La méditation, cette pratique si mystérieuse - par Laura Gonzalez Tapia

Publié par Mathilde Chasseriaud, le 11 mars 2018   6.1k

- Chronique rédigée et présentée par Laura Gonzalez Tapia pour le MagDSciences -

>> Chronique ré-éditée pour Echosciences par Mathilde Chasseriaud <<


Si je vous dis « méditation », les images qui vont peut-être vous traverser l’esprit seront une personne assise en tailleur, le dos droit et les yeux fermés ; une bougie allumée dans un endroit plutôt zen ; des statuettes bouddhistes ou encore des moines tibétains enfermés dans des monastères éloignés de toute civilisation.

Pour la science, cette pratique cache encore pas mal de secrets. Vers la fin des années 1970, le biologiste américain, John-Kabat Zinn décide d’intégrer cette pratique à l'hôpital universitaire de Massachusetts Institut of Technology. Son objectif : diminuer la pression des patients. Ce type de méditation laïque s’appelle MBSR, qui veut dire réduction du stress par la méditation de pleine conscience. Elle est à l'heure actuelle bien installée dans des écoles, au sein des entreprises voire même dans certaines prisons ! 

Faire le vide et ne penser à rien...

La méditation serait donc une pratique qui nous apporterait beaucoup de bien-être, nous rendrait plus zen voire de nous rendre plus heureux ! Mais tout d'abord, en quoi consiste la méditation ? 

D'après les tibétains, il n'existe pas une méditation mais plus de 80 000 pratiques différentes de méditation. Nous parlerons ici que de trois grandes catégories : la méditation par attention focalisée, la méditation de pleine conscience et la voie de la compassion.

La première va permettre un apaisement de l'esprit pour ensuite être capable de contempler ses propres émotions. D'après les pratiquants, elle serait la première étape pour passer ensuite à la méditation de pleine conscience, qui elle, va ouvrir cette attention sans jugement vers tout ce qui se passe dans le moment présent. Et enfin, pour les pratiquants aguerris, la voie de la compassion (pratique à visée altruiste) cherche à répandre les sentiments d’empathie et de bonté aux autres. C’est à la seconde pratique, la médiation de pleine conscience, que va principalement s'intéresser la science.


Plusieurs disciplines scientifiques séduites par l'étude de cette pratique  

Tout d’abord, les neurosciences (discipline qui s'intéresse principalement à la structure et aux fonctionnalités de notre cerveau

Des recherches ont même permis de démontrer des effets étonnants. Grâce à l'imagerie cérébrale,  un neuroscientifique, le chercheur Yi-Yuang Tang ,  a pu constater que :

 Trois effets neurologiques majeurs semblent spécifiques à la pleine conscience. Elle agit sur les zones cérébrales liées au contrôle de l'attention, sur celles de la régulation des émotions et sur la métacognition : le processus mental lié aux pensées qu'on a sur ses propres pensées.

 Trois zones de notre cerveau seraient concernées par ces effets :

  • le cortex préfrontal et le cortex cingulaire : un contrôle de l'attention renforcé 
  • l'amygdale : une meilleure régulation des émotions, car en pratiquant la pleine conscience nous offrons une séance gratuite de relaxation à l'amygdale, cette partie de notre cerveau chargée de nos émotions.
  • l'insula : la méditation nous donnerait accès à la métacognition une sorte de prise de recul intérieure.
Que se passe t-il dans notre cerveau lorsque nous méditons ?

Ces effets sur le cerveau sont possibles grâce à la plasticité cérébrale. Pour un muscle, il faut entraîner ce dernier régulièrement pour améliorer ses performances. Avec le cerveau c'est pareil ! Si l'on veut renforcer la plasticité des zones impliquées dans la méditation de pleine conscience, les experts nous conseillent une pratique régulière de cette dernière. Les chercheurs ont aussi constaté avec le temps une multiplication du nombre de neurones et de connexions synaptiques dans ces zones. En d’autres termes, une augmentation de la matière grise et de la matière blanche ! Étonnant n'est pas ?

 

La méditation retarderait le vieillissement cellulaire

 Après les neuroscientifiques, c’est au tour des biologistes cellulaires de se plonger corps et âme dans la méditation. Il semblerait que la méditation retarde le processus de vieillissement de nos cellules !

Le professeur Clifford Saron (Université de Californie) et son équipe ont mis en évidence l'influence de la méditation sur la longévité de nos cellules. En effet, ils ont été les premiers à observer un lien direct entre une pratique de méditation intense (comptons en mois) et l'activité à la hausse d’une molécule ; la télomérase, qui est chargée de protéger les extrémités de nos chromosomes qui, avec le temps et à force de divisions cellulaires, finissent par se raccourcir, amenant au vieillissement et à la mort de nos cellules. 

La télomérase protège les extrémités de nos chromosomes ; les télomères

Pour la biologiste Perla Kaliman, spécialiste de l'influence des facteurs environnementaux sur le métabolisme cellulaire, tout cela a une logique. En effet, lorsque nous sommes exposés à des moments de stress, l'activité de la télomérase diminue et nos chromosomes sont moins bien protégés. De ce fait, nos cellules aussi.

Chez une personne qui méditerait de manière régulière, cette pratique aura également un effet sur la sécrétion d’hormones liées au stress, notamment une : le cortisol. Ce dernier va entre dans les cellules du corps et a un impact non négligeable sur la durée de vie de ces dernières. La méditation de pleine conscience permettrait une meilleure régulation du cortisol et donc, retarderait le processus de vieillissement de nos cellules.

Quoi de plus simple pour préserver la vie de nos cellules que de s'accorder cinq minutes par jour pour se recentrer sur soi et contempler le présent avec toute simplicité ?


Le podcast de l'émission est à retrouver ici ou sur le site de RCF Isère > Le Magazine des Sciences

    


 Sources

Visuel principal : Pixabay

Article :   "Méditation et hypnose, les vrais effets"Science et Vie, n° 1206, Mars 2018