Les espaces naturels protégés à l’épreuve du tourisme scientifique
Publié par Mathilde Verrot, le 11 décembre 2020 1.7k
Nous sommes le 25 Novembre 2020, la deuxième journée d’étude « Culture scientifique et transition touristique : quels enjeux pour les territoires alpins ? » commence. La première intervention permet d’accueillir un représentant du Parc Naturel National des Écrins : Pierrick Navizet, chargé de mission écotourisme et marque au Parc.
Tout d’abord, un Parc Naturel National (PN), qu’est-ce que c’est ?
C’est un territoire avec une richesse biologique et culturelle qui justifie une protection et une gestion afin de garantir la pérennité de ce patrimoine.
Chaque parc national est séparé en deux zones :
- Une zone de cœur qui fait l'objet d'une réglementation spécifique (par exemple, la chasse y est interdite, les bivouacs y sont réglementés, etc.)
- Une aire d'adhésion, autour du cœur, qui fait l’objet d'un projet de territoire pour le développement local. Elle est définie par une charte proposée aux communes (pour le Parc des Écrins, 90% des communes ont voulu y adhérer ; c’est le plus fort taux au sein des parcs nationaux métropolitains).
Un PN a, de ce fait, de grandes missions à mettre en place. En effet, c’est un établissement public qui est sous tutelle du Ministère de la Transition écologique.
Les parcs ont donc une gouvernance sous quatre missions :
- Protéger la biodiversité
- Connaître les patrimoines
- Accueillir les publics
- Soutenir les activités durables
Comme l’explique Pierrick Navizet, les parcs sont de grandes destinations touristiques. Il y a énormément de visiteurs car ce sont des territoires attractifs ayant une bonne image auprès du public car, préservés, et ils possèdent les infrastructures et institutions d’accueil.
Prenons maintenant l’exemple du Parc National des Écrins (PNE)… Ce dernier a été créé en 1973. Il se situe à cheval sur les départements de l’Isère et des Hautes Alpes et est donc un parc de montagne et haute montagne. Il culmine à 4102 au sommet de la barre des écrins. Ce parc a donc une dimension interrégionale avec une population de 30.000 habitants. C’est un territoire à fortes dynamiques glaciaires qui évolue face au changement climatique.
Il y a une offre de randonnée remarquable avec 750 kilomètres de sentiers et cinq cols à plus de 2500 mètres d’altitude.
En 2011, le parc a relevé 280.900 randonneurs. Cet usage de la montagne est un défi pour le parc car il y a beaucoup de terrains à couvrir, à aménager et à préserver. Le Parc met donc en place des éco-compteurs pour évaluer la fréquentation, voir les spots les plus fréquentés, etc.
Afin de répondre à cette demande touristique, le PNE a mis en place une stratégie de diversification touristique qui a été validée par le conseil d’administration en 2015.
Cette stratégie s’inscrit fans le cadre de la charte du parc et se compose de trois axes et objectifs stratégiques à l’horizon 2021.
L’axe 1 : Organiser la découverte du cœur de parc
- Aménager les sites majeurs de fond de vallée et organiser la découverte des espaces de proximité immédiate
- Conforter le réseau de sentiers du cœur du parc
- Valoriser les activités identitaires de haute montagne dans le respect du caractère du Parc National
- Qualifier les refuges, développer leur rôle de bases avancées de la découverte de la haute montagne
L’axe 2 : Participer au développement d’une offre touristique durable sur l’ensemble du territoire
- Développer l’offre d’itinérance et des projets pilotes ou innovants à l’échelle du massif des Écrins
- Déployer la marque Esprit parc national pour stimuler l’offre écotouristique et les produits locaux
- Faire évoluer les maisons de parc en visant notamment une meilleure articulation avec l’offre écotouristique des vallées
L’axe 3 : Communiquer de manière positive et innovante
- Porter un message positif sur le PN des Écrins et sur la montagne
- Déployer des supports de communication innovants
- Sensibiliser aux patrimoines du parc, faire découvrir et aimer la montagne
- Renforcer les collaborations entre le PNE et les professionnels du tourisme
Cette stratégie est importante car, comme nous l’a précisé Pierrick Navizet, le Parc National des Écrins a connu une perte de 20 à 40% des visiteurs après les années 90. C’est pourquoi il y a eu ensuite un développement de la communication et la création d'outils de sensibilisation aux bonnes pratiques itinérantes qui ont permis aux visiteurs de revenir petit à petit.
Depuis 2016, le PNE a mis en place quelques offres touristiques comme le Programme Grand Tour des Écrins. Ce dernier a pour visée de favoriser l’itinérance douce pour des séjours sans voitures. Le parc propose à ce jour (en 2020) 26 tours itinérants. Tous les tours peuvent se trouver sur le site Grand Tour des Écrins, et sur chaque tour, les patrimoines sont indiqués et valorisés.
Le PNE s’investit aussi au déploiement de la marque Esprit parc national qui regroupe 115 entreprises agricoles et touristiques mais il s’engage aussi avec des actions de sensibilisation aux enjeux du parc auprès des visiteurs comme la campagne Eco altitude : 20 gestes pour la montagne !Enfin, le Parc propose des formations pour les publics professionnels (interventions de prestataires ponctuels externes, conseil scientifique très actif).
Pour plus d’informations sur les journées d’étude « Culture scientifique et transition touristique : quels enjeux pour les territoires alpins ? » : https://maestro.hypotheses.org/1027
Mathilde Verrot