Et, enfin, dépasser le PIB.
Publié par Vincent Rauzier, le 22 avril 2020 4.5k
Alors que chacun tente de se projeter dans le "monde d'après", certaines références ont la vie dure. Le PIB, notre PIB, va reculer de manière colossale dans les prochains mois. La nouvelle est dure et annonce une crise importante. Mais cette crise était déjà bien là, et nous refusions de le voir : les hôpitaux publics, et au delà, les services publics, négligés depuis des décennies, en ont été les premiers témoins. Face à une crise mondiale, le focus sur la seule croissance économique nous a aveuglé et fait perdre certains point de vue importants. Il faut dire que nous n'avions pas d'autres boussoles... Alors, pour imaginer le monde d'après, heureusement, certains cherchent, également depuis des décennies, de quelles manières nous pourrions "compter ce qui compte". Retour sur une brève histoire des recherches d'indicateurs qui nous donneraient une autre voie à suivre. Ce texte a été initié à l'issu du Forum international pour le bien-vivre, tenu à Grenoble du 6 au 8 juin 2018, nous y reviendrons, l'événement est important.
Il est possible d’inscrire la notion du "bien vivre", dans son acception la plus large, dans un mouvement de convergence des différents courants ayant en dénominateur commun la mise en question, et non la remise en cause, du prisme – quasi exclusif – économique de la croissance comme constitutif du bien-être des populations et des sociétés et pouvant expliquer les contours parfois mouvant de la notion de bien-vivre.
Je vous propose une lecture chronologique, car il en faut, et un modèle de dispersion/constitution de cette notion finalement globale de "Bien Vivre" qui illustre d'une part sa dimension « work in progress », mais également sa dimension prospective. L'avenir est bien au delà du PIB.
La grande fin du XXe siècle
Pablo Solon évoque « la théorisation du suma quamaña et du sumaq kawsay et leur traduction dans les concepts de « vivre bien » en Bolivie », et « bien vivre » en Equateur […] (émergent) à la fin du XXe siècle »[1].
En parallèle, le concept traditionnel bhoutanais, que l’on peut traduire, avec Célina Whitaker en « bonheur tous ensemble », se théorise dans la seconde moitié du XXe siècle pour « donner une direction aux politiques, en cohérence avec les valeurs définies […] »[2].
En Europe, si « le PIB a fourni un récit en réponse à la guerre et au besoin de reconstruction » permettant à l’Europe « d’éviter certaines questions. En 1939, (elle), qui se croyait terre de grandes civilisations, devient le théâtre d’un déchainement de violences nouvelles. […] En déportant tout sur la croissance, on s’est gardé de répondre (…) » à la « grande question éthique et spirituelle d’après-guerre » : comment avoir pu permettre une telle barbarie niant à ce point l’homme[3]. Cette explication, pour Patrick Viveret, de la prégnance de la croissance dans la vision d’après-guerre, semble marquer le pas à partir de la fin des années 60. Si « en 68 (…) les questions posées étaient trop radicales », la position de la croissance matérielle comme seule perspective de développement humain et/ou sociétale se pose à nouveau. Les questions environnementales, les relations au « tiers-monde » amplifient un courant de remise en question du modèle de croissance infinie, remettant en avant les théories économiques initiées dans les années 30 de stagnation séculaire (Alvin Hansen[4]), ou mettant en évidence, comme Richard Easterlin « une décorrélation (…) entre le niveau de PIB par habitant et le sentiment subjectif de bien-être »[5].
Toutefois, comme le souligne Isabelle Cassiers[6], « les chocs pétroliers et la sévère crise structurelle des années suivantes ramenèrent toute l’attention des pouvoirs publics sur la croissance économique » (Voir RICARD LANATA, livres cités en point 1). Nous pouvons également poser l’hypothèse que le contexte de Guerre Froide n’était pas favorable au développement et à la diffusion institutionnelle de questionnements mettant en cause l’épanouissement de l’individu par la consommation, moteur de la croissance de la société.
Années 90 – 2000, la recherche d’alternative
La première véritable étape de l’émergence puis de la convergence de concepts différents vers une notion « chapeau », que nous définissons comme le bien-vivre, peut-être située dans les années 90.
Dès 1990, le PNUD met en place un nouvel indicateur, en lieu et place du PIB par habitant pour mener à bien ses objectifs de développement : l’IDH[7], développé par Amartya Sen et Mahbub ul Haq, pour fournir des informations sur « le bien-être individuel ou collectif », information échappant jusqu’alors aux outils mis en œuvre par le PNUD dans ses analyses.
C’est, également, « en réaction aux ravages du néolibéralisme en Amérique du Sud et de la débâcle du paradigme du socialisme avec la chute du mur de Berlin », pour Pablo Solon, que les « vivre bien » et « bien vivre » sont théorisés en Amérique du sud dans le courant des années 90. Dès avant les années 2000, et l’arrivé au pouvoir de gouvernement qui inscriront la volonté de prise en compte du bien vivre dans leur action, « les peuples indigènes et les organisations sociales entendaient (…) construire un projet de société alternatif »[8].
Au Bhoutan, c’est « à la fin des années 90 (que) le concept a été transformé en indicateur pour en faire un outil de planification de l’action du gouvernement. ». Ainsi, dès 1999, le Centre for Bhoutan Studies[9] voit le jour et lance une publication périodique, en anglais, The Journal of Bhutan Studies, pour le développement et la promotion du concept de « bonheur national brut » bhoutanais.
En parallèle, dans le courant des années 90, et plus particulièrement à partir de 1999, le courant « altermondialiste » se développe, en opposition principale à l’Organisation Mondiale du Commerce, crée en 1994, à l’origine, en 2001 à Porto Allegre, du premier Forum Social Mondial, puis en 2005 du « Manifeste de Porto Allegre »[10], qui formule douze propositions dont certaines seront, par la suite, reprises dans les Objectifs de Développement Durables formulés par l’ONU en 2015.
2007-2018 – intégration scientifique et politique : des Suds au Nord ?
Le mouvement s’est véritablement amplifié dans la seconde moitié des années 2000, la crise financière de 2008 ainsi que la prise en compte et la démonstration scientifique d’un réchauffement climatique influé par l’action humaine favorisant, semble-t-il[11], la volonté tant politique que scientifique de se saisir du concept de bien-vivre.
Les deux notions sud américaines ont été, « avec l’arrivée des gouvernements d’Evo Moralès en Bolivie (2006) et de Rafael Correa (2007) en Equateur, (…) institutionnalisées en les inscrivant, chacun, dans une nouvelle constitution et dans les politiques de l’Etat »[12]. Si pour Solon, cette inscription a fait perdre une « grande partie de leur substance », cette forme de légitimation politique marque un tournant dans l’histoire jeune du concept.
En 2008, c’est au tour du Bhoutan d’intégrer dans sa constitution le Bonheur National Brut. Pour Célina Whitaker, si le « BNB donne une lisibilité à une philosophie de vie », il « permet aussi au Bhoutan de défendre sa vision sur la scène internationale ». Il acquière, en quelque sorte, une forme de légitimité géopolitique, à laquelle a également pu participer le régulier Forum Social Mondial. Ainsi, en 2013, les Nations Unies, en pleine préparation des objectifs de développement durable, se tournent vers le Bhoutan pour lui commander un rapport, « Le bonheur : vers un nouveau paradigme de développement ».[13] Entre 2004 et 2018, le Centre for Bhoutan Studies a également organisé 8 conférences internationales autour du BNB[14], dont la finalité est la diffusion de cet outil à l’échelle internationales.
En Europe, en 2007, la Commission européenne s’inscrivait également dans la recherche d’alternative à une vision centrée sur la croissance, pour atteindre une dimension plus globale, en organisant une conférence internationale « Dépasser le PIB » (novembre 2017), et aboutit à la conclusion selon laquelle « Le défi consiste (à mesurer) les différents aspects de la qualité de vie de manière à en donner une image réaliste. Le présent avis est consacré à cet indicateur de la qualité de vie étant donné qu'il n'existe pas (encore) d'instrument (…) fonctionnel »[15].
La crise financière de 2008 vient encore accroitre le mouvement. Face à elle, le gouvernement français initie la « Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social » présidée par l’économiste Joseph Stiglitz, et dans laquelle figure également Amartya Sen, aboutissant à la déclaration en septembre 2009 de Nicolas Sarkozy, après lecture du premier rapport, « qu’il apparaisse que cette croissance, en mettant en péril l’avenir de la planète, détruisait d’avantage qu’elle ne créait »[16]. Si cette déclaration ne témoigne pas forcément d’une réelle prise en considération, ou recherche, d’alternatives à la croissance pour le développement, elle peut toutefois symboliser l’évolution dans l’appropriation plus large de la nécessité de modèles de développement globaux innovant. A propos de la diffusion des questions du « partage du rêve d’une société plus juste », notamment basée sur une « vision globale », Florence Jany-Catrice souligne que « la commission Stiglitz a eu le mérite de fournir une caution intellectuelle à celles et ceux qui travaillaient sur ces questions de manière un peu marginale jusque-là et de mettre sur la place publique (…) ce sujet décisif »[17].
En 2011, c’est le Royaume-Uni, à l’initiative du gouvernement Cameron via l’Office for National Statistic, qui initie la mesure « régulière et à une échelle territoriale le bien-être subjectif » de sa population. A cela s’adjoint une demande par la Chambre des communes « d’évaluation des écosystème et services écosystémiques (…) » en vue de « déterminer certaines politiques publiques, notamment de santé (…) »[18].
L’interrogation de la croissance économique, quand ce n’est pas sa remise en cause, comme seule base du progrès humain, acquiert une nouvelle légitimité à partir de 2008 : légitimité politique, à l’échelle nationale et internationale, légitimité en terme de gouvernance, légitimité également auprès des médias. Paul Krugman, dans le NY Times, et Larry Summers évoquent l’hypothèse de « stagnation séculaire »[19], accélérant encore par là même les interrogation autour d’un modèle social uniquement basé sur la croissance. La tribune, dans Le Monde « Comment guérir de notre dépendance à la croissance ? » publiée la même année par les économistes allemand Irmi Seidl et Angelika Zahrnt participe du même mécanisme : questionner un modèle de développement basé sur la croissance, allant jusqu’à poser le constat évident, selon eux, « que la croissance interfère négativement avec le bien-être dans les pays riches. » [20] . En France, l’année 2015 voit le succès de trois documentaires auprès d’un public large, Demain (Cyril Dion, Mélanie Laurent, 2015), Qu’est-ce qu’on attend ? (Marie Monique Robin, 2016) et En quête de sens (Marc de la Ménadière, Noël Coste, 2015)[21].
C’est dans ce contexte que l’ONU initie les réflexions qui conduiront, en 2015, à la rédaction des dix-sept objectifs de développement durable, évoqués précédemment dans les cadres du rapport présenté par le Royaume du Bhoutan. En France, l’année 2015 voit la parution de la loi 2015-411 du 13 avril, dite « loi Sas », initiant à l’échelle française, la prise en compte de nouveaux indicateurs de richesses, dépassant la seule notion de croissance économique, dans la définition des politiques publiques : un rapport annuel doit être remis au gouvernement, incluant notamment, en plus des informations économiques, des données sur la qualité de vie des citoyens ainsi que des indicateurs de développement durables.
Et après ? Un monde d'après qui s'inscrit dans un mouvement de fond. 2018 - ...
Permettez moi une longue citation, tronquée, d'éléments de contexte liés au Forum international pour le bien-vivre. Je m'excuse de ne pas en identifier l'auteur exact car, à vrai dire, elles furent produites par l'un ou l'autre ou chacun des membres de son Comité Technique, qui fonctionna en symbiose durant pratiquement deux ans. Si l'un.e ou l'autre d'entre nous se reconnait, merci de me le signaler :
"Les dynamiques actuelles aux niveaux mondial, national et local montrent un intérêt grandissant pour une recherche d'un autre modèle de développement qui remette en son cœur la qualité de vie et le bien-être de tous. (...)Dans le même temps, les limites de l’indicateur “roi”, le Produit Intérieur Brut (PIB) se font entendre. Son omniprésence dans la gestion des politiques étatiques, son rôle de baromètre de la société et le rôle prépondérant qu’il donne à la croissance économique font émerger des critiques et l’envie de voir apparaître des alternatives plus fidèles à ce qui compte réellement pour la société. (...)Dans le monde occidental, les notions de « qualité de vie », de « bien-être » et de “vivre ensemble” sont ainsi de plus en plus présentes sur les scènes politiques, médiatiques et scientifiques (ex. des programmes de recherche sur les indicateurs territoriaux en cours menés par l'OFCE) (...) Au niveau local, dans le cas par exemple de Grenoble, les territoires partagent l’enjeu de construire des indicateurs fiables qui rendent compte de la qualité de vie mais aussi de la cohésion sociale, de la durabilité environnementale et sociale et permettent de guider la construction des politiques publiques. [22]."
Ces quelques lignes ont été écrites entre 2017 et 2018. Elles ont permit d'initier le Forum international pour le bien vivre, qui s'est tenu à l'Université Grenoble Alpes en juin 2018. Il était véritablement porté par une collectivité d'acteurs territoriaux, universitaires et associatif dans une collégialité dont il est difficile de témoigner l'efficience sans paraître en exagérer la réalité.
Le contexte grenoblois était, est toujours, propice à ces réflexions. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, voici quelques éléments à avoir en tête. Grenoble-Alpes Métropole et la ville de Grenoble tentent d'améliorer la qualité de vie, et la perception de celle-ci par les citoyens, depuis le tout début des années 2000. Accompagnées par l'Université Grenoble Alpes et Grenoble Ecole de Management, un indicateur a été mis en place, pour mesurer cette perception. L'un des éléments de base d'une action, publique comme privée, est de pouvoir en mesurer ses effets, il était donc indispensable de disposer d'outils pour ce faire. La démarche IBEST est née ainsi. Sensible et particulièrement actif sur la question, notamment de part ses liens avec le réseau FAIR (Forum pour d'autres indicateurs de richesse), le CCFD Terre solidaire est également pleinement intégré à cet écosystème et porte aussi l'initiative du Forum international pour le bien vivre.
Cet événement, pour lequel je vous invite à consulter rapports, enseignements et archives sur ce site (celui de l’événement semble avoir quelques soucis techniques), est une franche réussite. Un millier de personnes rassemblées, plusieurs dizaines de pays représentés et des réflexions riches. La crainte, riche de condescendance, de quelques sceptiques d'assister à un rassemblement de hippies, laisse place à l'action publique et collective car, au-delà de l'événement, ce sont bien des engagements qui ont été actés par chacun des partenaires de l'événement. Un objectif majeur : inscrire le bien vivre comme boussole d'une action publique, basée sur l'action collective et la prise en compte de facteurs allant bien au delà de l'efficacité économique à court terme. Deux ans plus tard, chacun d'entre-nous établis des bases dans chacune de ses institutions sur lesquelles le collectif s'appuiera pour amplifier ces actions.
Car si le monde d'après est bien à construire, encore faut-il lui fournir les bons outils et les bonnes mesures. Si certains semblent découvrir aujourd'hui que ce monde d'après arrivera - car il est d'une certaine manière inéluctable de changer de cadres de réflexions - ce changement n'est pas si radical et moins encore effrayant. Il s'inscrit dans un mouvement de fond, qui dispose d'ores et déjà de réflexions, de caps, et de cadres. A chacun de s'en saisir pour, une fois pour toute, dépasser le PIB !
Notes et bibliographie :
[1] (Article) SOLON Pablo, « Le « buen vivir », une autre vision du monde » in Revue Projet, n°362, Février 2018, C.E.R.A.S, p.70-71
[2] (Article) WHITAKER Celina, « Que nous apprend le « bonheur national brut » ? » in ibid., p.26-27
[3] (Interview) VIVERET Patrick, JANY-CATRICE Florence « Rêver à un autre futur », in Ibid. p74.
[4] https://dspace.mit.edu/bitstream/handle/1721.1/63263/alvinhhansenscon00brow.pdf?sequence=1
[5] Voir RICARD LANATA Xavier, « Chassez le PIB, il revient au galop », in Ibid, p12 et EASTERLIN Richar, « Does economic growth improve the human lot ? Some empirical evidence », dans DAVID, Paul et Reder Melvin, Nations and households in economic growth : essays in honor of Moses Abramovitz, New York, Academic Prss 1974, cite par RICARD LANATA Xavier, op. cit.
[6] CASSIERS Isabelle, « La croissance, une addiction ? » in Ibid. p.21
[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9veloppement_humain
[8] SOLON Pablo, « Le « buen vivir », une autre vision du monde » in Revue Projet, n°362, Février 2018, C.E.R.A.S, p.71
[9] https://en.wikipedia.org/wiki/Centre_for_Bhutan_Studies_and_GNH_Research
[10] https://www.monde-diplomatique.fr/mav/84/A/56341
[11] CASSIERS Isabelle, Op. Cit. p.21
[12] SOLON Pablo, op. cit.
[13] Rapport du Royaume du Bhoutan, « Happiness : towrds a new development paradigm », http://www.newdevelopmentparadigm.bt/wp-content/uploads/2014/10/HappinessTowardsANewDevelopmentParadigm.pdf ; 2013
[14] en 2004 au Bhoutan ; en 2005 au Canada ; en 2007 en Thaïlande ; en 2008 au Bhoutan ; en 2009 au Brésil ; en 2015 au Bhoutan - « This conference aims to provide a creative platform for inspirational exchanges, interaction and scientific debate on research related to Gross National Happiness in areas but not limited to: Public policy development, Economic system, Education, Spirituality, Life Styles & Health, Cultural Communication, Tradition & Heritage, Ecosystem Resilience, Measurement & Index “
[15] AVIS du Comité économique et social européen sur le thème "Dépasser le PIB – Indicateurs pour un développement durable" (avis d'initiative de l'Observatoire du développement durable) https://ces.public.lu/content/dam/ces/fr/actualites/2010/07/aicesis-bien-etre/cese-pib-au-dela-avis-fr.pdf , octobre 2008
[16] Cité par GADREY Jean, « Le PIB nous mène dans l’impasse », op cit. , p. 6, 14 septembre 2009
[17] (Interview) VIVERET Patrick ; JANY-CATRICE Florence, « Rêver à un autre futur », in Ibid. p75.
[18] LAURENT Eloi, « Refonder le débat budgétaire à l’aide d’indicateurs alternatifs »,in Revue projet op. Cit. p. 60
[19] GADREY Jean, op cit p.10
[21] Le seul Demain dépasse le million d’entrées en 27 semaines.
[22] Extrait de l'argumentaire du Forum international pour le bien vivre.
crédit illustration : Affoltergroup / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)