Œuvres-mémoires au cinéma et dans les arts de la scène
Publié par UMR Litt&Arts, le 20 janvier 2022 1.2k
Date limite d’envoi : 5 février 2022
Cet appel à contributions concerne un séminaire doctoral en arts de scène et cinéma, ouvert à tous·tes les doctorant·es en arts de la scène et en études cinématographiques, ainsi qu'aux doctorant·es en arts visuels et performatifs, ou en histoire de l'art.
Cinéma, théâtre, cirque ou danse ont un lien très fort avec l’Histoire. Or, l’écart entre le dit et le montré, entre discours et figurations, représentations et infigurabilité au cinéma comme dans les arts de la scène, permet de questionner la puissance des images en tant que vectrices de mémoires. Elles sont partages d’un sensible discontinu à la faveur « d’une expérience partagée d’un ‘‘monde en commun’’ » (Sylvie Rollet, Théo Angelopoulos, au fil du temps, revue Théorème n° 9, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2007, p. 8). Qu’il s’agisse d’œuvres constituées à partir d’archives, de récits à la première personne, ou bien encore de gestes chorégraphiques, les créations que nous aborderons au cours de ce séminaire doctoral appartiennent à ces œuvres-témoignages ainsi qu’à ces œuvres-déchirures à la dimension historico-critique.
Les corps recomposés et décomposés, le découpage, l’assemblage, les mises en contact traumatiques participent du dévoilement, du geste d’ouverture qui nous offre à un monde éclaté autant qu’il nous déchire. Ces œuvres-mémoires s’ouvrent à nous et se referment sur nous dans la mesure où « [elles] suscitent en nous une expérience intérieure marquée par […] la béance » (Georges Didi-Huberman, L’image ouverte, motifs de l’incarnation dans les arts visuels, Paris, Gallimard, 2007). Entrer dans ces théâtres et ces cinémas des ordres précaires, les dévoiler afin de rendre compte des mémoires qui les habitent et qui nous habitent, nous hantent, est l'objet de ce séminaire.
Comment appréhender ces expériences ouvrantes ? Comment concevoir ces œuvres-mémoires et leurs déchirures ? Quels transports mémoriels engendrent-elles ?
Ces questionnements s'inscrivent plus largement dans une actualité artistique et politique qui interroge notre rapport aux images et à leurs réemplois. Alors que nous assistons à une mise en concurrence des mémoires dans nos sociétés hyper-modernes où explosent le nombre d’images et de témoignages co-existants, que faire aussi du régime d’images « amateur » postées sur le net, et de leurs réceptions par d'autres potentiel·les actant·es de l’Histoire ? Quelle(s) place(s) leur accorder ? Comment appréhender l’excès de mémoires et les déchirures qu’il provoque ? Et que faire des voix des témoins qui s'invitent sur scène ? Comment les appréhender ? Que faire aussi du réemploi de ces images et de ces voix au théâtre et au cinéma, où la répétition brouille l’authenticité ?
Modalités
Ce séminaire doctoral organisé au sein du laboratoire Litt&Arts est plus largement ouvert à tous·tes les doctorant·es en arts de la scène et en études cinématographiques, ainsi qu'aux doctorant·es en arts visuels et performatifs, ou en histoire de l'art.
Les séances d’une durée de 2h se dérouleront sur le campus de l’Université Grenoble Alpes, une fois par mois à partir de la fin février 2022. Compte tenu de la reprise épidémique du Covid, une forme dématérialisée du séminaire reste envisageable.
Les propositions d’intervention, de 300 mots environ, sont à envoyer d’ici le 5 février 2022 à Célia Jerjini et Anaïs Tillier.