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Création et accident
Pour sa première conférence plénière, l'UMR Litt&Arts invite Daniel Ferrer, directeur de recherche émérite au CNRS – Institut des Textes et Manuscrits modernes (ITEM).
L’étude des traces laissées par le processus de création confirme que l’accident est inhérent à toute invention, présent au point de départ des programmations les plus rigoureuses comme des dérives les plus imprévues. Sous un de ses aspects, il est la résultante inévitable de la collision des impératifs internes contradictoires. Dans une perspective différente, il est la marque de l’autre et de son accueil plus ou moins forcé au sein du même.
Même les œuvres les mieux planifiées sont sujettes aux accidents : accidents biographiques ou politiques majeurs qui bouleversent ou interrompent le cours de la genèse, infimes accidents graphiques qui infléchissent localement l’écriture… Étudier l’impact de l’accident est le meilleur moyen de comprendre la logique sous-jacente du processus qu’il vient perturber, mais aussi de constater qu’une autre logique est souvent mise au jour par l’accident, à partir de laquelle l’œuvre est réinterprétée a posteriori. Hasard ou déterminisme, c’est une affaire de perspective de la part du critique, mais aussi de celle de l’écrivain au cours de la genèse. Le rôle de la critique génétique est d’étudier le passage de l’accidentel inéluctable de la genèse au « possible nécessaire » du texte.
Daniel Ferrer est directeur de recherche émérite à l’ITEM, qu’il a dirigé de 1994 à 1998 et de 2004 à 2006.
Il a publié sur Joyce (plus de 70 publications), sur Woolf, Faulkner, Poe, Balzac, Stendhal, Flaubert, Zola, Proust, Barthes et Hélène Cixous, sur la théorie littéraire, la peinture, les humanités numériques et la génétique cinématographique (il a dirigé pendant 15 ans un séminaire sur cette question).
Sur la critique génétique, il a publié les ouvrages suivants : L’écriture et ses doubles. Genèse et variation textuelle, Éditions du CNRS, 1991 ; Genèses du roman contemporain. Incipit et entrée en écriture, Éditions du CNRS, 1993 ; Pourquoi la critique génétique ? Méthodes, théories, Éditions du CNRS, 1998 ; Bibliothèques d’écrivains, Éditions du CNRS, 2001 ; Genetic Criticism. Texts and Avant-textes, Pennsylvania U. P., 2004 ; La Textologie russe, Éditions du CNRS, 2007 ; Logiques du brouillon. Modèles pour une critique génétique, Seuil, coll. « Poétique », 2011.
Il a édité les carnets de Joyce pour Finnegans Wake, contribué aux éditions « Pléiade » et « Folio » de la traduction d’Ulysse et, plus récemment, publié une édition des esquisses de Finnegans Wake sur le thème de Tristan et Iseult (Brouillons d’un baiser. Premiers pas vers Finnegans Wake, Gallimard, coll. « Du Monde entier », 2014). Il s’occupe à présent des carnets de lecture de Virginia Woolf.
Il est directeur de la publication de la revue Genesis, qu’il a fondée en 1992 avec Almuth Grésillon et Jean-Louis Lebrave.
De 11:00 à 12:30