A], on s'émerveille !

Le musée dauphinois

Le festival DN[A] a eu lieu du 20 au 22 mai dans tout le quartier Saint-Laurent à Grenoble. J'ai pu participer à l'inauguration prenant place au musée dauphinois. J'ai pu y rencontrer Pierre Schefler, président de l'association ARCAN qui organisait ce festival ainsi que Clara Girousse, responsable de la programmation et de la production.

Ils m'ont tous les deux présenté leur association ARCAN ainsi que l'origine du festival DN[A]. ARCAN est né avec la première édition du festival DN[A] en 2018, notamment grâce à Jérôme Villeneuve, actuel directeur de l'Hexagone. L'objectif était d'exposer des esthétiques émergentes lié au numérique, d'aller chercher des artistes du territoires isérois qui "bidouillait" avec le numérique ou des ingénieurs ayant des pratiques artistiques. La première édition du festival DN[A] était répartie dans les rues de tout Grenoble afin de toucher un maximum de public qui ne va pas toujours vers l'art contemporain. Le festival s'est par la suite concentré sur le quartier Saint-Laurent où des structures artistiques comme le musée dauphinois, le musée d'archéologie Saint-Laurent, La Casemate ainsi que de nombreuses galerie d'art se concentrent. Des espaces insolites, où le public ne s'attend pas forcément à faire face à de l'art contemporain. L'installation de ce festival s'est également accompagnée de temps où les artistes exposés ont pu rencontrer des professionnels du milieu afin de leur pitcher leurs projets ainsi que demander des conseils.

Myosotis de Clément Demonsant

Le festival s'étendait donc sur tout le quartier Saint-Laurent, nous avons commencé la visite guidée au musée dauphinois pour ensuite finir à la Casemate. C'est parti pour la visite !

Nous avons donc commencé par nous balader dans le jardin du musée dauphinois où Clément Demonsant exposait son œuvre : Myosotis. Nous avons pu découvrir une installation bucolique sonore composée d'enceinte au milieu des rosiers, une invitation à écouter les sons qui nous entourent, provenant des haut-parleurs, mais aussi de notre environnement immédiat.

La deuxième œuvre de Clément Demonsant, "15.2 kilomètres", se trouvait à l'intérieur du musée. Cette installation sonore pour vélo augmenté, lumière et électronique visait à nous faire revivre les sensations fortes de liberté, d’évasion, de voyages, de vacances qu'inspire le vélo. C'est ensuite Arthur Chiron qui nous a présenté son œuvre dans la chapelle de l'ancien monastère. Toujours sur la thématique du vélo, le spectateur était invité à relier virtuellement Paris à Roubaix à vélo. Mais pas le Paris-Roubaix que nous connaissons tous : il s’agit là de relier la ville homonyme de Paris présente au Nord du Texas ainsi que le Roubaix du Dakota du Sud. J’ai même pu participer à ce grand road-trip américain grâce à l’écran, relié au vélo, nous montrant notre avancée sur Google Maps.

Ce fut ensuite l'heure de quitter le musée dauphinois pour se diriger vers un des autres lieux d'exposition : le musée d'archéologie Saint-Laurent. Nous y avons retrouvé Alexandre Levy, créateur de la compagnie pluridisciplinaire aKousthéa , ainsi que son fils. Ils nous ont proposé plusieurs pièces musicales inspirées du musée et du monde de l'archéologie, joué à la flûte traversière ainsi que divers objets naturels comme des coques de noix ou des branches d'arbre.


L'arbre à frôler d'Alexandre Levy

Alexandre Levy proposait également au public de traverser "l'arbre à frôler", un espace où branches, lianes, cordes et fils métalliques s'entremêlait. Les sons produits par les chocs entre toutes ces matières entraîné par le passage du public a pu nous donner une impression de traverser un champ sonore naturel. Les fils métalliques déclenchaient également des enregistrements d'instrument et de nature projeté par les enceintes, de quoi renforcé l'immersion. Je suis finalement descendu dans les sous-sols du musée d'archéologie pour tester la dernière œuvre d'Alexandre Levy faisant partie de son projet "Racine du son" : la lossonante. La lossonante est un projet initié par Sébastien Depertat et Thomas Bonnenfant épaulé par le LabEx ITEM, un réseau de chercheurs basé à Grenoble. Cette installation sonore originale propose une expérience d’écoute par conduction osseuse. Le son n’est donc pas projeté dans l’espace par voie aérienne, il circule le long des coudes, des bras, des mains jusqu’aux oreilles. C'est cette technologie qu'Alexandre Levy a utilisée pour diffuser ces pièces du projet "Racine du son", une expérience immersive et quelque peu déconcertante.

Et c'est tout pour mon petit tour du festival DN[A]. Je n'ai malheureusement pas pu voir toute les œuvres mais j'ai quand même pu observer le soleil se couchant sur le Vercors !

N'hésitez pas à retrouver votre installation numérique préférée sur RCF Isère, le Magazine des Sciences !

Liens utiles :  

Un article rédigé par Guillaume Froment, stagiaire en communication scientifique chez RCF Isère.