La startup grenobloise: BAG-ERA
Publié par Imane Sabir, le 2 décembre 2016 4.3k
Dans l'émission spéciale du Magazine des sciences cette semaine, nous avons accueilli les fondateurs de la startup grenobloise BAG-ERA.
Durant cette émission,
-Eric CHEMINOT: Président de BAG-ERA
-François PACULL: Directeur technique de BAG-ERA
Nous parlerons du domaine d'activité de cette startup en passant par leurs expériences entrepreneurial...
Interview réalisée par Imane SABIR et Mathilde CHASSAURIAUD
Chroniqueurs hebdomadaires du Magazine des sciences.
Pour commencer, nous aimerions savoir qui vous êtes, d’où vous venez, quel a été votre parcours et ce qui vous a amené à crée BAG-ERA ?
François: Je suis arrivé au centre de recherche Xerox en 95, où j'ai commencé à travailler sur des plateformes du même type que celle de BAG-ERA jusqu'en 2009. j'ai intégré par la suite, le CEA de Grenoble où j'ai continué à travailler sur des plateformes du même type. Au bout d'un moment, on c'est dit que ce serait bien de passer à quelque chose de plus industriel, et donc dans la vraie vie, et de faire basculer la recherche vers quelque chose de plus appliqué. Pour justement créer cette startup.
Eric: J'ai rencontré François justement au centre de recherche européen de Xerox, auquel j'ai passé les 15 dernières années. Lors de discussions, vers le début d'année 2016, on a décidé de partir ensemble pour BAG-ERA.
Que pouvez-vous nous dire sur BAG-ERA et son activité?
Eric: BAG-ERA est un bureau d'études spécialisé dans les domaines de la sûreté et de la préservation de la cohérence, cette entreprise développe des solutions dans ce domaine.
François: Sûreté, qu'est-ce que ça veut dire? Lorsque vous avez un certains nombres de composants logiciel ou matériel, que vous voulez mettre ensemble pour faire des applications. Ce que l'on appelle maintenant les objets connectés par exemple. Vous avez besoin de garantir un certains nombres de choses et en particulier, que votre système va continuer a fonctionner correctement, même si vous avez un certains nombres de choses qui peuvent se passer. Tel que des pannes de communications, des pannes de composants etc...
On assure donc, que même en cas de panne, tout ses composants qu'on a mit ensemble pour faire l'application, feront en sorte que l'on va quand même continuer à rester dans un état où on peut évoluer.
Vous dites que votre solution logicielle est innovante, j’aimerai bien savoir qu’est ce qui permet de faire sortir du lot votre solution parmi celles existantes ?
François: Actuellement, il y a beaucoup d'efforts qui sont faits sur la gestion de l'hétérogénéité. C'est-à-dire mettre des composants, qui au départ n'étaient pas prévu pour fonctionner ensemble, de les connecter et de faire des applications. C'est un problème qui fait parti de la face visible actuellement de l'internet des objets de ce type d'application. Il y'a un certains nombres de choses qui ne sont pas pris en compte, les pannes y font parti. On se retrouve donc très souvent avec des applications qui marche quand le système en dessous marche et quand ça ne marche plus, c'est défaillant!
Il suffit justement d'écouter la radio, de regarder la télévision ou de lire les journaux tous les jours, pour s'apercevoir que cela pose un certains nombres de problèmes, aussi bien des véhicules connectés, sur internet etc...
Eric: Une autre facette innovantes aussi de nos solutions par rapport aux solutions existantes. Parce qu'il faut le dire, il existe d'autres solutions qui s'occupent de ce genre de problème. C'est la facilité de mise en œuvre et c'est l'agilité. Ce dernier, est un mot clé très important dans l'informatique, il facilite l'évolution, parce qu'il faut faire face à des demandes de nouvelles fonctionnalités très rapidement. Pouvoir développer à moindre coût nos solutions, apporte aussi des bons points sur ces aspects là.
2016 RCF Isère- Interview Eric CHEMINOT et François PACULL
Comment l’idée de cette startup vous est venu (ou comment est née le projet?
François: L'idée de la startup est venu du fait que, ayant utilisé des plateformes de ce type pour des projets européens pour des études plus orientés recherche. On s'est aperçu de l'intérêt des fonctionnalités qu'on offrait. On s'est dit que, ce serait une bonne idée de pouvoir offrir cette brique complexe en général et de la mettre à disposition d'autres entreprises, startup, PME et même des grand groupes, de façon à les aider à développer leurs innovations ou même leurs produits etc...
C'est une mise en oeuvre très technique, et toutes les entreprises n'ont pas cette compétence. Le faite de pouvoir justement l'offrir, permet d'étendre les équipes qu'ils ont en interne, on leurs apportant cette compétence là.
Eric: Sur un domaine beaucoup moins technique et marketing, la volonté de vivre cette aventure qui est aussi un facteur important !
Pour résumer vous développez une solution logicielle innovante de coordination de systèmes distribués hétérogènes, pour permettre aux objets connectés de communiquer facilement et de manière fiable et cohérente entre eux. Dans quels domaine alors peut-on utiliser votre solution logicielle et pouvez-vous nous donner un exemple concret de son application?
François: Très simplement en règle générale, quand vous avez un système qui va commencer à mal fonctionner, qui va diverger typiquement votre PC. Quand ça va mal, vous avez tendance à le redémarrer de façon à repartir sur un état stable. Il existe plusieurs applications pour lesquelles cette notion de redémarrer est assez conceptuel. Redémarrer un parking intelligent, je ne vois vraiment pas comment faire! Une ville, une usine, même un équipement médical qui va prendre par exemple un échantillon humain pour faire une analyse, si vous redémarrer l'équipement, vous allez perdre l'échantillon humain etc...
Donc il existe plusieurs systèmes qui ne peuvent pas justement être redémarré si ils dysfonctionnent. Pour ne pas avoir donc à redémarrer, le plus simple c'est justement de ne pas diverger, et faire en sorte que ce système reste cohérent. C'est exactement ce que l'on met en avant.
Prenons comme exemple une chaîne de production, où la collection de tout aspect documentaire avec cette chaîne pour former justement, ce qu'on appelle maintenant les industries numérisés etc... Typiquement vous ne pouvez pas le redémarrer. Sachant que tout les processus de cette usine, aussi bien de conception que de production reste cohérente à tout moment.
Eric: En ce qui concerne le parking intelligent, qui d'ailleurs est un exemple intéressant et visible sur le campus du CEA de Grenoble. C'est un vrai parking à l'échelle 1, c'est pas du tout un joué! Pour son développement, il fallait faire face à des difficultés techniques importante, la multiplicité des protocoles, des systèmes à connecter (pour lesquels nos solutions peuvent très bien s'exprimer), la difficulté d'avoir à temps les spécifications, les détails d'implémentation par exemple de la borne de recharge, qui n'était pas disponible lors du développement...
Nos outils permettent de facilement simuler ses comportements de systèmes complexes , de les faire fonctionner sans même avoir tout les composants du système complexe, de pouvoir les tester sans avoir l'entièreté de ce système, et finalement de mettre au point un système qui fonctionne et qui apporte la sûreté et la cohérence. Même pour quelque chose qui est assez complexe pour un parking intelligent.
Avez-vous une cible client. Quelle stratégie adoptez-vous pour communiquer auprès de cette cible ?
Eric: Notre modèle c'est du BtoB, on vise les industries directement ou les intégrateurs qui vont développer des solutions avec nos technologies, pour l'aspect technologique de BAG-ERA. On peut aussi apporter directement du Conseil, aussi bien aux industriels, qu'aux intégrateurs.
En revanche on n'a pas de domaine d'application, parce que les systèmes hétérogène complexes sont présents partout. En faite, avec la montée d'internet of things, IoT... On va connecter beaucoup de choses de plus en plus. Une voiture va se connecter pour une recharge quand on se gare par exemple, c'est une information qui est récupéré, qui est renvoyé ... C'est présent partout! Donc on n'a pas de domaine de prédilection mais un modèle BtoB pour apporter des solutions de connexion.
Quelle est selon vous le ou les facteurs les plus importants à la réussite d’une entreprise?
Eric: Si on avez la réponse ! (Répond-il avec le sourire). Je ne suis pas sûr d'avoir le recul nécessaire pour répondre à cette question! Néanmoins, on voit qu'on est confronté tous les jours à une difficulté qui est d'expliquer ce qu'on fait aujourd'hui, le but, pourquoi on est différent, on l'espère meilleurs que d'autres entreprises. Ce qui est crucial il me semble, c'est d'avoir une idée maîtresse est une idée simple à expliquer, pas forcément simple à réaliser (c'est l'apport des nouvelles technologies). Il faut donc tester cette idée maîtresse, la confronter à des spécialistes, à des non spécialistes, la raffiner encore et encore, et lorsqu'on réussit à convaincre suffisamment de personnes sur cette idée on peux donc l'exécuter. Je dirai que c'est une condition nécessaire mais sûrement pas suffisante.
Quelle difficulté avez-vous rencontré au cour de votre vie d’entrepreneur ?
François: La difficulté consiste effectivement à arriver à expliquer que le problème qu'on résout est un vrai problème. On a un peu la même difficulté qu'ont les vendeurs d'alarmes. C'est à dire que les gens s'équipent d'alarmes, une fois qu'ils ont été cambriolés. Effectivement, expliquer à une personne que si il y a une panne dans son système, cela peux être préjudiciable parce qu'il va y avoir des pertes d'argents, de temps etc... C'est quelque chose que les gens voit mal, jusqu’à ce qu'ils y soit confrontés. Donc oui, pour nous c'est une difficulté d'arriver à expliquer ce qu'on fait!
Que représente l'entrepreneuriat pour vous ?
Eric: Avant tout, une liberté de pouvoir faire ses choix, décider vers où on va. Bien sûr, les choix il ne faut pas les faire sans tenir compte des événements extérieurs du contexte, mais plutôt de présider à ses choix.
François: Un grand défi. Surtout pour moi, qui viens du milieu de la recherche où j'ai eu d'autres défis dans ma vie. C'était pour moi quelque chose de complétement nouveau et un challenge que j'avais envie de relever!
Parlons donc un peu plus de votre domaine d’activité, et abordons le sujet de la sûreté et la cohérence des systèmes informatiques
Comment on peut s'assurer que les diverses composantes d'un système industriel restent cohérentes ?
François: Les incohérences viennent du fait que, quand on a un groupe d'actions à faire sur un groupe de composants pour faire évoluer notre système, l'incohérence elle, arrive s'il y a qu'une partie des choses qui sont faites. Sachant que cela crée des décalages entre les différentes visions du système, c'est ceci qui pose problème. Je prends de l'analogie des transactions bancaires, dans cette dernière, vous faites le crédit et le débit en même temps, et vous vous assurez que vous faites bien les deux opérations. Parce que si vous en faite qu'une seule, soit vous crée de l'argent, soit vous en perdez; et en règle générale les banquiers n'aiment pas trop ça! Mais ici, on a exactement la même problématique, et effectivement on va faire ce que l'on appelle une transaction (c'est un groupe d'opération), et on va garantir que soit on les fait toutes, soit on ne fait aucune pour éviter justement l'incohérences.
Comment être sûr que si une porte est indiquée verrouillée sur une interface utilisateur, elle l'est réellement ?
François: Si vous vous assurez que les deux opérations (dont je parlez tout à l'heure) sont faites ou aucune, soit vous avez pas pu verrouiller la porte et donc l'interface n'a pas bougé, soit vous avez pu verrouiller la porte et donc l'interface à bougé. Vous gardez alors, ce qu'on appelle, l'atomicité des opérations. C'est à dire les opérations qui sont faites comme si elle était faite en même temps.
Sur un plan plus pratique, Quels conseils pouvez-vous donner à quelqu’un qui nous écoute et qui a une idée de startup mais qui n’ose pas vraiment se lancer ?
Eric: Je dirai que dans la région de Grenoble, pour le domaine que je connais , qui est l'informatique. Il y a beaucoup de structures, je pense à French Tech , Digital Grenoble, Minalogic, Cluster Numérique... qui permettent de rencontrer des gens, de valider ses idées. J'en reviens à ce que je disait tout à l'heure sur l'idée, parce qu'il faut vraiment la validé et la confronté, c'est vraiment la première étapes, et être accompagné. Nous on a la chance d'être au sein d'une pépinière d'entreprise, la pépinière Tarmac Inovallée, c'est un accompagnement qui est crucial. Les statistiques disent qu'on passe de 10 % de réussite de startup à 50% quand on est dans une pépinière c'est quand même un facteur 5, donc il ne faut pas le négliger!
François: Si je peux rajouter quelque chose, je dirai aussi ne pas négliger le faite de s'appuyer sur des aides extérieurs même au niveau technique. C'est à dire, très souvent les startup ont l'impression de pouvoir faire tout par eux même, mais ils n'ont pas beaucoup de temps, ni de ressources. Donc s'il y'a des choses qu'ils peuvent faire par des personnes spécialiste du domaine, il faut qu'ils le fassent faire!
Site Web de la startup: http://bag-era.fr/
Bonne Continuation à BAG-ERA!